Bis repetita. Les autorités américains ont accordé ce lundi un nouveau sursis de 90 jours à Huawei, pourtant dans les radars de Washington, qui accuse la firme de Shenzhen de constituer le faux-nez de Pékin dans les réseaux de télécommunications américains. Cette extension de licence n’est pas la première que l’administration Trump accorde au constructeur chinois, cette dernière ayant déjà procédé de la sorte à deux reprises.
“La prolongation temporaire de la licence générale [accordée à Huawei] permettra aux opérateurs de continuer à desservir des clients dans certaines des régions les plus éloignées des États-Unis, qui autrement seraient laissés dans l’ignorance” de cette situation, a indiqué le secrétaire au Commerce américain, Wilbur Ross, pour justifier la position de Washington. “Le Ministère continuera de surveiller rigoureusement les exportations de technologies sensibles pour s’assurer que nos innovations ne sont pas exploitées par ceux qui pourraient menacer notre sécurité nationale”, a pourtant tenu à clarifier le responsable, alors que la “liste noire” des entités concernées par un tel traitement s’étend aujourd’hui à plus de 100 sociétés non-américaines.
La nouvelle prolongation de licence accordée par les autorités américaines correspondent quoi qu’il en soit à un changement de ton de la part de Washington, pour qui ces extensions n’avaient jusqu’ici pour but que de permettre aux opérateurs de se doter d’équipements non-étiquetés Huawei.
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Le constructeur chinois se défend et tacle Washington
De son côté, le constructeur chinois, qui se défend toujours de toute collusion avec le régime chinois, continue à soutenir que cette inscription sur la “liste noire” américaine est avant tout motivée par des raisons politiques, qui n’ont rien à voir avec la sécurité nationale des Etats-Unis. “Ces actions violent les principes de base de la libre concurrence sur le marché. Ils ne sont dans l’intérêt de personne, y compris des entreprises américaines”, déclarait ainsi l’état-major de Huawei en août dernier.
“Les tentatives visant à supprimer les activités de Huawei n’aideront pas les États-Unis à devenir un chef de file technologique. Nous appelons le gouvernement américain à mettre fin à ce traitement injuste et à retirer Huawei de la liste des entités”, avait également exhorté le fondateur et PDG de Huawei, Ren Zhengfei, au début du mois.
“Les États-Unis ont restreint le Huawei parce qu’ils veulent continuer à être dominants dans l’industrie de la haute technologie. Si le marché mondial continue de permettre aux États-Unis de se comporter comme bon leur semble, cela envoie un signal très dangereux”, avait également déclaré Abraham Liu, le responsable des relations avec l’UE, lors d’un discours tenu à Bruxelles au cours de l’été.
Des sanctions sans conséquences pour Huawei
Reste que les sanctions américaines ne semblent pas avoir de conséquences négatives sur la santé financière de Huawei. Le constructeur chinois a ainsi enregistré, au troisième trimestre de son exercice en cours, un chiffre d’affaires en hausse de 24,4 % par rapport à l’année dernière, à 77,8 milliards d’euros (610,8 milliards de yuans), pour une marge bénéficiaire nette de 8,7 %.
La firme de Shenzhen, qui figure au deuxième rang des fabricants de smartphones les plus puissants au monde derrière Samsung, a en outre annoncé avoir signé plus de 60 contrats commerciaux pour la fourniture d’équipements 5G, même si aucun de ces contrats ne concernerait des partenariats avec des sociétés américaines. Le constructeur a également indiqué avoir expédié plus de 400 000 unités d’antennes actives 5G Massive MIMO (AAU) sur les marchés mondiaux.
En ce qui concerne le marché des smartphones, le constructeur, qui a récemment présenté son Mate 30, consolide sa deuxième place au classement des plus gros vendeurs mondiaux après avoir vendu 185 millions d’appareils au cours des trois premiers trimestres de 2019. Avec ce chiffre, en hausse de 26% par rapport à l’année précédente, le constructeur démontre sa solidité malgré les sanctions qui le frappent actuellement, qu’elles viennent de l’administration Trump ou d’autres pays occidentaux.
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