Philippe Martinez ? « Il a rajeuni de dix ans ! » Cette confidence d’un leader patronal, à la veille des vacances de Noël, résume à merveille le bilan de santé du secrétaire général de la CGT. Depuis le 5 décembre 2019, sa confédération est aux avant-postes de la contestation contre la réforme des retraites. A chaque manifestation, il apparaît, tout sourire, une écharpe autour du cou, comme l’une des figures emblématiques de l’opposition. Les entretiens qu’il donne à la presse sont ponctués de formules qui font mouche – « le gouvernement organise le bordel », « Emmanuel Macron imite Margaret Thatcher »…
Il va même jusqu’à jouer des coudes pour se comporter en patron de la coalition que sa centrale a formée avec FO, la FSU, Solidaires et – par intermittence – la CFE-CGC : c’est lui, par exemple, qui annonce, le 19 décembre 2019, à l’issue d’une réunion multilatérale à Matignon, la décision de l’intersyndicale d’appeler à une nouvelle journée d’action, le jeudi 9 janvier. Avec toujours le même mot d’ordre : le retrait du projet de système universel de pensions et l’amélioration des dispositifs existants.
Engagé il y a un peu plus d’un mois – soit une durée supérieure au conflit de 1995 ou celui de 1986 à la SNCF –, le mouvement se retrouve à un moment charnière. Les mobilisations, prévues jeudi puis samedi par M. Martinez et ses complices, ont valeur de test pour la suite : le but est d’enrôler des opposants dans d’autres secteurs que la SNCF et la RATP, les deux principaux foyers de résistance, qui sont aussi des bastions de la CGT.
« La CGT a repris des couleurs »
Pour beaucoup, c’est déjà une divine surprise que les grévistes aient réussi à tenir au-delà de la Saint-Sylvestre. M. Martinez, lui, n’a pas ménagé sa peine. Au siège de la confédération, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), la lumière de son bureau est restée éclairée durant la période des fêtes. Le 28 décembre 2019, on a aperçu sa silhouette dans le défilé parisien. Le 1er janvier, il a exhorté « tous les Français » à se mettre en grève. Le 3 janvier, il est allé soutenir au petit matin des grévistes dans un dépôt de bus RATP à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), a enchaîné avec une distribution de tracts devant le Printemps Haussmann, à Paris, avant de participer à une rencontre intersyndicale – ce qui n’est pas dans ses habitudes. Quarante-huit heures plus tard, il a cosigné, dans Le Journal du dimanche, une tribune avec les responsables des diverses forces de gauche – de Jean-Luc Mélechon (La France insoumise) à Olivier Faure (Parti socialiste) en passant par Fabien Roussel (Parti communiste) et Julien Bayou (Europe Ecologie-Les Verts) – pour exiger l’abandon de la réforme.
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