Depuis des années, nous pouvons lire nombre d’articles alarmistes sur l’environnement et les dangers de la pollution, accusant principalement le secteur automobile – intrinsèquement lié à celui des énergies – et les secteurs liés à l’utilisation du bois et des forêts comme l’industrie agro-alimentaire ou l’édition.
C’est donc tout naturellement que les pionniers de la lutte contre le gâchis des ressources et la pollution de notre Planète se sont concentrés sur ces géants de l’industrie qui régissent notre économie.
Le secteur du numérique, pas si bon élève
Pourtant, discrètement mais sûrement, notre dernière révolution industrielle numérique, impactant tous les secteurs, s’est installée petit à petit comme étant la plus grande source de pollution actuelle mondiale.
Comment le numérique, pourtant virtuel et a priori pauvre en besoin de ressources, peut-il contribuer à ce point au réchauffement climatique ? Quelles en sont les causes ? Pourquoi agir et comment ?
Une évolution des comportements qui pollue
D’après l’étude WeGreenIT (réalisée par WWF France et le Club Green IT le 11/10/2018, dernière consultation le 22/07/2019) le constat dans les entreprises françaises est sans appel : la part d’Internet dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre a rejoint celui des transports aériens mondiaux en 2008. Et pourtant, il y a 11 ans, notre consommation d’Internet était encore très en-deçà de celle que nous avons aujourd’hui chaque jour.
Il y a 11 ans, le monde travaillait largement et quotidiennement sur un ordinateur, mais le mobile n’avait pas encore véritablement percé et l’accès demeurait limité au monde professionnel. Aujourd’hui, nous vivons et travaillons globalement via Internet, où vies professionnelle et privée se mêlent, à une fréquence d’usage qui se compte davantage en minutes qu’en heures par jour.
Alors qu’est-ce que cela change ? Nos habitudes de consommation des réseaux : Internet est plus facile d’accès, et donc bien plus utilisé. Nous pensons numérique lorsque nous réfléchissons à un nouveau projet ou que nous cherchons une solution à une nouvelle problématique.
Peut-on changer nos habitudes ? Oui on peut, si c’est un mouvement massif, nous l’avons déjà constaté par le passé. Mais il existe peut-être des solutions moins radicales que de se cloisonner du reste du monde, et moins difficiles, qui nous demanderaient de modifier un peu nos modes de consommation et être beaucoup tributaires d’une évolution positive pour notre planète.
Les écoles tout autant responsables que les entreprises
Côté engagement et transformations, plusieurs actions et bonnes pratiques sont mises en place par les entreprises et leurs services digitaux, comme la systématisation du réemploi et la prolongation de la durée de vie des équipements.
Des institutions sacralisées et vieillissantes pour la majorité
Mais le milieu professionnel n’est pas le seul à pouvoir agir, ni le seul à devoir se transformer. Tous les pays, et notamment la France, sont constitués d’institutions jouant une part plus ou moins importante dans l’action citoyenne. Dans tous les cas, elles demeurent un exemple à l’échelle nationale. Et pour le moment, peu d’Institutions s’engagent sur des actions concrètes avec de réels moyens opérationnels.
Une question financière ? Pas uniquement. Le secteur de la formation initiale en France, par exemple, répond à des normes instituées très clairement par une entité supérieure gouvernementale. Si l’école souhaite être reconnue et faire partie du processus global de formation initiale, elle doit demeurer en accord avec le cadre institutionnel, ce qui ne permet pas toujours une transformation profonde et rapide de leur organisation éducative.
Les écoles pourraient presque percevoir le changement comme un risque : un risque de ne plus correspondre au format et d’être mis de côté, un risque de péricliter, un risque de se noyer dans plus de travail pour peu de retombées valorisantes. Pourtant, le tableau n’est pas si sombre…
Une jeune génération engagée et lucide
Vous êtes-vous déjà rendu dans une salle des machines ? Vous êtes-vous déjà intéressé aux composants de votre ordinateur ou mobile ? Avez-vous déjà cherché ou observé les impacts de l’utilisation des ondes Wifi et des réseaux de télécommunication ?
