La semaine dernière, Facebook a une nouvelle fois pris des mesures de retorsion contre un réseau de faux comptes et de fausses pages. En cause la bagatelle de 610 faux comptes Facebook, 89 fausses pages, 156 faux groupes, et 72 faux comptes Instagram. A qui profitait le crime ? A Trump.
Le réseau ciblait des communautés asiatiques et hispaniques aux Etats-Unis. Grâce à l’arsenal de faux comptes/profils/groupes/pages décrit plus haut, le dispositif a été suivi par plus de 55 millions d’utilisateurs sur Facebook, et près de 100.000 personnes sur Instagram.
Dans son communiqué mettant en avant le démantèlement, Facebook pointe un groupe de média américain conservateur : Epoch Media Group. C’est ce groupe média qui serait selon le réseau social responsable de cette manipulation.
La manipulation en tant que telle mettait en oeuvre la mise en avant et le “massive-liking” de posts en faveur de Donald Trump via les pages et le groupes de “The BL” (pourThe Beauty of Life), un média en apparence très suivi sur Facebook et Instagram, notamment par une technique combinant le recours à de vrais profils et la génération de faux profils utilisant l’intelligence artificielle pour générer des photos de faux visages, indétectables par des techniques de recherche d’usurpation d’identité. En complément de ce dispositif organique, impliquant de très nombreuses publications, à fréquence elevée, plus de 9 millions de dollars de publicité ont été dépensés pour manipuler l’opinion à grande échelle.
Voici quelques exemples des posts utilisés :
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Vers un nouveau scandale Cambridge Analytica
Malgré les promesses faites par Mark Zuckerberg au congrès, le scandale Cambridge Analytica n’aura pas servi à grand chose. A peine, Facebook fait preuve de plus de transparence en matière de publicité, notamment par le biais de l’Ad Library, permettant à tout à chacun, de répondre à des questions cruciales comme : quelle page a des publicités en cours ? Quels sont les posts utilisés ? Sont-ce des ghosts posts ? Quel est l’entité qui paye ces publicités ? Etc.
Alors que Twitter ou encore Spotify ont annoncé l’interdiction des publicités politiques sur leurs plateformes, Facebook s’obstine à opposer la liberté d’expression et continue de permettre aux entités à vocation politique d’annoncer sur son réseau.
Quelles que soient les mesures prises par Facebook pour réguler au mieux sa plateforme, la porte semble inexorablement ouverte à de nouveaux acteurs de la manipulation à grande échelle, comme Cambridge Analytica, mais cette fois, avec 4 ans de progrès supplémentaire en matière d’intelligence artificielle et la démocratisation des vidéos “deep-fakes”, bluffantes de réalisme.
Pas de doute, l’election présidentielle de 2020 aux Etats-Unis va consister un terrain d’expérimentation de choix… Quid de 2022 en France ? A priori, aucune raison pour que ce soit très différent…
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