Bidouiller Windows ou le laisser en l’état ? C’est l’éternelle question sur Windows, surtout pour ceux qui ont un certain passif avec l’OS de Microsoft. Ces années d’expérience sont tant une bénédiction qu’une malédiction à vrai dire. Avec les évolutions de Windows, de nombreuses astuces autrefois essentielles pour améliorer performance et stabilité sont aujourd’hui devenues inutiles.
Difficile malgré tout d’oublier ses habitudes, particulièrement quand on a le souvenir d’une mise à jour du BIOS qui achève un PC, ou alors quand vous connaissez par cœur la liste de vos réglages système préférés, comme un pilote d’avion se remémorant sa check-list avant de décoller. Voici donc une liste non exhaustive des astuces encore populaires, et pourtant aujourd’hui dépassées.
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Mettre à jour le firmware à l’ancienne (et trembler)
Une des premières recommandations factices si vous passez à Windows 10 est de vérifier si des mises à jour du firmware de votre ordinateur sont disponibles. Cela serait d’autant plus important si vous avez effectué une mise à niveau, et que votre système a été conçu avant la sortie de Windows 10 en 2015. En effet, plusieurs fabricants ont lancé des mises à jour de firmware plusieurs mois après la sortie de l’OS, pour résoudre spécifiquement les problèmes liés à la mise à niveau.
Effectuer une mise à jour du firmware peut être effrayant. En particulier pour ceux qui utilisent des PC Windows depuis des décennies et ont été marqués par les mises à jour du BIOS qui tourne mal. Dans les années 90 et 2000, c’était une préoccupation légitime, car le code du BIOS était stocké dans une mémoire flash réinscriptible sur la carte mère.
Sur ce type de PC, le flashage du BIOS nécessitait souvent un redémarrage avec un disque MS-DOS, et si le processus ne se déroulait pas parfaitement, il fallait s’occuper des interrupteurs DIP sur la carte mère en espérant pouvoir tout récupérer.
Les PC modernes n’utilisent plus de BIOS. Ils démarrent plutôt en utilisant l’interface UEFI (Unified Extensible Firmware Interface). Sur les PC utilisant l’UEFI, la portion de firmware qui est hébergée sur la carte mère est relativement petite et simple ; son travail consiste à trouver la partition EFI et à charger le code UEFI qui y est stocké, puis à trouver le boot pour démarrer.
Depuis Windows 8 en 2012, Windows utilise un mécanisme de mise à jour qui délivre des paquets de mise à jour à un emplacement système connu ; le firmware UEFI installe alors le paquet de mises à jour tout seul, après redémarrage. Cette architecture rend les mises à jour UEFI beaucoup plus fiables que les anciennes mises à jour du BIOS, avec des mécanismes de vérification d’erreurs qui peuvent annuler automatiquement les modifications qui ont échouées.
En conclusion, inutile d’avoir encore peur des mises à jour du firmware, sauf pour les PC les plus anciens. Si elle n’est pas proposée automatiquement par Windows update, il est conseillé de consulter le site du support du constructeur pour vérifier la disponibilité d’une mise à jour de firmware, avant de vous lancer dans une mise à jour majeure.
Modifier le fichier d’échange
Depuis ses débuts, Windows utilise un “fichier de page” (parfois appelé “fichier de pagination”* ou “fichier d’échange”**), un fichier caché à la racine du système qui met en cache les pages dans la mémoire afin qu’elles soient accessibles rapidement. Son but premier était de fournir de la mémoire virtuelle afin que les applications ne se plantent pas lorsque la mémoire physique était insuffisante.
Sur une installation propre, Windows 10 configure le fichier de page pour qu’il soit géré automatiquement. C’est la configuration recommandée. Pour vérifier vos paramètres actuels, cliquez dans la barre de recherche ou appuyez sur la touche Windows + R pour ouvrir la boîte de dialogue “Exécuter”, puis entrez la commande “systempropertiesperformance” (sans espace). La boîte de dialogue “Options de performances” s’ouvre alors. Cliquez sur l’onglet “Avancé”, puis, dans la section “Mémoire virtuelle”, cliquez sur “Modifier” pour ouvrir la boîte de dialogue illustrée ici.
