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Virer Villani ? «Benjamin Griveaux a mis le Président dans la merde» – Libération

La bataille de Paris menace de faire voler en éclat le parti des marcheurs. Lundi, le ton est monté très fort entre certains membres de la direction. Réagissant à la probable exclusion de Cédric Villani, annoncée le matin même par le chef de LREM Stanislas Guerini – «je demanderai mercredi soir à mon bureau exécutif d’acter qu’il n’est plus adhérent», a-t-il déclaré sur Radio Classique –, certains ont cru bon d’en rajouter en estimant qu’il fallait également envisager des sanctions contre ceux qui soutiennent le député mathématicien. Dans leur viseur : les députés Anne-Christine Lang, Hugues Renson et Paula Forteza.

«Une folie»

Sur la boucle Telegram réservé aux échanges entre membres du comité exécutif, le débat s’est enflammé. «Une folie», ont protesté ceux qui ne veulent pas entendre parler d’exclusion. A l’image d’Aurélien Taché, lui-même même déjà menacé d’exclusion pour avoir durement critiqué le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, les plus remontés sont issus de l’aile gauche de la majorité. Selon eux, Benjamin Griveaux et ses amis, à commencer par Stanislas Guérini, portent une lourde responsabilité dans la crise qui vient. En insistant de plus en plus lourdement depuis des mois pour qu’il «convoque» le dissident et affiche ainsi publiquement son soutien au candidat officiel, ils ont poussé le chef de l’Etat à la «faute politique». «D’Amiens à Biarritz, faudra-t-il que Macron s’abaisse à arbitrer toutes les dissidences ?» s’interroge un cadre du parti.

Il est vrai qu’on voit mal l’intérêt d’une opération dont le chef de l’Etat ne pouvait sortir qu’affaibli. Après six mois d’une campagne coûteuse dans laquelle sont embarquées des centaines de bénévoles, personne ne pouvait imaginer que Villani sortirait de l’Elysée en annonçant qu’il jetait l’éponge. «L’affront» au président était donc inéluctable. Et si, contre toute attente, les prochains sondages mesuraient un Villani en progrès, ou même stable, l’affront se transformerait en humiliation. Rappelant que le jeune parti des marcheurs n’ayant «pas d’autres ciments que la loyauté vis-à-vis du chef de l’Etat», un député LREM résume crûment la chose : «Benjamin Griveaux a mis le Président dans la merde.»

«Divergence majeure»

Selon Aurélien Taché, l’exclusion de Villani et de ses alliés pourrait plonger le parti majoritaire dans une crise majeure. Car il n y aurait, dès lors, aucune raison de ne pas sanctionner aussi les autres dissidents, fussent-il vice-président de l’Assemblée comme Hugues Renson (soutien de Villani) ou présidente de commission parlementaire comme Barbara Pompili (candidate à Amiens). De quoi plonger dans l’embarras le chef de file des députés LREM, Gilles Le Gendre, qui tente péniblement de préserver l’unité de son groupe. Député du Val-d’Oise, Taché précise d’ailleurs qu’il ne soutient pas Villani. Il regrette la dureté de son expression dimanche soir en sortant de l’Elysée, lorsqu’il a acté «une divergence majeure» avec le chef de l’Etat. S’agissant de la capitale, il est de ceux qui pensent que la majorité macroniste aurait plutôt dû chercher l’alliance avec Anne Hidalgo. Mais il se trouve que l’opposition entre partisans et adversaires de sanctions contre Villani coïncide, au sein de la macronie, avec le clivage gauche-droite tel qu’il s’est déjà affirmé à l’occasion des débats sur les retraites ou sur l’immigration.

Dans un contexte social particulièrement dur, les anti-exclusions se désolent que la direction du parti encourage la division, là où il faudrait au contraire rassembler. Minoritaire au sein du bureau exécutif, l’instance qui sera chargée mercredi soir de statuer sur le cas Villani, l’un d’eux, très remonté, va jusqu’à qualifier de «criminelle» toute décision qui aurait pour effet de «rétrécir» une base politique qu’il faudrait au contraire impérativement élargir pour garder des chances à la présidentielle de 2022. Alain Auffray

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