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Open data en entreprise : entre obligations et opportunités


Open data en entreprise : entre obligations et opportunités

L’ouverture des données des pouvoirs publics est désormais une évidence en France. Dans le secteur privé, en revanche, le mouvement est encore timide. Dans différents secteurs d’activité, des initiatives voient néanmoins le jour, comme en témoigne la conférence Data On Board organisée par Opendatasoft.

Mais c’est encore très souvent des obligations qui poussent les entreprises à mettre à disposition certains de leurs jeux de données. C’est par exemple le cas sur le marché de la mobilité et du stationnement (en ouvrage et en voierie).

Indigo, leader français du stationnement avec 430.000 places répartis dans plus de 150 villes, peut en témoigner. « Pour des raisons purement commerciales et parfois même contractuelles, nous devons aux villes un certain nombre de données que nous essayons progressivement d’enrichir » explique son directeur général, Sébastien Fraisse.


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Des données de stationnement et de contrôle au service de politiques locales

L’ouverture est cependant maîtrisée et tournée vers les collectivités. Avec le projet de loi mobilités, les entreprises du secteur doivent désormais ouvrir aussi des données au public. Pour le dirigeant d’Indigo France, cela « s’inscrit cependant dans la continuité ».

La fédération du secteur a « rapidement constitué un atelier pour se mettre au diapason sur le type de données qu’il fallait mettre à disposition. La difficulté, c’est que les données sont pléthoriques et ne présentent pas toutes la même utilité pour un service aux usagers. »

Les entreprises du stationnement sont attendues sur le sujet, en particulier sur les données de disponibilités des places. Elles pourront, comme Indigo France, s’appuyer en la matière sur les services qu’elles fournissent déjà aux villes.

Une approche « itérative » et « constructive » avec les villes

Ces données leur permettent notamment de gérer les places de stationnement comme de véritables actifs et de suivre leur monétisation. Mais l’information intervient également dans l’aide à la décision, en particulier en ce qui concerne les politiques de stationnement.

La réforme de 2018 du stationnement en voirie s’est accompagnée dans l’entreprise de la création d’une activité de contrôle pour le compte des municipalités. Cette activité génère « énormément de données et les villes en sont très demandeuses » souligne Sébastien Fraisse.

« Par le biais de ces données, nous leur apportons le moyen de vérifier que la politique de stationnement est efficace (…) En fonction des résultats, elles peuvent ajuster leur politique, en faisant varier les tarifs ou les périodes de gratuité » ajoute le dirigeant.

Et le patron d’Indigo France de défendre une approche « itérative » et « constructive » avec les villes, par opposition « au mauvais réflexe » consistant à « exiger le maximum de données », dont très peu seraient in fine exploitées.

Un portail open data pour mesurer l’impact environnemental

Dans un tout autre secteur, celui du luxe, l’ouverture des données s’inscrit dans une démarche de transparence et de responsabilité sociétale (RSE). Kering (Gucci, Balenciaga, Puma, Yves Saint Laurent…) s’appuie ainsi sur un portail d’open data pour présenter son EP&L et mettre en valeur son engagement en faveur du développement durable.

Un sujet d’actualité pour le groupe, et plus globalement pour l’ensemble de l’industrie de la mode et du textile, comme le rappelle François-Xavier Morvan, en charge de ces questions pour la société du luxe. A l’occasion du dernier G7 à Biarritz, son patron, François-Henri Pinault, a ainsi été commissionné par le président Macron « pour mobiliser tous les acteurs du secteur autour d’objectifs de développement durable. »

C’est dans ce cadre que Kering a conçu son EP&L ou compte de résultat environnemental basé sur de multiples jeux de données, disponibles au téléchargement. La plateforme permet de mesurer et partager précisément six paramètres de l’impact environnemental (consommation d’eau, utilisation des sols, production de déchets, pollution de l’air…).

« Cet outil nous permet de capturer les impacts du groupe sur toute sa chaîne de valeur, de l’extraction à la production de la matière première jusqu’à la distribution et la vente du produit final » précise le cadre du luxe.

Pas d’ouverture totale des données, mais des partages gagnants

Un tel projet « pédagogique » d’ouverture des données est donc bénéfique en termes d’image pour un secteur du textile régulièrement critiqué pour son impact sur l’environnement. Mais Kering exploite aussi ses outils pour partager des données spécifiques dans le cadre d’un évènement comme un hackathon.

Le partage sélectif lui permet d’ouvrir des « jeux de données un peu plus confidentiels » à des startups et des étudiants. Objectif de la démarche : trouver de nouvelles applications et solutions valorisables auprès du client final.

Dans le secteur privé, l’ouverture des données doit aussi (surtout) servir des finalités business. Le partage est également « variable » pour des raisons stratégiques, comme le souligne Jennifer Baert, en charge de l’information et de l’analyse crédit pour l’assureur Euler Hermes.

« Toutes les données ne se prêtent pas à être totalement ouvertes en open data »

« Toutes les données ne se prêtent pas à être totalement ouvertes en open data. Il faut envisager des partages à dimension variable entre des acteurs » dont un rapprochement des données présente des bénéfices mutuels ».

« Dans le domaine de l’assurance-crédit, des acteurs sur le marché de la titrisation ou de l’affacturage peuvent disposer d’informations différentes des nôtres mais sur les mêmes entreprises. En les mettant en commun, on peut imaginer en tirer un bénéfice pour tous les contributeurs. » Et ce sont ces bénéfices qui contribueront à plus de partages de données dans le secteur privé.

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