Le bunker est encore visible malgré les travaux en cours. Le datacenter doit être livré au printemps prochain.
Sur le port de Marseille ce bâtiment extraordinaire, endormi depuis plus de 70 ans, est en passe de devenir une véritable usine numérique au 1er mars prochain. L’opérateur de datacenter Interxion, deuxième opérateur mondial de data centers, réhabilite une base sous marine de l’armée allemande construite par le STO en novembre 1943 et jamais terminée. La faute au débarquement de Provence.
Et voici que cette architecture atypique, 29 caissons de béton identiques sous une dalle de 5,50 mètres d’épaisseur (contre les bombes de la RAF), située à quelques encablures des câbles sous-marins qui arrivent à Marseille, va devenir un data center destiné à accueillir les baies des géants du cloud computing.
Les salles qui devaient abriter les sous-marins de la marine allemande devront alors abriter des serveurs. La métamorphose est en cours.
Pourquoi Marseille ? Parce que la cité phocéenne permet de raccorder via des câbles sous marins Afrique, Asie et Europe. 6800 mètres carrés de salle blanche seront installés sur le site de 25000 mètres carrés à proximité des 14 câbles sous marins de télécommunications (6 nouveaux projets identifiés à horizon fin 2020).
Des faux planchers et le câblage sont en cours de réalisation.
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“Nous sommes au bon endroit pour faire des concentrations de connectivité”
“Nous sommes au bon endroit pour faire des concentrations de connectivité” explique Fabrice Coquio, président d’Interxion France. “Le métier à changé depuis 5 ans avec le mouvement de digitalisation des entreprises. Elles ne peuvent plus tout faire tout seul, nous ne sommes plus dans une logique de ‘make or buy’. L’idée c’est de savoir comment je mets mes assets là où je trouve le plus de connectivité”.
Sur le toit, des générateurs censés palier à des pannes de courant. MSR3 est véritablement une usine digitale.
Marseille est déjà le 10ème hub mondial en terme de connectivité. en 5 ans, Installé à Marseille autant de mètre carré de salle blanche qu’à Paris en 17 ans. “Selon Telegeography, Marseille est rentré dans le top 10 mondial des hubs numériques. Et dans 3 ans, Marseille pourrait rentrer dans le top 5” assure Fabrice Coquio.
“Les câbles vont aller de datacenter à datacenter alors qu’a ce jour ils vont de plages à plages” explique Fabrice Coquio.
A terme Marseille sera connecté au câble EllaLink (600 millions d’investissement) qui doit relier Sao Paulo au Brésil à Lisbonne. Conséquence, EllaLink va relier l’an prochain la France au Brésil sans passer par l’Amérique du Nord au débit de 320 tbps. Soit le double du cumul des 14 câbles qui arrivent à Marseille à ce jour.
EllaLink va relier l’an prochain la France au Brésil sans passer par l’Amérique du Nord au débit de 320 tbps. Soit le double du cumul des 14 câbles qui arrivent à Marseille à ce jour.
“Des clients viennent chez nous pour faire des économies sur les télécoms”
“Les câbles vont aller de datacenter à datacenter alors qu’a ce jour ils vont de plages à plages” assure le responsable d’Interxion. Au point que les clients d’Interxion, à 90% étrangers à Marseille, installent désormais leurs propres équipes pour opérer leurs baies depuis Marseille (Total, première DSI de France, la Société des Eaux de Marseille, ou encore AWS). Nul doute que l’arrivée d’Ellalink va favoriser la présence d’acteurs chinois à Marseille assure Interxion.
Mais les grandes entreprises françaises elles aussi voient dans l’explosion des datacenters un bénéfice. “Des clients viennent chez nous pour faire des économies sur les télécoms. En installant du cross connect chez nous, nous en installons 50 par semaine à Marseille, pour 85€ par mois, cela leur fait faire des économies énormes sur les frais que leur facturent les opérateurs telco” détaille Fabrice Coquio.
Interxion a senti le (bon) vent tourner en 2014. La structure rachète le datacenter de SFR qui devient MRS1, dans le quartier de La Villette, avec 6 200 m² d’espace informatique équipé. Suit MRS2, implanté dans les anciens ateliers « Fouré Lagadec » sur le Port de Marseille Fos. Inauguré en mai 2018, ce site représentera à terme 4350 m² d’espace équipé.
Vue d’architecte de MS3.
Avec MRS3, Interxion veut aller au delà des mètres carrés. Un projet de refroidissement des salles informatiques est à l’étude. Il s’agit de capter une source d’eau attenante, d’une température inférieure à 15 degrés. La “Galerie à la mer” a été créée entre 1890 et 1905 pour évacuer les eaux souterraines des mines de Gardanne. Elle sera pompée pour rallier les data centers d’Interxion, et refroidira par échange thermique les serveurs.
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