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Reconnaissance faciale : les autorités françaises lanceront Alicem dès le mois de novembre

Reconnaissance faciale : les autorités françaises lanceront Alicem dès le mois de novembre

Bon gré, mal gré, la France deviendra à compter du mois de novembre prochain le premier membre de l’UE à recourir à la reconnaissance faciale pour doter ses citoyens d’une identité numérique sécurisée. Alors que le lancement de son outil Alicem (pour “Authentification en ligne certifiée sur mobile”), créé par le ministère de l’Intérieur et l’Agence Nationale des Titres Sécurisés (ANTS), était prévu pour la fin d’année, celui-ci devrait être effectué dès le mois de novembre, comme l’a fait savoir ce mardi l’agence Bloomberg.

Cet outil devrait permettre, via le recours à la technologie de reconnaissance faciale, à accéder aux services publics sur la plateforme “France Connect” avec un niveau de sécurité “élevé” dans leurs transactions électroniques au regard de la législation européenne dédiée. Il devrait surtout permettre à la France de se placer en tête de file au niveau mondial sur la question de la sécurisation des échanges en ligne et de l’identification des citoyens sur la toile.

Comme le relève Bloomberg, la France rejoindra ainsi le club très fermé des Etats souhaitant doter leurs citoyens d’une identité en ligne, à l’image de Singapour qui utilise déjà la reconnaissance faciale pour identifier ses citoyens sur la toile et a signé un accord pour aider le Royaume-Uni à préparer son propre système d’identification, ou encore de l’Inde, qui a pour cela recours à la lecture d’Iris.

Si la création d’un compte Alicem, qui ne sera disponible que sur les seuls smartphones Android, n’est pas obligatoire, elle reste fortement conseillée par les autorités, qui y voient un moyen de prouver son identité sur Internet de manière sécurisée face aux tentatives d’usurpation d’identité sur Internet. Celles-ci ont par ailleurs indiqué qu’Alicem, qui doit lui “permettre d’assurer sa mission régalienne de certification de l’identité dans un monde digital complémentaire du ‘monde physique'”, constitue “la préfiguration d’un service plus large d’identité numérique en cours de conception”.

Un lancement critiqué par la Cnil et les associations

Reste que cet “avant-goût” n’est justement pas au goût de tout le monde. Si les autorités assurent que “les données ne feront l’objet d’aucun traitement et ne seront pas transmises à des tiers” et que l’outil laissera à ses utilisateurs un “haut niveau de maîtrise” de leurs données, uniquement enregistrées sur le téléphone portable de l’utilisateur et partagées uniquement avec les services choisis par ce dernier, il suscite pour l’heure autant de méfiance que d’intérêt.

Notamment du côté de la Cnil, qui a regretté au printemps dernier que l’exécutif ne propose aucun moyen alternatif que la biométrie pour permettre à tout un chacun de se doter d’une identité numérique, comme le relevait alors la rédaction du site NextInpact. Pour l’Autorité, l’utilisation de cet outil ne répond en outre pas aux standards du RGPD, qui suppose un consentement libre et éclairé pour l’utilisation de dispositifs comme celui de la reconnaissance faciale.

Les associations ne sont pas en reste. A l’image de la Quadrature du Net, qui a déposé en juillet dernier un recours devant le Conseil d’État pour demander l’annulation du décret autorisant la création d’Alicem. “En y conditionnant la création d’une identité numérique à un traitement de reconnaissance faciale obligatoire, le gouvernement participe à la banalisation de cette technologie, et cela au mépris de l’avis préalable de la CNIL qui avait pourtant souligné son illégalité”, s’est insurgée l’association, dont le recours n’a toujours pas débouché sur un quelconque résultat.

“Un projet d’identité numérique, fondé sur un dispositif de reconnaissance faciale obligatoire (au mépris du RGPD) et ayant pour objectif avoué d’identifier chaque personne sur Internet pour ne plus laisser aucune place à l’anonymat ne peut qu’être combattu”, a en outre indiqué l’association pour justifier son recours. Une procédure qui ne semble pourtant pas freiner les ardeurs de l’exécutif, déterminé à mettre en place cet outil, au mépris de tout débat public sur la question.

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