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Les aveux de l’ex-prêtre Bernard Preynat : «Ça pouvait être 4 ou 5 enfants en une semaine…» &#

Avant même l’ouverture du procès, lundi, il avait promis de tout assumer. Toutes les agressions sexuelles sur les jeunes scouts dont il avait la charge. « À l’époque, je ne me rendais pas compte de la gravité de ces actes. Je savais que c’était interdit et condamnable, mais je ne pensais pas à leurs conséquences sur les victimes », assure ce mardi à la barre, avec des accents de sincérité, le père Preynat.

Ce qu’il avoue glace : « Ça arrivait tous les week-ends et pendant les camps (NDLR : de scouts), ce pouvait être quatre ou cinq enfants en une semaine ». Mais l’ancien prêtre de 74 ans, qui est jugé jusqu’à la fin de la semaine à Lyon pour des agressions pédophiles commises entre 1971 et 1991, se défend. « C’étaient des gestes sans violence, des gestes de tendresse par lesquels je trouvais un certain plaisir. Il m’a fallu du temps pour découvrir que c’était mal et condamné vu l’âge des enfants. »

Au fur et à mesure du déroulement de l’audience, au fur et à mesure que ses dix anciennes victimes défilent à la barre pour livrer leurs témoignages, glaçants, les attouchements répétés sous la tente des camps scouts, dans son bureau à la paroisse, dans la sacristie avant la messe, et même à l’arrière du car pendant les sorties, Bernard Preynat reconnaît de moins en moins la nature des agressions. Il semble les admettre jusqu’à ce qu’elles prennent un caractère réellement sexuel.

« Je confirme les caresses, les câlins, les bisous, sur les jambes, sur les cuisses, mais non, non, je n’ai jamais mis la main dans son slip, j’en suis sûr », assène-t-il face aux déclarations de Matthieu Farcot, comme de ses anciens camarades. Pourtant, pressé par la présidente du tribunal, il finit par lâcher : « Oui, c’est vrai, ça m’apportait un plaisir sexuel. Maintenant, je le reconnais. »

« Je reconnais, mais pas plus d’une dizaine de fois »

Il ne reconnaîtra pas plus les scènes décrites par un autre scout, qui souhaite rester anonyme et décrit comment Preynat glissait sa main dans son slip d’enfant et prenait sa main pour la glisser dans la sienne. « Il m’embrassait sur la bouche, je serrais les dents pour ne pas avoir sa langue », confie-t-il encore.

Bernard Preynat s’insurge. « Je ne me souviens pas de cette agression. Moi, ma manie, c’était les bisous sur les yeux, sur les sourcils, pas sur la bouche. » Face à Pierre-Germain Thill, qui vient déposer sur la barre, son ancien foulard de scout, et l’accuse d’une cinquantaine d’agressions, à la fois à l’église Saint-Luc, à la messe de son collège de la Favorite ou encore au camp scout, le prévenu s’élève une fois de plus. « Je reconnais lui avoir touché et caressé le sexe, mais pas plus d’une dizaine de fois, c’est sûr. »

Les souvenirs divergent. Les victimes mentiraient-elles ? « Je ne me permettrais pas de dire qu’elles mentent, mais je ne me souviens pas ! » se défend systématiquement l’ancien prêtre, aujourd’hui réduit à l’état laïc, en répétant après chaque témoignage, comme un refrain : « Je regrette ces agressions. À l’époque, pour moi, c’était de la tendresse. Je demande pardon et je reconnais les conséquences sur sa vie ».

« J’ai consulté, je pensais être guéri et j’ai recommencé »

Depuis 1991, année où la rumeur se répand au sein de la paroisse Saint-Luc à Sainte-Foy-lès-Lyon, année où les familles ont retiré pour la plupart leurs fils du groupe de scouts, année aussi où le cardinal Decourtray l’a éloigné discrètement de cette paroisse pour le déplacer dans une autre, il assure ne plus avoir touché d’enfant.


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Comment s’en est-il sorti ? A-t-il consulté ? « Je n’ai pas consulté, répond Preynat. Je l’avais fait en 1967 et 1968, j’étais tout content, je pensais être guéri et mes supérieurs ont considéré que je pouvais être prêtre, puis j’ai recommencé. »

Il raconte encore comment il s’est intéressé aux jeunes garçons dès son adolescence. « À 14 ou 15 ans, un éducateur m’a dit que j’étais un malade, un anormal. Il aurait mieux fait de me donner les clés pour m’en sortir, confie-t-il. Je n’ai jamais été satisfait de ça, ça m’a toujours tourmenté, et ça m’amène ici aujourd’hui. »

Le cardinal Decourtray le croit sur parole

Alors, après plus de vingt ans de pratiques sexuelles compulsives envers les jeunes garçons, il dit avoir trouvé en lui-même les ressources pour s’en est sortir. « Je me suis battu tout seul, je pensais que la psychothérapie ne servait à rien puisque je m’étais arrêté quelques mois et que j’étais retombé ».

Tout le monde, parents et hiérarchie, a en tout cas choisi de lui faire confiance malgré la force de ses démons. Le cardinal Decourtray (à l’époque archevêque de Lyon, décédé en 1994) lui-même a choisi de le croire sur parole. « En 1991, je lui ai promis de ne pas recommencer. En échange, il m’a dit qu’il me faisait confiance. Ce qui comptait pour lui, c’était l’avenir et pas le passé. Et j’ai tout fait pour ne pas recommencer », rapporte-t-il, « je ne dis pas que je n’ai pas eu de tentations, mais j’ai toujours résisté ».

Ses anciennes victimes, elles, émettent des doutes, même si aucun témoignage n’a été livré dans ce sens. « Après 1991, j’ai croisé le père Bernard à Neulise où il avait été muté. Il m’a appelé par sa fenêtre : Viens, Pierre-Emmanuel. Si j’y étais allé, je ne sais pas ce qui se serait passé. Mais je ne pense pas qu’on aurait joué aux petits chevaux. Je pense que les choses ne se sont pas arrêtées là. »

Le tribunal va étudier ce mercredi la personnalité du Bernard Preynat en recevant les deux psychiatres qui l’ont examiné dans le cadre de l’enquête.

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