Des manifestants font face à la police antiémeute aux abords du Parlement libanais, à Beyrouth, le 18 janvier 2020. — Hassan Ammar/AP/SIPA
Des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, parmi les plus violents depuis le début il y a trois mois du mouvement de contestation contre la classe politique, ont blessé plus de 220 personnes samedi à Beyrouth, au Liban, selon la Croix-Rouge.
Les violences ont commencé devant l’une des principales entrées du Parlement, au cœur de la capitale libanaise, lorsque des contestataires s’en sont pris aux membres de la police antiémeute, stationnés derrière des barricades et des barbelés. Les manifestants, certains au visage masqué, ont lancé différents projectiles, notamment des pierres, des poteaux de signalisation et des branches d’arbres. Quelques-uns ont tenté de franchir les barbelés. La police antiémeute a dispersé la foule au moyen de canons à eau avant de recourir à des tirs de gaz lacrymogène.
Pierres et feux d’artifice
Selon la Croix-Rouge libanaise, 220 personnes ont été blessées durant ces affrontements. Les heurts se poursuivaient en début de soirée. Retranchés dans les rues aux alentours du Parlement, les manifestants lançaient des pierres et des feux d’artifice sur les forces de l’ordre. Des inconnus ont mis le feu aux tentes dressées par les contestataires depuis le début du mouvement près de la place des Martyrs, au centre-ville de Beyrouth.
Une manifestation était initialement prévue samedi près du Parlement, vers lequel devaient converger plusieurs marches parties depuis différents points de la capitale. La colère populaire a été exacerbée par une dégradation rapide ces dernières semaines de la situation socio-économique et l’incapacité des autorités à former un gouvernement, plus de deux mois après la démission du Premier ministre Saad Hariri. La situation a dégénéré avant l’arrivée des groupes de protestataires.
Des dizaines d’arrestations
Dans un communiqué sur Twitter, les forces de sécurité intérieure (FSI) ont déploré des actes « violents » appelant les « manifestants pacifiques à quitter les lieux urgemment pour leur propre sécurité ». Ces derniers jours, les protestataires ont ciblé les banques, accusées de complicité avec le pouvoir, attaquant plusieurs branches dans le quartier de Hamra dans la capitale.
Des dizaines de personnes ont été arrêtées mardi et mercredi puis relâchés. Des dizaines d’autres ont été blessées durant les deux nuits de violences, toujours selon la Croix-Rouge libanaise. Les ONG Amnesty International et Human Rights Watch ont déploré des « arrestations arbitraires » et un « niveau inacceptable de violence » exercée à l’égard des manifestants.
Des tractations politiques qui traînent
La contestation réclame depuis le début du mouvement un gouvernement formé de technocrates et de personnalités indépendantes du sérail politique traditionnel. Les tractations traînent en longueur depuis la nomination le 19 décembre d’un nouveau Premier ministre, sur fond de divergences sur le partage des portefeuilles au sein même des partis politiques ayant appuyé sa nomination, ce qui a attisé la colère de la rue.
Le Liban croule sous une dette avoisinant les 90 milliards de dollars (81 milliards d’euros), soit plus de 150 % de son PIB, et la Banque mondiale a averti en novembre que le taux de pauvreté pourrait en arriver à englober 50 % de la population, contre le tiers à l’heure actuelle. De plus, la monnaie nationale a perdu de sa valeur sur le marché parallèle -2.500 livres pour un dollar contre un taux officiel de 1.507 livres/dollar.
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