Si vous pouvez répondre « oui » à chacune de ces questions : alors bravo ! Vous êtes sûrement déjà engagé dans une démarche de responsabilisation numérique, et vous avez très certainement un impact positif autour de vous. C’est le cas d’une grande majorité de la jeune génération actuelle, et le plus intéressant est qu’elle commence à avoir du pouvoir. Non seulement parce que la plupart ont enfin l’âge de voter, et rappelez-vous du score du Parti Écologie aux dernières élections européennes, mais aussi parce qu’ils représentent notre avenir lorsqu’ils s’expriment.
C’est donc un public qui doit retenir l’attention des institutions de formation. Cette problématique transgénérationnelle met toute la société d’accord : notre organisation politique, financière et productive doit changer vers un monde plus respectueux de ses ressources et de son environnement. Pour une fois, ce ne sont pas les Institutions qui guident et cadrent tout un chacun, mais bien la société qui montre l’exemple de la transformation, et du monde des possibles.
Les écoles – plus que toutes autres Institutions – ont un devoir de montrer l’exemple et d’outiller les jeunes générations pour transformer les mondes de demain de manière positive. Les principaux objectifs sont de développer les compétences techniques, le cognitif, l’ouverture d’esprit, la maturité professionnelle des étudiants qui leur sont confiés. Il devient donc urgent de les préparer à aider la société, ses Institutions, sa politique et son organisation à se transformer.
Des solutions pour changer et accompagner le changement
Les écoles du numérique, de par leur image fortement représentative de la pollution sur Terre actuelle, ont un rôle primordial à jouer en faveur de l’environnement. Existe-t-il une bonne recette de cuisine à adopter pour tout le monde ?
Adopter non, adapter certainement. Pour commencer, les actions du quotidien et les aspects de sensibilisation peuvent être intégrés rapidement dans les institutions : la réduction de la consommation de papier ; la réduction des envois d’e-mail et de stockage de ces e-mails ; la prolongation de vie des équipements numériques. Mais aussi faire venir des acteurs de l’engagement pour l’environnement lors de conférences ou d’ateliers participatifs.
Se transformer seul n’est pas impossible
La plus grosse marche à monter est celle de la transformation profonde de la pédagogie : les compétences développées et enjeux pédagogiques, et donc tout ce qui en découle comme les modules, les TP, les cours, les projets, les soutenances, le Mémoire etc. Mais aussi d’un point de vue administratif : les évaluations, le bulletin de notes, le diplôme.
Sur ce point, l’école ne peut avancer seule et doit s’entourer de ses équipes administratives, pédagogiques, commerciales, mais aussi de ses partenaires professionnels et institutionnels, et bien sûr de ses étudiants et Alumni principaux concernés. C’est ensemble que les réflexions peuvent donner naissance à un progrès concret.
Agir pour soi c’est bien mais agir pour le collectif c’est mieux
Une dernière étape est nécessaire dans le cheminement de la transformation : l’impact citoyen. Une école a, par définition, un réel impact sur une communauté plus large que sa propre Institution. Mais le temps que la génération diplômée intègre le marché de l’emploi et agisse en profondeur dans la transformation des structures, peut paraître long à l’ère du numérique. Un temps que nous n’avons plus le luxe de posséder aujourd’hui.
Comment accélérer ce processus d’évolution positive ? Plusieurs pistes sont possibles, mais les écoles doivent réaliser qu’en tant qu’Institution elles ont aussi un poids dans la sphère économique et politique. La formation est primordiale pour un pays : elle fait la valeur de ses citoyens, son éducation et sa culture.
Elle doit pouvoir contribuer pleinement aux transformations gouvernementales que ce soit dans son organisation administrative, politique, et économique. Il n’est pour l’heure pas question d’imposer, mais bien de montrer que la société évolue et que ce n’est pas signer son effondrement que de vouloir évoluer avec elle, mais bien de renforcer son appartenance à une nation ayant un même grand objectif : celui de contribuer et vivre pour le meilleur des mondes.
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