Il n’y a pas eu de volutes de fumée blanche ce vendredi soir à Matignon. Pas de compromis dégagé avec les syndicats en ce 37ème jour de grève et de bras de fer sur la réforme des retraites. Pourtant, à en croire le Premier ministre, la fumée devrait enfin sortir rue de Varenne. « Demain (NDLR : ce samedi), s’est engagé Edouard Philippe. Par écrit, j’adresserai des propositions concrètes. »
Peut-être la fin d’un long marathon de tractations entre l’exécutif et les syndicats réformistes qui achoppent depuis des semaines sur l’âge pivot. Un repoussoir absolu pour Laurent Berger, patron de la CFDT. Problème : pour le chef du gouvernement, cet « âge d’équilibre » écrit en toutes lettres dans le projet de loi – en tout cas à ce stade – reste le meilleur moyen de financer le nouveau système.
« C’est long, c’est intense, c’est fatigant, c’est de la négociation, raconte un proche du chef du gouvernement. La vérité est qu’on n’a pas encore les termes d’un accord mais on est plus près d’y arriver. » Le temps presse, la crise s’éternise, les Français s’impatientent, autant que le chef de l’Etat. « Il faut trouver un compromis rapide », avait intimé Emmanuel Macron à son Premier ministre lors de ses vœux le 31 décembre. C’était il y a dix jours…
Reformuler le «deal» de manière diplomatique
Avant d’atteindre (si tout se passe comme prévu) le dénouement, la nuit s’annonçait longue au sommet de l’Etat. À l’issue de ces échanges avec les partenaires sociaux, Edouard Philippe a désigné les différentes protagonistes qui prendraient part à ce processus. Comptables, avec lui, de la décision qui sera actée. Dans le premier rôle : Emmanuel Macron qui devait d’abord s’exprimer ce vendredi dès 19 heures au Palais d’Iéna sur l’environnement. Ensuite, les représentants de la majorité. « Il faut s’assurer qu’ils sont d’accord », insistait un proche d’Edouard Philippe.
Il s’agit en effet de reformuler le « deal », de manière diplomatique. « On va peser les mots à la virgule près », prévenait l’entourage du Premier ministre. Dans ce texte, Laurent Berger ne doit pas sentir de « pistolet sur sa tempe » pour négocier. Etre en confiance, en somme. Il s’est dit prêt à trouver des alternatives à l’âge pivot qui permettraient de financer le système si cette condition était respectée.
Pour l’hôte de Matignon, l’enjeu est de ne perdre la face sur la question de l’âge pivot censé permettre 12 milliards d’économies en 2027 comme l’a opportunément rappelé Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics. « Tout le monde se rejoint sur le fond. Ce qui compte, c’est l’inversion des préalables », dit-on à Matignon. En clair, un travail de sémantique à l’issue duquel chacun doit pouvoir sortir la tête haute, le Premier ministre comme le syndicaliste. D’ici à samedi soir donc… si tout va bien.
«On attend des actes»
Car ce feuilleton a plus d’une fois pris le chemin des montagnes russes. Dernier exemple, ce vendredi. Toute la journée, la petite musique d’une issue imminente a tourné, relayant l’espoir d’une annonce officielle du retrait de l’âge pivot. Dans la matinée, sur le perron de Matignon, le secrétaire de l’UNSA s’était même avancé. « Il a entendu notre message. Je m’attends à ce que dans les prochaines heures, on ait la réponse », anticipait ainsi Laurent Escure.
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Enthousiasme douché quelques heures plus tard par Laurent Berger, beaucoup plus prudent devant les mêmes micros : « On a senti une volonté d’ouverture dans la parole, mais on attend des actes. » Des actes certes espérés par les troupes de Berger qui sont à nouveau appelées à se mobiliser dans de nombreuses villes de France ce samedi. Une issue qui n’est pourtant pas prêt de faire baisser les bras de tant d’autres manifestants qui vont battre le pavé sous les couleurs de la CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires… Car eux continuent de réclamer le retrait pur et simple de cette réforme.
VIDÉO. Les grévistes continueront « jusqu’à ce que la réforme s’en aille »
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