La grande aventure de la loi relative à la liberté de communication de 1986 va bientôt se terminer. La « loi Léotard » a fait son temps, la révolution numérique est en train de remodeler le marché, les acteurs français se préparent à la guerre du streaming et les consommateurs font des infidélités à leurs habitudes cathodiques. Une loi usée jusqu’à la corde, pourtant quelques-unes des préoccupations de 1986 sont encore celles de 2020. Deux articles parus dans le Monde en 1986 le rappellent : le premier tirait la sonnette d’alarme du piratage vidéo (la copie de cassettes vidéo à l’époque), qui faisait « perdre 200 millions de dollars à l’industrie » et le second qui soulignait « la confusion entre production et diffusion » ainsi que les rapports de force entre les producteurs et les chaînes de télévision.
Source : ministère de la culture – D.R.
Comme quoi les problèmes de fond n’ont pas fondamentalement changé depuis 1989. Par contre, tout le reste est en train d’exploser en vol sous la pression des GAFAN et des consommateurs qui ont fortement modifié leurs habitudes de consommation de la télévision et de la vidéo au cours des 10 dernières années. Si bien que nos champions nationaux ne savent plus vraiment par quel bout prendre le problème. Et leurs récentes déclarations en témoignent, d’articles de presse en colloques : le constat d’un marché national trop petit, des entreprises privées qui veulent une loi forte à la fois pour les protéger et contraindre les GAFAN, des questions relatives aux droits d’exploitation et de distribution, la crainte d’un tsunami audiovisuel, des questions d’asymétrie face aux plateformes. Et surtout une vraie interrogation sur la capacité des chaînes à se faire une place au soleil à l’heure de la SVOD avec Salto.
La seule chose qu’on sait c’est que la loi ne pourra pas donner satisfaction à tout le monde et qu’elle ne pourra pas se substituer à la capacité d’innovation et d’investissement des chaînes. Le croire, c’est pousser les groupes médias français sur le banc de touche du streaming. La partie qui démarre en ce moment est vitale pour tout l’audiovisuel.
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