Le procès qui va durer jusqu’à vendredi révèle un homme qui admet ses penchants, demande pardon mais ne reconnaît pas l’intégralité des faits qui lui sont reprochés, cherche parfois à la minimiser. Malgré la terrifiante récurrence avec laquelle il les a commis durant au moins vingt ans.
“C’était des gestes sans violence, des gestes de tendresse par lesquels je trouvais un certain plaisir. Il m’a fallu du temps pour découvrir que c’était mal et condamné vu l’âge des enfants.” Au premier jour de son procès devant le tribunal correctionnel de Lyon, le père Bernard Preynat, poursuivi pour des atteintes sexuelles sur mineures, a reconnu sa pédophilie et affirmé vouloir l’assumer. Mais pas tous les faits, préférant évoquer des gestes de “tendresse”.
Oui, c’est vrai, ça m’apportait du plaisir sexuel. Maintenant, je le reconnais
L’ancien prêtre du diocèse de Lyon, aujourd’hui âgé de 74 ans, exclu par ses pairs en juillet 2019, a affirmé sa volonté de transparence et demandé pardon aux victimes auxquelles il a été dès ce mardi confronté. “Oui, c’est vrai, ça m’apportait du plaisir sexuel. Maintenant, je le reconnais”, a-t-il dit, reconnaissant n’avoir jamais eu d’attirance sexuelle pour les adultes.
Le Père Peynat à l’ouverture du procès: «C’était des gestes de tendresse. il m’a fallu du temps pour comprendre que c’était mal» https://t.co/eIauadzTCf @LaCroix pic.twitter.com/fd5mj502M6 — L’important (@Limportant_fr) January 14, 2020
“À l’époque, je ne me rendais pas compte de la gravité de ces actes. Je savais que c’était interdit et condamnable, mais je ne pensais pas aux conséquences de ces actes sur les victimes”, a-t-il déclaré, évoquant les agressions sexuelles sur les jeunes scouts dont il avait la charge, des années 1970 à 1990. C’est seulement en 1991, lorsque ses agissements ont été connus au sein de la paroisse et que sa hiérarchie l’a écarté, que le père Preynat dit avoir réalisé.
Il s’en prenait aux enfants tous les week-ends, parfois tous les jours
“Après mon départ de la paroisse, j’ai surtout été touché par les réactions des parents. C’est cela qui m’a donné conscience de la gravité de ce j’avais fait”, a-t-il dit à la barre. “Il m’a fallu plusieurs années pour comprendre les répercussions de ce que j’avais fait sur les familles et d’abord sur les enfants.”
Interrogé sur la fréquence de ses actes, il a indiqué qu’il s’en prenait aux enfants quasiment tous les week-ends, et pendant les camps scouts, quatre à cinq fois par semaine. Bernard Preynat assure ne plus avoir touché d’enfants après 1991. Aux enquêteurs qui l’ont interrogé, il a cependant refusé de donner le nom de toutes ces victimes. “Je n’avais pas envie que ça se sache. Il n’est pas évident de dire qu’on est pédophile, qu’on est attiré par de jeunes garçons. Ce n’est pas un aveu qu’on fait facilement.” Tout comme d’admettre toutes les agressions dont il est accusé.
Un ancien scout décrit les effets terribles sur sa vie
?”Entendre sa voix, c’était le pire.” Didier Bardiau avait 9 ans lorsqu’il a été victime du Père #Preynat. ? Ce matin, le procès de l’ex-curé a pu reprendre en présence de 9 victimes présumées. #JT1213 – @NathaliePerezF3 pic.twitter.com/6E6YiWDib3 — Info France 3 (@infofrance3) January 14, 2020
Ce mardi, l’ancien prêtre a été confronté au total à dix victimes, dont les témoignages – pour certains à huis clos ou sous le sceau de l’anonymat – ont mis à mal son exposé des faits. L’un décrit “des baisers sur la bouche, des caresses sur le sexe, des masturbations”. Bernard Preynat ne reconnaît “que des caresses et des bisous sur les yeux et les sourcils”. Un autre évoque “ses gestes circulaires effectués sur son sexe”. Il réfute encore. Et quand la même victime évoque “plus d’une cinquantaine d’agressions commises en deux ans”, le septuagénaire se fâche presque. “Ce n’est pas possible ! Ça s’est passé plusieurs fois, je veux bien aller jusqu’à une dizaine mais pas plus que ça.”
Face au témoignage d’un ancien scout qui a décrit ses problèmes de santé, doublés de difficultés professionnelles et relationnelles (“j’ai une vie pourrie, c’est très très compliqué pour moi, face à un homme qui ne veut pas admettre ce qu’il a fait”), Bernard Preynat s’est insurgé : “Je ne pense pas être responsable de tout ce mal.”
Procès #Preynat – Lors de ce premier jour d’audience, l’accusé a globalement reconnu les faits mais conteste la fréquence des agressions. Demain deux professeurs qui ont effectué l’expertise psychiatrique de Bernard Preynat seront entendus.https://t.co/y5RtQLO1Xu — La Croix (@LaCroix) January 14, 2020
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