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Travailler moins pour produire plus ? Au Japon, Microsoft essaie de résoudre ce casse-tête

Travailler moins pour produire plus ? Au Japon, Microsoft essaie de résoudre ce casse-tête

Au Japon, un pays qui a tristement son propre terme,’karochi’, pour décrire la mort par surmenage, Microsoft a mené une petite expérience. Pendant un mois en été, elle a donné congé à ses 2 300 employés tous les vendredis, sans réduction de salaire. Les résultats, publiés la semaine dernière, ont dépassé les attentes de Microsoft.

L’entreprise a enregistré une hausse de la productivité, mesurée par le chiffre d’affaires par employé, qui s’est approchée de 40 %. Une écrasante majorité des employés, soit 92,1 %, se sont dits en faveur d’une semaine de quatre jours. Le programme a connu un tel succès que Microsoft prévoit de le répéter l’été prochain.

L’initiative, appelée le Work-Life Choice Challenge 2019 , a été annoncée en avril dernier dans le but d’améliorer la productivité et la créativité en appliquant la devise ” Travailler moins longtemps, se reposer et bien apprendre “.

Takuya Hirano, PDG de Microsoft Japon, a déclaré : “Il est nécessaire d’avoir un environnement qui vous permette de comprendre ce que vous faites et d’avoir un plus grand impact au travail. Je veux que les employés réfléchissent et expérimentent la façon dont ils peuvent atteindre les mêmes résultats avec 20% de temps de travail en moins.”

Premiers tests

En plus d’une fin de semaine prolongée, le programme comprenait également des mesures visant à s’assurer que les employés utilisent au mieux leur temps libre supplémentaire. Jusqu’à 100.000 yens (914 dollars) ont été dépensés par employé pour subventionner des activités bénévoles ou des voyages familiaux, par exemple.

On pouvait s’attendre à ce qu’une semaine de travail plus courte, combinée à l’amélioration de l’auto-perfectionnement et du bien-être de la famille, augmente la productivité globale des employés, et ce fut effectivement le cas.

Microsoft a déclaré que l’essai a réussi parce que les travailleurs, qui ne disposaient que de quatre jours pour faire une semaine de travail, ont réduit la durée des réunions, sont passés à la téléconférence ou ont complètement coupé les réunions lorsqu’ils ne les jugeaient pas nécessaires.

En plus de cela, la fermeture du bureau pour une journée supplémentaire a réduit de plus de moitié le nombre de pages imprimées et la consommation d’électricité de 23,1 %, ce qui a permis de réduire les coûts.

Le programme est apparu comme une bouffée d’air frais dans un pays en proie à une éthique de travail malsaine et parfois mortelle. En 2013, la journaliste Miwa Sado est décédée d’insuffisance cardiaque à l’âge de 31 ans, peu après avoir fait 159 heures supplémentaires en un mois au sein de la chaîne d’information NHK.

S’attaquer à ce problème était une priorité de l’ancien premier ministre Shinzo Abe, qui en a fait l’un des trois piliers de la réforme du travail qu’il préconisait. Cette année, une loi est entrée en vigueur pour fixer un plafond de 45 heures par mois pour les heures supplémentaires.

Certaines entreprises japonaises s’efforcent également d’accroître la productivité en améliorant l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée de leurs travailleurs. L’an dernier, l’agence de publicité Dentsu, par exemple, a testé l’idée d’un jour de congé mensuel. Cela s’est produit trois ans après qu’une employée se soit suicidée après avoir fait plus de 100 heures supplémentaires au cours du mois qui a précédé son décès.

D’autres exemples avant Microsoft

Cependant, Microsoft n’est pas le pionnier de la semaine de travail de quatre jours et l’idée a été testée dans des entreprises à travers le monde.

L’initiative la plus convaincante a été menée par Perpetual Guardian, une société financière de 240 employés basée en Nouvelle-Zélande. L’essai de deux mois en 2018 est devenu un changement permanent quelques mois plus tard : il a été constaté que la réduction des heures de travail réduisait le niveau de stress du personnel de 7%.

Un livre blanc publié par des chercheurs de l’Université d’Auckland, qui ont suivi l’initiative du Perpetual Guardian, a déclaré qu’une semaine plus courte au bureau avait conduit à une approche “head down” et “just do it” pour le travail des employés.

Elle a également accru la collaboration et le travail d’équipe : « Beaucoup d’employés ressentent un profond sentiment de bonne volonté et de réciprocité envers l’organisation, ce qui se traduit par une ouverture à ” aller plus loin ” et à réfléchir à ” ce que je peux faire pour donner en retour ” », dit le rapport.

Cela ne veut pas dire que la méthode est universellement efficace. Une étude menée par Henley Business School au Royaume-Uni a montré que même si la semaine de quatre jours conduit à une meilleure satisfaction des employés et à une augmentation des revenus, elle peut s’avérer difficile à mettre en œuvre dans les grandes entreprises.

Près des trois quarts des chefs d’entreprise britanniques interrogés se disent préoccupés par la réglementation et la bureaucratie associées au changement. Le rapport cite l’exemple du Wellcome Trust, le deuxième plus grand donateur du secteur de la recherche, qui a abandonné plus tôt cette année son projet de passage à une semaine de travail de quatre jours, déclarant qu’il serait “trop complexe à mettre en œuvre sur le plan opérationnel”.

Reste à voir si Microsoft, et les quelques milliers d’employés que la societé gère au Japon seront en mesure de surmonter ces défis pour réaliser la prochaine version de son Work-Life Choice Challenge – et peut-être un jour faire de ce projet un modèle de travail permanent.

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