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Ségolène Royal utilise une citation faussement attribuée à Voltaire – 20 Minutes

Ségolène Royal, ici en 2017, a défendu sa liberté de parole. — PDN/SIPA



  1. Menacée d’être démise de ses fonctions d’ambassadrice des pôles en raison de ses prises de parole, Ségolène Royal a défendu sa liberté de parole en utilisant une citation fréquemment attribuée à Voltaire.

  2. L’écrivain n’a jamais dit : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire », comme le confirment deux spécialistes à 20 Minutes.

  3. Cette phrase est également largement utilisée dans le monde anglophone.

Elle assume sa liberté de parole. Sommée de respecter un devoir de réserve par le gouvernement, Ségolène Royal a répliqué mercredi sur Twitter, à l’aide d’une citation.

« L’esprit voltairien ne vous manque-t-il pas ? », a-t-elle commencé par lancer à l’encontre du gouvernement, qui menace de la démettre de ses fonctions d’ambassadrice des pôles en raison de ses prises de parole sur les « gilets jaunes » ou la réforme des retraites. Puis de continuer, avec la citation : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. Voltaire ».

L’esprit voltairien ne nous manque t’il pas ? < Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire > VOLTAIRE https://t.co/0oaZ2T89bX — Ségolène Royal (@RoyalSegolene) January 15, 2020

FAKE OFF

La citation n’a jamais été écrite par Voltaire, confirme à 20 Minutes Nicholas Cronk, directeur de la Voltaire Foundation, un centre de recherches basé à Oxford, qui édite les œuvres complètes de l’écrivain. La citation est tirée d’un livre publié en 1906 par Edith Hall, The Friends of Voltaire (Les Amis de Voltaire). L’auteure y résume l’attitude de Voltaire en ces termes : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ». Cette phrase écrite par Edith Hall apparaît entre guillemets dans le livre, ce qui a pu entretenir la confusion.

« Cette écrivaine britannique décrit dans ce livre les valeurs voltairiennes, rappelle Nicholas Cronk. Elle donne cette phrase et c’est tellement bien tourné que cela a été attribué à Voltaire. » Celle-ci connaît un important succès aussi bien chez les francophones que chez les anglophones, souligne le professeur de littérature française. « C’est une expression qui a fait florès sur le Web, elle est même sur des tee-shirts, s’amuse-t-il. Pour les anglophones, c’est presque un slogan de référence sur la liberté de parole. »

Cette phrase est-elle fidèle à la pensée de Voltaire ? « C’est un résumé honnête de sa pensée », estime Nicholas Cronk. Pour Myrtille Méricam-Bourdet, maître de conférences à l’université Lyon II et spécialiste du XVIIIe siècle, cette phrase est à la fois « exacte et inexacte. » Elle est exacte, car « Voltaire réclamait la liberté de s’exprimer pour les autres et pour lui-même. » Inexacte, car cette liberté trouvait des limites. « Cette idée de tolérance universelle, que toutes les idées se valent, on ne la retrouve pas dans les écrits de Voltaire ni au XVIIIe siècle », conclut-elle.

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