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Pédophilie dans l’Eglise : l’ex-père Preynat devant la justice – Le Monde

Ce jeudi 9 janvier au soir, la salle paroissiale attenante à l’église Saint-Luc, à Sainte-Foy-lès-Lyon, au sud-ouest de la métropole lyonnaise, est bondée. Le diocèse y organise une réunion d’information sur la lutte contre la pédophilie. « Dans l’Eglise, il y a eu des conditions qui ont laissé les choses se passer, nous n’avons pas le choix, nous devons changer de logiciel », expose Emmanuel Gobilliard, évêque auxiliaire de Lyon, face à une assistance extrêmement concentrée. Un film est montré. « Est-ce que les valeurs du Christ, tournées vers les petits et les faibles, est-ce que l’Eglise les a défendues, toutes ces années ? », interroge un jeune homme, victime d’un prêtre dans le Sud-Ouest. Gérard Ribes, psychiatre et chercheur à l’université Lumière-Lyon-II, décrit les mécanismes de ceux « qui mettent en place les éléments de leur prédation en isolant les victimes », ceux qui sont « tellement adulés que personne ne voit rien, n’entend rien ». L’ancien procureur général Jean-Olivier Viout préconise « une culture de la révélation des faits. »

L’initiative n’a rien d’anodin. Les autorités catholiques lyonnaises ont symboliquement choisi de revenir sur les lieux mêmes du crime, comme s’il fallait faire face à la réalité, à trois jours d’un procès médiatique. La réunion se tient en effet dans la paroisse où a exercé le père Bernard Preynat, responsable des scouts de Sainte-Foy durant vingt ans. L’ex-curé, aujourd’hui âgé de 74 ans, est jugé à partir de lundi 13 janvier au tribunal correctionnel de Lyon, pour agressions sexuelles sur mineurs par personne ayant autorité. Il risque une peine maximale de dix ans d’emprisonnement. Sur trente-cinq victimes listées et entendues durant l’instruction judiciaire, dix se sont constituées partie civile au procès, pour des faits qui remontent à plus de trente ans, aux limites de la prescription pénale.Article réservé à nos abonnés Lire aussi Abus sexuels dans l’Eglise : la levée du secret pontifical, une mesure symbolique aux effets incertains

L’affaire a éclaté en juin 2015. Après plus d’un an d’échanges infructueux avec l’évêché de Lyon, Alexandre Hezez décide de porter plainte contre l’ancien curé, persuadé que plusieurs dizaines d’enfants ont subi, comme lui, les violences de l’aumônier. Les enquêteurs découvrent alors d’autres victimes. Quelques-unes d’entre elles, dont Alexandre Hezez, fondent La Parole libérée, une association qui en retrouve d’autres encore.Article réservé à nos abonnés Lire aussi Alexandre Hezez, celui par qui les scandales pédophiles au sein de l’Eglise ont été révélés

Les policiers reconstituent les agissements du prêtre, en poste entre 1971 et 1991 à Sainte-Foy. Caresses, étreintes, baisers volés, il a profité des camps scouts, à Rome, au Portugal ou en Irlande, et des activités de la paroisse, dans le laboratoire photo par exemple, pour assouvir ses pulsions. Témoins et victimes décrivent un personnage charismatique, qui jouait de son aura pour imposer ses déviances aux garçons âgés d’une dizaine d’années.

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