Aéroports de Paris (ADP) passe à la reconnaissance faciale. La société a annoncé le lancement d’une expérimentation autour de la reconnaissance faciale lors du dépôt des bagages et de l’embarquement à compter de 2020. Cette expérimentation, d’une durée d’une année, se déroulera dans l’aéroport d’Orly, comme le faisait savoir ce mardi le titre “L’Express”, et concernera les passagers de deux compagnies aériennes, dont Air France. Dans les faits, chaque passagers de ces deux compagnies aériennes seront invités à scanner leur visage auprès d’une borne spéciale, qui les immortalisera dans le but de mettre fin à l’attente lors du passage des postes frontières.
Reste que ce test sera scruté de près par la Cnil, qui veille particulièrement au grain. Contrairement aux règles en vigueur, les photos récoltées ne pourront ainsi pas être croisées avec les bases de données du ministère de l’Intérieur. De la même façon, les données biométriques récoltées seront purement et simplement supprimées à la fin du vol. Avec cette nouvelle expérimentation, les autorités veulent tester la possibilité de mettre en place un passeport biométrique de bout en bout, comme l’a fait savoir ADP à la rédaction de “L’Express”.
“Notre objectif est aujourd’hui un passage à l’échelle de la biométrie dans nos aéroports parisiens pour qu’en 2024-2025 elle jalonne de bout en bout le parcours passager”, a ainsi déclaré le groupe, dont l’avenir dans le giron public fait actuellement l’objet de spéculations.
Un projet soutenu par les autorités
Les autorités avaient déjà commencé à se pencher sur le passeport biométrique en juin 2018, avec le déploiement de nouveau sas Parafe (Passage Automatisé Rapide aux Frontières Extérieures) équipés d’un système de reconnaissance faciale dans les aéroports parisiens afin de rendre “plus fluides” les contrôles aux frontières. “On s’est donné l’objectif de pas dépasser 30 minutes d’attente pour les passagers de l’Union européenne et pas plus de 45 minutes pour les passagers hors Union européenne”, expliquait alors celle qui était encore ministre des Transports, Elisabeth Borne.
Si la reconnaissance faciale est aujourd’hui plébiscitée par les autorités, ce n’est pas le cas partout. Cette méthode est en effet de plus en plus pointée du doigt pour ses limites et ses biais qui peuvent conduire à des erreurs. La ville de San Francisco a ainsi approuvé en mai dernier une ordonnance interdisant à son service de police ainsi qu’aux autres services municipaux d’utiliser la technologie de reconnaissance faciale sur les résidents. Il s’agit de la première interdiction ciblant cette technologie aux Etats-Unis.
En France, la reconnaissance faciale a fait l’objet d’expérimentations controversées, notamment dans le cadre de la dernière édition du Carnaval de Nice, qui avait fait grincer des dents la Cnil. Celle-ci avait insisté sur le fait que cette expérimentation devait reposer sur le consentement “libre et éclairé” des personnes volontaires pour ce premier test sur le sol français, tout en regrettant que, “depuis l’entrée en application du RGPD, les dispositifs biométriques ne sont plus soumis à autorisation préalable de la CNIL”. L’expérimentation, pour laquelle un millier de volontaires avaient été mis à contribution et qui reposait sur un dispositif de six caméras de vidéosurveillance, avait duré deux jours. Celle-ci avait été menée en partenariat avec la société Confidentia et reposait entièrement sur l’outil AnyVision, dont les mérites avaient été vantés par un porte-parole de la société, ce dernier indiquant que celui-ci “permet de reconnaître quelqu’un même si la photo a trente ans”, que ce soit de face ou de profil.
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