Les autorités chinoises ont mis en place des contrôles de température corporelles pour contenir la propagation du coronavirus. — Handout / Ministry of Civil Aviation (MoCA) / AFP
Apparu pour la première fois en Chine mi-décembre, le nouveau coronavirus a pour l’heure touché plusieurs centaines de personnes et a coûté la vie à 17 d’entre elles.
Alors que son épicentre se situe dans la ville de Wuhan, ce nouveau virus se propage et a dépassé les frontières de la Chine, avec des cas recensés notamment au Japon, en Thaïlande, mais aussi aux Etats-Unis, qui viennent d’identifier un cas.
Ce mercredi, les autorités chinoises ont indiqué que le virus serait capable de muter, ce qui alimente davantage l’inquiétude que suscite cette nouvelle maladie.
« 2019-nCoV ». Quatre chiffres et quatre lettres qui suffisent à susciter une crainte mondiale. 2019-nCov, c’est le nom du nouveau coronavirus apparu en Chine, qui a fait à ce jour 17 morts et contaminé des centaines de personnes, selon un dernier bilan. Élément de crainte supplémentaire, ce virus pourrait muter, ont averti mercredi les autorités, attisant la peur d’une propagation mondiale.
Ce mercredi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est réunie à Genève pour déterminer s’il convient de déclarer une « urgence de santé publique de portée internationale », alors que plusieurs pays voisins de la Chine ont recensé des malades. Mais si le virus est capable de muter, qu’est-ce que cela signifie ? Faut-il craindre une propagation plus rapide ?
Un virus potentiellement capable de muter
Lors d’une conférence de presse à Pékin, le vice-ministre de la commission nationale de la Santé, Li Bin, a indiqué que le virus, qui se transmet par les voies respiratoires, « pourrait muter et se propager plus facilement ». Alors que des centaines de millions de personnes s’apprêtent à voyager à l’occasion du Nouvel an chinois, et qu’un premier cas de ce coronavirus a été détecté aux Etats-Unis, faut-il s’inquiéter ? « Les coronavirus sont une famille de virus dont on sait qu’ils peuvent muter et évoluer rapidement, comme cela a été le cas pour le SRAS, explique Sylvie Behillil, responsable adjointe du Centre National de référence des virus des infections respiratoires (CNR) – dont la grippe – à l’Institut Pasteur. C’est par la nature même de ce nouveau coronavirus que l’on émet l’hypothèse de possibles mutations. Mais pour l’heure, nous n’en avons aucune preuve ».
En pratique, « il est possible que le 2019-nCoV n’ait été au départ que peu pathogène, ne provoquant peu ou pas de signes notoires chez l’animal », indique le Pr Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’Hôpital Bichat, à Paris. Un virus d’abord quasi invisible et absent chez l’homme, donc indétectable. « L’une des hypothèses que nous émettons avec ce 2019-nCoV, et qui est basée sur des exemples passés d’épidémies causées par des coronavirus, est que le virus, présent au départ chez l’animal, ne pouvait pas être transmis à l’homme. Une mutation pourrait peut-être expliquer qu’il ait pu passer de l’animal à l’homme, puis qu’une transmission interhumaine ait été possible ».
Jugée peu probable il y a quelques jours encore, on sait donc aujourd’hui que la transmission interhumaine est avérée. « C’est une transmission par voies respiratoires, par gouttelettes projetées lorsqu’on parle ou éternue, mais aussi par un contact rapproché – de moins d’un mètre – et répété », décrit le Pr Yazdanpanah. Un mode de transmission comparable à celui du SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère), très semblable à ce nouveau coronavirus. Mais avant d’avoir l’impression d’être plongé dans le film Contagion de Steven Soderbergh, il faut savoir qu’un virus capable de muter ne signifie pas que tout le monde va mourir. « Les mutations peuvent entraîner une variété d’effets différents. Cela peut augmenter la contagiosité du virus en le rendant plus facilement transmissible entre les hommes, ou le rendre plus virulent. Mais elle peut aussi avoir l’effet inverse et le rendre moins virulent », rassure Sylvie Behillil.
La France « prête » à faire face au virus
Le plus important, « c’est qu’aujourd’hui, nous sommes en mesure de détecter ce virus, et de le faire rapidement », insiste le Pr Yazdanpanah. Le fait que les autorités chinoises « aient partagé sa séquence génétique nous a permis de travailler à l’élaboration d’un outil de dépistage, ajoute Sylvie Behillil. Un test diagnostique spécifique est ainsi en cours de développement au sein du CNR. Nous devons encore l’évaluer afin de déterminer s’il est suffisamment spécifique à ce coronavirus et s’il est assez efficace. Pour cela, nous avons commandé et élaboré des témoins positifs synthétiques du virus, que nous recevrons dans les prochains jours ». Ces témoins positifs, sorte de version simulée, permettront aux chercheurs de tester l’efficacité de leur outil diagnostic.
Pour l’heure, le 2019-nCoV n’a pas encore révélé tous ces secrets. « Nous ignorons encore la durée d’incubation », précise Sylvie Behillil. Mais pas de quoi s’alarmer avant l’heure. « En France, une surveillance active a été mise en place, et si un cas suspect était repéré, il ne pourrait être avéré sans passer par le CNR, assure-t-elle. Tout est fait pour que, en cas d’épidémie, nous soyons prêts à agir pour contenir la propagation ». Aujourd’hui, « nous sommes en capacité de pouvoir identifier ce virus, ce qui est déterminant pour contenir sa propagation, complète le Pr Yazdanpanah. Les protocoles sont établis et toute personne présentant les signes de la maladie est placée en quarantaine ».
Prévention et désinfection
En Chine, alors que le président Xi Jinping a appelé à « enrayer » l’épidémie, des mesures de prévention – notamment la ventilation et la désinfection dans les aéroports, les gares et les centres commerciaux – ont été mises en place. Des détecteurs de température corporelle pourront également être installés dans les sites très fréquentés, a-t-il annoncé. Une mesure « que n’a pas préconisée l’OMS parce qu’elle n’est pas infaillible », commente Sylvie Behillil. Nombre de pays ayant des liaisons aériennes directes ou indirectes avec Wuhan, la ville à l’épicentre de la maladie, ont renforcé les contrôles des passagers à l’arrivée, puisant dans leur expérience de l’épidémie du SRAS en 2002-2003, un virus de la même famille.
Si aucun cas de 2019-nCoV n’a pour l’heure été recensé en France, « des vols directs relient Wuhan à Paris », indique Sylvie Behillil. Xi Jinping a ainsi assuré par téléphone à Emmanuel Macron que la Chine avait adopté « des mesures de prévention et de contrôle strictes », selon des propos rapportés par l’agence Chine nouvelle. Côté français, « des informations sont communiquées à tous les voyageurs de retour de Chine pour les sensibiliser sur les risques éventuels de ce virus, expose Sylvie Behillil. Ainsi, toute personne présentant une infection respiratoire aiguë (fièvre, toux, essoufflement) dans les quinze jours suivant le retour d’un séjour en Chine doit composer le 15 ».
Enfin, comme pour tous les coronavirus, des mesures de bon sens, comme une bonne hygiène des mains, doivent être adoptées pour réduire au maximum les risques. « Il faut également garder à l’esprit que la grippe classique est présente en ce moment, en Chine comme en France, rappellent de concert Sylvie Behillil et le Pr Yazdanpanah. Donc en cas de symptômes, il faut porter un masque de protection, éviter les regroupements et veiller à se laver les mains très régulièrement ».
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