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Preynat face aux juges : «Quand j’étais enfant de chœur, le sacristain m’appuyait sur le

Malgré ses 74 ans, l’ex-abbé Bernard Preynat demeure très combatif. Déjà sanctionné par l’Eglise, qui lui a retiré son statut de prêtre, Bernard Preynat ne cède aucun terrain devant le tribunal correctionnel de Lyon qui le juge cette semaine pour des atteintes sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans. Maître de lui-même, jouant souvent sur le registre de la victime, il ne lâche rien en dépit de son attitude de modestie. Et tacle sa hiérarchie. Preynat, qui a reconnu avoir attouché un nombre conséquent de jeunes garçons dans les années 70 et 80 et risque jusqu’à dix ans de prison, choisit soigneusement ses cibles. A la barre, il révèle avoir fait parvenir une lettre, ces jours-ci, à Mgr Michel Dubost, l’administrateur temporaire du diocèse de Lyon depuis le retrait du cardinal Philippe Barbarin. «J’ai écrit à la veille du procès à Mgr Dubost pour tout lui expliquer des agressions que j’ai subies», a-t-il raconté mercredi après-midi au tribunal.

Aucune ambiguïté

L’un des hauts responsables du diocèse confirme à Libération que la lettre est bien arrivée le jour même. «Quand j’étais enfant de chœur, le sacristain m’appuyait sur le sexe», détaille Bernard Preynat, originaire de Saint-Etienne (Loire). L’ancien aumônier de scouts de la paroisse Saint-Luc à Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône) dit avoir subi d’autres agressions sexuelles, notamment lorsqu’il était au petit séminaire. A l’époque, Preynat n’en a jamais parlé. La première fois qu’il s’est confié, c’était en 2016, quand l’affaire a éclaté lors d’un interrogatoire avec une policière. De sa voix parfois tremblante, il explique au tribunal les motifs qui l’ont conduit à écrire à Mgr Dubost. «Il y a eu des déclarations dans la presse comme quoi j’avais commis des faits abominables», dit-il. Ce que visiblement, il n’a pas supporté.

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A la barre, l’ex-prêtre affiche haut et fort sa loyauté à l’égard de son institution. Mais il ne laisse aucune ambiguïté sur le fait que sa hiérarchie connaissait depuis longtemps ses déviances. En 1991, il est convoqué par le cardinal Albert Decourtray, archevêque de Lyon à l’époque, alerté par des parents et pressé par eux de retirer le prêtre de ses fonctions à la paroisse Saint-Luc. «Quand j’ai voulu lui raconter ce qui se passait, il m’a fait un geste du bras», explique Preynat, qui n’est pas allé plus loin dans ses confidences. A ce qu’il laisse entendre, Preynat n’aurait pas été véritablement aidé par son institution pour faire face à ses déviances pédophiles.

«Je ne m’en souviens pas»

Sans trop en avoir l’air, il pointe lui-même les incohérences de l’Eglise catholique. «Il y a eu un procès canonique en 2018 [un procès interne à l’Eglise qui lui a retiré son statut de prêtre, ndlr] mais cela aurait dû avoir lieu en 1991», estime-t-il. D’autant que les alertes ont été nombreuses sur son comportement avec les jeunes garçons. Celui qui savait était le père Jean Plaquet, le curé de Saint-Luc, aujourd’hui mort. Lorsque Preynat est envoyé, en 1991, à Neulise, un gros bourg rural de la Loire, le père Plaquet l’accompagne. Pour le surveiller, suggère la procureure Dominique Sauves ? Preynat réfute cette hypothèse et joue les tontons flingueurs. «On a vu ce que cela a donné à Saint-Luc», marmonne-t-il.

Du cardinal Philippe Barbarin, en attente de son jugement en appel pour non-dénonciation des agissements pédocriminels de Preynat, l’ex-prêtre ne parle guère, peu relancé à l’audience sur ce point pourtant très discuté. «Je ne m’en souviens pas», dit-il quand on lui demande s’il s’est confessé à Barbarin lors de leur première rencontre, à l’occasion d’une retraite, en 1991. Bernard Preynat a cependant confirmé que l’archevêque de Lyon était bel et bien au courant que les faits d’agressions sexuelles contre de jeunes garçons étaient nombreux. Bernadette Sauvaget envoyée spéciale à Lyon

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