Par défaut, l’option de gestion automatique du fichier de page (1) est sélectionnée. Le fait de décocher cette case vous donne accès aux options permettant de modifier le fichier de page pour le disque sélectionné (2) et indique l’espace utilisé (3).
En ligne, on trouve toujours des conseils pour modifier ce fichier de page. S’ils sont probablement bien intentionnés, ils sont plutôt malavisés. Certains affirment que vous pouvez récupérer de l’espace disque en éliminant complètement le fichier de page (si, par exemple, vous avez 32 Go de mémoire physique et que vous n’avez jamais besoin de mémoire virtuelle, ce qui semble peu probable).
D’autres recommandent de le définir à une taille fixe, de sorte que vous ne subissiez pas de perte de performance lorsqu’il se redimensionne automatiquement. Ni l’un ni l’autre n’est une bonne idée, pour la simple raison qu’à l’ère de Windows 10, le rôle du fichier de page a évolué. En plus d’activer la mémoire virtuelle, il fournit un endroit pour les fichiers de crash dump, qui sont créés lorsque Windows subit un écran bleu fatal. Il est possible d’imaginer des cas où il est logique de modifier le fichier de page, mais ces exemples sont extrêmement rares.
*La documentation officielle de docs.microsoft.com, qui a été mise à jour il y a quelques semaines, l’appelle un “fichier de page” ; la boîte de dialogue de Windows, qui date de plus de 20 ans, l’appelle un fichier de pagination.
**Parce que Microsoft aime poser des problèmes à ses clients, Windows 10 inclut en fait un petit fichier appelé swapfile.sys. Il contient des pages de mémoire échangées à partir d’applications dites modernes et n’a rien à voir avec les paramètres de la mémoire virtuelle du système. Bien qu’il soit possible de modifier un paramètre de la base de registre pour gérer ce fichier, personne n’a de raison valable de le faire.
Défragmenter
Dans les temps préhistoriques de l’ère PC, la défragmentation d’un disque dur était l’une des tâches les plus importantes pour améliorer les performances et accélérer votre PC. La combinaison d’un stockage lent (par rapport à la technologie moderne), de vitesses de rotation lentes du disque (idem) et de systèmes de fichiers pas forcément logiques signifiait que le réarrangement régulier du placement physique des fichiers sur le disque avait un impact notable.
Au fil des ans, deux choses remarquables se sont produites dans l’écosystème Windows. Le stockage système est devenu beaucoup plus rapide, surtout depuis que les SSD ont remplacé les disques durs conventionnels et que les ingénieurs de Microsoft ont amélioré la gestion automatique des données sur tous ces types de disques.
Sur Windows 10, la commande Defrag.exe est maintenant officiellement nommée “Défragmenter et optimiser les lecteurs”. Elle s’exécute automatiquement dans le cadre d’une tâche planifiée. Sur les disques durs conventionnels, Defrag fait ce qu’il a toujours fait, c’est-à-dire réorganiser les données pour qu’elles puissent être récupérées le plus efficacement possible.
Sur les SSD, où l’activité de défragmentation traditionnelle ne s’applique pas, l’exécution de Defrag exécute la commande Trim, qui efface les blocs de stockage qui ne sont plus utilisés et qui peuvent être libérés pour de nouvelles données.
(Les anciens se souviennent peut-être de l’utilitaire Defrag de MS-DOS, avec son affichage brut mais hypnotisant de blocs colorés – comme dans une partie de Tetris – qui se décalaient pour représenter les fichiers en cours de défragmentation. L’icône de la commande Defrag.exe inclut toujours ces blocs colorés.)
Pour vérifier l’état de tous les disques actuellement disponibles, tapez “Defrag” dans la barre de recherche, puis cliquez sur “Défragmenter et optimiser les lecteurs” dans la liste des résultats. La liste des volumes affichée dans la fenêtre “Optimiser les lecteurs” indique clairement le type de média et l’état de défragmentation/optimisation pour chacun d’entre eux.
