Le nouveau coronavirus, qui a fait neuf morts et contaminé des centaines de personnes en Chine, « pourrait muter et se propager plus facilement », a averti mercredi 22 janvier le vice-ministre chinois de la commission nationale de la santé, Li Bin. Une annonce qui intervient alors que des centaines de millions de Chinois voyagent actuellement à travers le pays pour se retrouver en famille à l’occasion des congés du Nouvel An lunaire, qui débutent vendredi.
Pour répondre à l’inquiétude mondiale, un comité ad hoc de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) doit se réunir à partir de midi à Genève pour déterminer s’il convient de déclarer une « urgence de santé publique de portée internationale ».
Transmission par « contact étroit »
La souche incriminée est un nouveau type de coronavirus, cousin de celui responsable du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) – un virus hautement contagieux, qui avait tué quelque 650 personnes en Chine continentale et à Hongkong en 2002-2003.
Cette fois-ci, l’origine de ce nouveau coronavirus semble se trouver dans un marché de la ville chinoise de Wuhan, fermé depuis le 1er janvier pour limiter la contagion. « On suppose que la source était des animaux vendus dans ce marché et qu’il y a eu passage chez l’homme », explique le professeur Fontanet, responsable de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur à Paris.
Lundi, Zhong Nanshan, un scientifique chinois renommé de la commission nationale de la santé, a fait savoir à la chaîne de télévision d’Etat CCTV que la transmission par contagion entre personnes était « avérée ». L’OMS estime pour sa part qu’un animal semble être « la source primaire la plus vraisemblable », avec « une transmission limitée d’humain à humain par contact étroit ».
440 cas détectés en Chine et déjà neuf morts
La Chine, épicentre de l’épidémie, avait recensé 440 cas confirmés mercredi matin. Près d’un millier de patients sont par ailleurs en observation, selon un communiqué de la commission nationale de la santé, dont l’un des médecins, Wang Guangfa, a déclaré, mardi sur une télévision de Hongkong, qu’il était lui-même infecté par le virus.
Près de la moitié des provinces du pays sont touchées, y compris des mégapoles comme Shanghaï et Pékin, où le lycée français a diffusé des consignes de prévention et distribué du gel antibactérien aux élèves, dont certains portaient des masques mercredi.
Relayant un appel du président Xi Jinping à « enrayer » l’épidémie, Li Bin a annoncé des mesures de prévention telles que ventilation et désinfection dans les aéroports, les gares et les centres commerciaux. Des détecteurs de température pourront également être installés dans les sites très fréquentés. L’isolement des personnes chez qui la maladie a été diagnostiquée est désormais obligatoire et des mesures de quarantaine peuvent être décrétées par les autorités locales.
Une dizaine de cas déjà recensés à l’étranger
D’autres cas de cette mystérieuse pneumonie ont été détectés à l’étranger. Mercredi matin, un cas a été recensé à Hongkong, selon la presse locale. Le même jour, la région semi-autonome chinoise de Macao faisait aussi état d’un premier cas. Les autorités ont décelé le virus chez une femme d’affaires de 52 ans qui était arrivée dimanche en train en provenance de la ville voisine de Zhuhai.
Mardi 21 janvier, ce sont les Etats-Unis qui avaient annoncé un premier cas sur leur territoire. Il s’agit d’un homme d’une trentaine d’années, hospitalisé à Everett, près de Seattle (Etat de Washington). L’individu n’a visité aucun des marchés de Wuhan en Chine ; il a seulement voyagé dans la région.
Avant cela, deux cas avaient été détectés en Thaïlande, un à Taïwan et un au Japon. Les autorités de ces trois pays affirment que les patients s’étaient tous rendus à Wuhan avant leur hospitalisation.
Le virus a également été identifié en Corée du Sud chez une Chinoise de 35 ans arrivée dimanche par avion de Wuhan. Les autorités sanitaires du pays ont révélé qu’elle s’était rendue samedi à l’hôpital de la ville chinoise de la province du Hubei en raison d’un rhume. On lui avait alors prescrit des médicaments avant qu’elle s’envole pour Séoul, où ses symptômes ont été détectés. Elle a été placée en quarantaine.
Outre ces cas avérés, le doute subsiste concernant la pathologie dont souffre un enfant philippin de 5 ans arrivé le 12 janvier en provenance de Wuhan avec un parent.
Paris et Washington prennent des mesures
Dans le reste du monde, les mesures de prévention se multiplient également. Les Etats-Unis ont annoncé qu’à partir de vendredi ils commenceraient à filtrer les vols en provenance de Wuhan à l’aéroport de San Francisco et à John-F.-Kennedy (New York) – où atterrissent des vols directs de Wuhan –, ainsi qu’à celui de Los Angeles, où sont assurées de nombreuses correspondances. Les passagers seront examinés par les équipes médicales mais pas systématiquement soumis à un prélèvement.
En France, « la vigilance vient d’être déclenchée », a fait savoir lundi Santé publique France au Parisien. Les médecins doivent désormais orienter vers le SAMU ou « un infectiologue référent » toute personne « présentant une infection respiratoire aiguë, quelle que soit sa gravité, ayant voyagé ou séjourné dans la ville de Wuhan en Chine dans les quatorze jours précédant la date de début des signes cliniques ou ayant eu un contact étroit avec une personne tombée malade dans cette ville ».Article réservé à nos abonnés Lire aussi Face au nouveau virus en Chine, « l’essentiel reste la prévention et la sensibilisation du public »
Comments