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L’ayatollah Ali Khamenei le 17 janvier 2020 à Téhéran. HO / AFP
Dans un contexte de fortes tensions avec les Etats-Unis, le Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré, vendredi 17 janvier, que le drame de l’avion ukrainien abattu le 8 janvier à Téhéran ne devait pas faire oublier le « sacrifice » du général Qassem Soleimani, éliminé par les Etats-Unis à Bagdad, cinq jours plus tôt.
Qualifiant la catastrophe aérienne « d’accident amer » qui « a brûlé notre cœur » et présentant ses condoléances aux familles des victimes, l’ayatollah a néanmoins jugé, après plusieurs jours de manifestations antipouvoir en Iran, que « certains [avaient] essayé de [l’utiliser] de façon à [faire] oublier le grand martyre et sacrifice » de Soleimani.
L’ayatollah Ali Khamenei prononçait un important discours à l’occasion de la grande prière hebdomadaire musulmane à la mosquée Mosalla de Téhéran, qu’il dirigeait pour la première fois depuis février 2012.
Les forces armées iraniennes ont reconnu avoir abattu par erreur le 8 janvier un Boeing 737 d’Ukraine International Airlines peu après son décollage de Téhéran. Les 176 personnes à bord de l’appareil, en majorité des Iraniens et des Canadiens, ont péri dans la catastrophe. Le drame et le temps – trois jours – mis par les forces armées iraniennes pour reconnaître leur responsabilité ont provoqué depuis samedi des manifestations éparses de colère contre les autorités à Téhéran et dans d’autres villes.Article réservé à nos abonnés Lire aussi En donnant l’ordre de tuer Ghassem Soleimani, Donald Trump choisit l’escalade face à l’Iran
« Fermeté » et « résistance » face aux ennemis du pays
Louant l’action de Soleimani en dehors des frontières du pays pour la « sécurité » de la nation iranienne, l’ayatollah Khamenei a affirmé que le peuple était en faveur de la « fermeté » et de la « résistance » face aux ennemis du pays.
Le 3 janvier, les Etats-Unis, ennemi juré de l’Iran, ont tué dans une attaque de drone à Bagdad le général Soleimani, un dirigeant des gardiens de la révolution, armée idéologique de l’Iran, et architecte de la stratégie d’influence régionale du pays. Et de demander :
« Ces quelques centaines de personnes qui ont insulté le portrait du général Soleimani, est-ce là le peuple d’Iran ? Ou ces foules de millions de personnes dans les rues ? »
Le numéro un iranien semblait là faire allusion à des manifestants qui auraient déchiré un portrait du général à Téhéran et aux foules immenses qui se sont déplacées autour de la dépouille de Soleimani après son retour au pays.
M. Khamenei a également accusé les Etats-Unis de « mentir » lorsqu’ils disent soutenir le peuple iranien, affirmant qu’ils ne cherchent au fond qu’à « poignarder [les gens] avec [leur] dague empoisonnée ».Lire aussi Face à Trump, la « vengeance » mesurée de l’Iran
Tirs de missiles
Les Etats-Unis et l’Iran ont paru à deux doigts de l’affrontement militaire direct début janvier, pour la deuxième fois en moins d’un an. Le 8 janvier, Téhéran a, en effet, tiré des missiles sur des cibles militaires abritant des Américains en Irak en représailles à l’élimination par Washington du général iranien Qassem Soleimani, architecte de la stratégie d’influence régionale de l’Iran, le 3 janvier à Bagdad.
Selon M. Rohani, l’Iran a obtenu « la compensation militaire » voulue pour la mort de Soleimani avec ses frappes contre des bases utilisées par l’armée américaine. Celles-ci ont fait d’importants dégâts matériels. Après l’attaque, les Etats-Unis avaient affirmé que les frappes n’avaient fait aucune victime. Mais l’armée a, finalement, annoncé jeudi qu’onze soldats américains avaient été blessés.
La tension entre les deux ennemis semble toutefois être retombée après le drame du Boeing abattu. Un général des gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique, a endossé la responsabilité totale du drame et a affirmé que celui-ci avait été causé par l’opérateur d’une batterie de missile qui avait pris l’avion pour un « missile de croisière ».
Alors que le président iranien Hassan Rohani a défendu jeudi sa politique d’ouverture internationale et déclaré vouloir continuer de dialoguer avec les Occidentaux sur le programme nucléaire iranien, l’ayatollah Khamenei a répété que l’Iran n’était pas hostile à des négociations, mais que la République islamique ne négocierait pas avec les Etats-Unis.Article réservé à nos abonnés Lire aussi Donald Trump fait le choix de l’apaisement avec l’Iran sans répondre aux raisons de l’escalade
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