La manifestation contre la réforme des retraites le 9 janvier 2019, à Toulouse. — FRED SCHEIBER/SIPA
Entre 1,7 million (selon la CGT) et 452.000 personnes (selon le gouvernement) ont défilé ce jeudi pour demander le retrait de la réforme des retraites.
Au 36e jour de mobilisation, cette participation, certes en légère baisse, montre que « la dynamique n’est pas brisée » selon un spécialiste des mouvements sociaux.
Le Premier ministre recevra vendredi neuf syndicats pour tenter de trouver un compromis sur ce projet de loi très contesté.
C’était la première manifestation de l’année 2020 contre la réforme des retraites du gouvernement. Des centaines de milliers de Français ont défilé ce jeudi dans plusieurs villes pour demander le retrait du projet de loi, à la veille d’une série de rencontres entre l’exécutif et les syndicats.
Cette quatrième manifestation nationale a rassemblé moins de personnes que la dernière, le 17 décembre, mais plus que celle du 10 décembre, et de très nombreux grévistes dans les transports, l’enseignement ou les raffineries. A Paris, des tensions entre manifestants et forces de l’ordre ont émaillé le cortège en fin d’après-midi.
Mobilisation forte après 36 jours de grève
La CGT a revendiqué près d’1,7 million de personnes dans 216 cortèges en France, tandis que le ministère de l’Intérieur évalue la mobilisation à 452.000 manifestants. Ces chiffres sont inférieurs à ceux de la première manifestation, le 5 décembre. Dans la capitale, la participation est en hausse selon les syndicats, qui dénombre 370.000 personnes, mais elle a légèrement baissé selon la police, avec 56.000 manifestants.
« Même si on est en deçà de la jauge du 5 décembre, la dynamique n’est pas brisée », observe l’historien des mouvements sociaux Stéphane Sirot. « Le pouvoir ne peut pas manifestement pas se targuer d’un épuisement de la contestation ».
D’ailleurs les taux de grévistes se sont maintenus dans certaines catégories. Un tiers des cheminots ont fait grève selon la direction de la SNCF, comme le 17 décembre, dont 67 % des conducteurs de train (ils étaient 76 % le 17). Dans l’éducation, le ministère a évoqué 19 % de grévistes dans le primaire et 16 % dans le secondaire, contre 40 % et 50 % selon les syndicats, des chiffres en légère baisse par rapport au 17 décembre.
Le bras de fer se poursuit
A la veille d’une série de rencontres entre le Premier ministre et les syndicats, la discussion semble toujours dans l’impasse sur l’« âge d’équilibre », mesure supposée garantir l’équilibre financier du système des retraites. « Si l’âge pivot reste dans la loi, c’est non, c’est clair », a déclaré ce jeudi Laurent Berger, patron de la CFDT, syndicat dit « réformiste ». « “Je retire la mesure d’âge pivot” doivent être les mots du Premier ministre », a renchéri son homologue de l’Unsa, Laurent Escure.
Mais le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a défendu cette mesure. « Le gouvernement continue de penser que l’âge pivot est une mesure juste et efficace. Ce qui est sûr, c’est qu’on doit travailler un peu plus longtemps », a déclaré Gérald Darmanin au journal Le Figaro. Même si cette mesure, critiquée par la CFDT, était retirée du projet du gouvernement, d’autres syndicats, dont la CGT ou FO, continuent d’exiger le retrait du projet de loi, tout comme de nombreux manifestants.
« Rien ne dit que le mouvement va cesser si une solution trouvée demain sur l’âge pivot, entre le gouvernement et les syndicats », estime Stéphane Sirot. « Ce n’est pas forcément décisif pour les gens qui manifestent contre la réforme. Et l’influence de la CFDT est minime sur les grévistes ».
Le calendrier de l’exécutif est en tout cas bien calé. Neuf syndicats seront reçus vendredi, à tour de rôle, à Matignon, lors de réunions de 45 minutes. Seront reçus d’abord, à partir de 8h30, le secrétaire général de l’Unsa Laurent Lescure, celui de FO Yves Veyrier, celui de la CGT Philippe Martinez, le patron de l’U2P Alain Griset puis celui du Medef Geoffroy Roux de Bézieux. Ensuite, se succéderont dans l’après-midi le président de la CFE-CGC François Hommeril, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger et le président de la CFTC Cyril Chabanier. Le gouvernement doit présenter son projet de loi le 24 janvier en Conseil des ministres, et table sur une adoption de la réforme avant l’été.
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