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Retraites : les syndicats craignent la répétition du scénario de l’assurance-chômage – L

« Vendredi encore, on n’était pas sûr que ça tombe du bon côté… » L’abandon de l’inscription dans la réforme des retraites d’un âge pivot appelé à atteindre 64 ans dès 2027, formalisé dans le courrier envoyé samedi par Edouard Philippe aux partenaires sociaux a été aussitôt salué par la CFDT et l’Unsa .

Le plus grand et le plus petit syndicat français avaient fait de cette mesure une « ligne rouge » depuis son annonce le 11 décembre, et se sont longtemps heurtés à un mur. Autant dire qu’ils ont savouré la décision du chef du gouvernement. C’est une « victoire pour la CFDT », s’est félicité dans un tweet son numéro un, Laurent Berger, qui s’était engagé personnellement dans ce bras de fer.

« Victoire à la Pyrrhus »

« Je le concède », admet, sous couvert d’anonymat, un dirigeant syndical qui demande le retrait de la réforme. Mais, ajoute-t-il, « c’est une victoire à la Pyrrhus ». Du côté des opposants au régime unique de retraite par points – CGT, FO, CGC, FSU et Solidaires -, on insiste sur le fait que l’âge pivot n’a pas disparu de la réforme. « A terme, il y aura bien un âge d’équilibre », souligne Yves Veyrier, le leader de FO. Et de fait, la lettre d’Edouard Philippe y fait d’emblée référence.

La fin de l’histoire n’est en réalité pas écrite. Laurent Berger le reconnaît : « Le retrait de l’âge pivot est une victoire, mais c’est aussi une part de risque ». Il reste beaucoup à négocier : la pénibilité, les transitions, l’emploi des seniors et les paramètres de l’équilibre financier du futur système, dont le profil de l’âge d’équilibre. Cela peut être un âge collectif, c’est-à-dire identique pour tous (les fameux 64 ans), ou un système comme aujourd’hui, où l’âge auquel la personne peut percevoir une retraite à taux plein est individualisé. « Avec le courrier du Premier ministre, l’idée d’âge collectif a pris un sacré coup », estime la CFDT, quand les opposants à la réforme parient toujours sur une application des 64 ans dès 2027.

L’ombre de l’assurance-chômage

Pour l’instant, du côté du patronat, on semble prêt à entrer de plain-pied dans les discussions, avec la garantie du Premier ministre d’une absence d’augmentation du coût du travail. Rappelant qu’une hausse des cotisations serait « inimaginable », Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, a affirmé dans le « JDD » pouvoir « envisager des dispositions plus individualisées qu’un âge pivot universel, mais à la fin il faudra que ça boucle financièrement ».

Une ombre pèse en tout cas pour tous les syndicats sur la future conférence de financement : celle de l’assurance-chômage. Le Premier ministre a pris soin, dans son courrier, de ne pas menacer d’imposer un âge d’équilibre à 64 ans en cas d’échec et de tenir compte des débats qui se seront tenus.

Mais chacun garde en mémoire l’échec de la négociation exigée par l’exécutif début 2019 à l’Unédic, le gouvernement reprenant alors la main sur les règles d’indemnisation. « La confiance a bien été écornée ces dernières années », résume-t-on à la CFDT, tout en soulignant que « ces dernières 48 heures, ils semblent avoir fait de sacrés progrès ».

Dans ce nouveau contexte, Laurent Berger affirme le « besoin, dans une période d’hystérie collective […], de sortir de cette situation de blocage qui fatigue beaucoup de Français ». Les opposants à la réforme appellent, eux, à de nouvelles mobilisations les 14, 15 et 16 janvier.

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