Ce qu’il faut retenir, c’est que la défragmentation et l’optimisation de l’espace se font aujourd’hui automatiquement. Vous pouvez toujours exécuter la commande “Defrag.exe” quand vous le souhaitez, mais son intérêt est surtout d’inspecter l’état de chaque disque local et de confirmer que tout fonctionne comme prévu. Vous n’avez plus besoin d’intervenir manuellement.
Nettoyer le registre
Le concept des outils de nettoyage du registre est simple : surfant sur l’idée que le registre de Windows est chaotique, ils prétendent pouvoir nettoyer les entrées de registre inutiles ou inutilisées pour pouvoir accélérer les performances et prévenir les bugs de votre ordinateur. Heureusement, cette catégorie de logiciels a vu sa popularité décliner, même s’il en existe encore.
Les critiques adressées au registre Windows peuvent être légitimes. Mais penser qu’un logiciel puisse identifier les entrées inutiles et non désirées dans cette base de données de configuration est plutôt naïf. Et l’idée que supprimer une ou plusieurs entrées de registre laissées par un désinstallateur négligent puisse améliorer les performances d’un PC est carrément illogique.
Il est impossible de prouver qu’un nettoyeur de registre a jamais amélioré les performances d’un ordinateur. Par contre, des PC qui ont été corrompus ou même plantés par un “nettoyage” agressif supprimant des clés de registre utiles, il y en a de nombreux exemples. Alors si on vous offre un nettoyeur de registre… refusez-le.
Envoyer des données de télémétrie
Il y a quelques années, la télémétrie était une obsession pour beaucoup, et on trouvait de nombreux articles alarmistes sur le fait que Microsoft utilisait Windows 10 pour “espionner” ses utilisateurs. La réalité est bien plus prosaïque. Microsoft, comme la plupart des entreprises de logiciels dans notre monde hyperconnecté, s’appuie sur un flux constant de données pour déterminer le bon fonctionnement de ses produits.
Avec plus de 900 millions de PC fonctionnant sous Windows 10, il est essentiel de disposer de ces données en temps réel pour identifier les problèmes de l’écosystème, en particulier ceux qui concernent les défaillances du processus de mise à jour automatique.
Pour être honnête, cette première vague de publicité négative a inspiré à Redmond une transparence bienvenue. Tout le processus de télémétrie conduisant à la collecte de données est maintenant entièrement documenté, et la fonction “Afficher vos données de diagnostic” vous permet d’inspecter toutes les données qui sont envoyées aux serveurs de télémétrie de Microsoft.
Pour les utilisateurs en entreprise, Microsoft a même documenté ce qu’il appelle une “ligne de base de la fonctionnalité limitée du trafic restreint Windows“ pour minimiser les connexions de Windows aux services Microsoft.
Au fur et à mesure, Microsoft a également simplifié les paramètres des données de télémétrie. Le paramètre par défaut pour toutes les éditions de Windows 10 est “Complet”, ce qui signifie que les données téléchargées comprennent quelques détails anonymes sur l’utilisation de l’application. Si vous êtes préoccupé par une éventuelle fuite d’informations personnelles par inadvertance, vous pouvez aller dans Paramètres > Confidentialité > Diagnostics et commentaires et modifier ce réglage pour choisir De base.
Cette option ne suffit pas pour certaines personnes, qui vous recommanderont toute une liste de paramètres à modifier, désactivant les services et les tâches liés à la télémétrie. Naturellement, tout une industrie parallèle de petits développeurs de services a vu le jour, proposant d’automatiser ces réglages. Mais cela peut entraîner de nombreux effets secondaires malheureux, comme le blocage de l’accès aux mises à jour.
Si vous êtes vraiment préoccupé par la protection de la vie privée, il y a une longue liste de paramètres à ajuster et de comportements à modifier, et les données de télémétrie ne sont pas en haut de la liste. Pour plus de détails, vous pouvez consulter l’article “Windows 10 privacy guide: How to take control”.
Source : ZDNet.com
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