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Medvedev annonce la démission de son gouvernement – Le Figaro

Correspondant à Moscou

Selon de bonnes sources, les ministres eux-mêmes n’avaient pas été informés de la nouvelle. Après s’être entretenu avec Vladimir Poutine, le premier ministre Dmitri Medvedev a annoncé la démission du gouvernement mercredi. Une décision inattendue qui intervient la foulée de l’adresse annuelle du président russe aux deux chambres du parlement.

À la mi-journée, dans un discours d’une heure et demie prononcé devant un parterre de 1 300 personnes (parlementaires, ministres, responsables des hautes juridictions, personnalités culturelles…) réunies dans la salle du Manège, près du Kremlin, Vladimir Poutine a proposé de transférer une partie du pouvoir présidentiel à la Douma (la chambre basse) qui serait chargée de nommer le premier ministre et le gouvernement. La tête de l’exécutif ne pourrait s’opposer à ces choix. Actuellement, la Douma, largement dominée par les forces pro-Poutine, ne fait que confirmer le choix du chef de l’État.

Un inconnu proposé comme premier ministre

Réfutant tout changement de constitution, le chef du Kremlin a précisé qu’une série d’amendements seraient soumis aux voix lors d’une consultation dont il n’a toutefois pas précisé la date. «Il ne s’agira pas d’un référendum, la constitution ne le permettant pas, mais d’un «vote» dont les modalités seront précisées ultérieurement», a dit le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov sans autres détails.

«Ces changements apporteront des modifications importantes non seulement dans un certain nombre d’articles de la constitution mais aussi globalement dans l’équilibre du pouvoir», a expliqué Dmitri Medvedev pour justifier la démission du gouvernement. Quelques heures plus tard, Vladimir Poutine a proposé le nom du patron du fisc au poste de premier ministre Mikhaïl Michoustine, inconnu du grand public.

La Russie devra rester une république présidentielle forte Vladimir Poutine

«C’est un petit pas vers une république parlementaire», a réagi au discours présidentiel, l’ex-ministre des Finances et président de la chambre des Comptes, Alexeï Koudrin. Tel n’est pas vraiment le sens des propos de Vladimir Poutine. «La Russie devra rester une république présidentielle forte», a insisté Vladimir Poutine dans son adresse solennelle aux parlementaires.

«Notre pays avec son vaste territoire, sa structure nationale et territoriale complexe, la diversité de ses traditions culturelles et historiques ne peut pas se développer normalement, je dirais même plus, ne peut pas exister de façon stable sous la forme d’une république parlementaire», a-t-il déclaré.

Le chef du Kremlin a insisté sur le fait que le chef de l’État resterait à la tête des «structures de force» (armées, services de renseignement, etc.…). L’exécutif conserverait aussi le pouvoir de révoquer le premier ministre, les ministres et les juges de la cour constitutionnelle et de la cour suprême.

En revanche, M. Poutine a évoqué – assez mollement il est vrai – une modification de l’article limitant le nombre des mandats présidentiels «à deux mandats successifs». Le chef de l’État pourrait ainsi ne pas être autorisé à effectuer plus de deux mandats au total (douze années), et pas seulement plus de deux mandats consécutifs. Une mesure très symbolique puisque c’est l’absence de cette limitation que Vladimir Poutine aura pu effectuer quatre mandats présidentiels au total – de 2000 à 2008 et de 2012 à aujourd’hui – avec un intermède comme premier ministre de 2008 à 2012. Le président russe a aussi souligné que la constitution serait placée au-dessus du droit international dans la hiérarchie des normes – une mesure aux implications juridiques et diplomatiques majeures.

Une phase de transition politique

Ces événements marquent le lancement officiel d’une phase de transition politique. Une séquence largement entourée de flou qui, pour nombre d’observateurs s’apparente à une volonté délibérée de brouiller les pistes pour garder toutes les cartes en main. Avec ses annonces, suivies de la démission du gouvernement, Vladimir Poutine n’a pas donné de réponse explicite à la question omniprésente de son avenir politique à l’issue de son quatrième mandat présidentiel qui s’achève en 2024.

Le président russe a proposé dans son discours de renforcer le pouvoir des gouverneurs, réunis dans un conseil d’Etat, lequel bénéficierait d’un rôle accru et dont le statut serait introduit dans la constitution. Parmi les diverses hypothèses qui circulent, Vladimir Poutine pourrait choisir d’occuper la tête de cet organisme une fois qu’il aura quitté le Kremlin, cette position lui permettant de conserver son influence sur les affaires de l’Etat. Depuis des mois, circule la piste d’une sorte de confédération incluant la Biélorussie, ce qui autoriserait Vladimir Poutine à rester aux commandes, à un niveau supranational.

Mercredi, le chef du Kremlin a ouvert une nouvelle piste en annonçant mercredi que Dmitri Medvedev devrait devenir vice-président du Conseil de sécurité russe, organe consultatif rattaché au chef de l’Etat et le conseillant sur les questions de sécurité nationale. Une proposition que Vladimir Poutine aurait faite à son premier ministre sortant dans l’idée de prendre lui-même la présidence du conseil de sécurité, indique sur son compte Telegram Alexeï Venediktov, rédacteur en chef de la radio Échos de Moscou, habituellement bien informé.

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