Le placement en redressement judiciaire de Kosc, assorti d’une période d’observation de six mois, ne rassure pas les différents acteurs des télécoms d’entreprise. Après le groupe Convergence, qui appelait début décembre l’Etat à sauver l’opérateur alternatif de gros, voilà qu’Infranum en appelle cette fois à l’exécutif “pour que celui-ci adopte une position claire, à son tour, vis-à-vis du futur repreneur de Kosc et des engagements que ce dernier devrait prendre sur le marché de gros”.
Pour la fédération, qui représente 200 entreprises spécialisées dans la connexion des territoires, il y a urgence à agir afin de sauvegarder la concurrence sur le front des télécoms d’entreprises. Une concurrence mise à mal par le naufrage, évité de justesse, de Kosc, qui devait à l’origine s’imposer comme le challenger numéro un des mastodontes du secteur, Orange Business Services et SFR Business. Si la situation apparait encore compliquée, Infranum estime que le placement en redressement judiciaire ouvre aujourd’hui la porte à tous les possibles.
“Le pire a été évité : la liquidation judiciaire, situation qui aurait fragilisé tout un écosystème, faisant craindre aux opérateurs alternatifs une interruption de service pour leurs clients”, estime la fédération, présidée par Etienne Dugas. A l’instar de Sébastien Soriano, le président de l’Arcep, qui donnait la semaine passée sa préférence à une reprise de l’opérateur wholesale-only par un acteur de ce type, Infranum se dit également favorable à ce que la poursuite d’activité de Kosc s’effectue “via un modèle d’opérateur actif uniquement sur le marché de gros”.
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Un faible pour un acteur neutre
Cette position sera-t-elle suivie d’effets ? Rien n’est moins sûr. “Devant le tribunal de commerce, le repreneur n’aura aucune obligation légale de conserver l’objectif premier de Kosc ni la stratégie souhaitée par le régulateur, c’est à dire demeurer un opérateur de gros neutre et engagé pour dynamiser la concurrence sur le marché entreprise”, regrette cette dernière, qui appelle l’Etat à se montrer aussi volontariste que l’Arcep sur la question.
Et de prévenir : “soit c’est un acteur neutre qui sort de cette reprise, avec des engagements officiels, soit l’Arcep devra prendre ses responsabilités à nouveau pour des actions de régulation fortes et rapides dans le cadre du nouveau cycle d’analyse de marché”.
“Nous n’imaginons pas que l’Etat reste spectateur devant la possibilité d’une telle débâcle. Il ne s’agit pas tant de l’entreprise Kosc que de la pérennité du développement des opérateurs qui en sont clients, du sauvetage des milliers d’emplois associés sur le territoire et, in fine pour le Gouvernement d’assumer le choix politique de la numérisation des entreprises en passant des paroles aux actes”, estime la fédération.
L’Arcep se veut vigilante
La position de celle-ci, qui se montre favorable à la présence d’une opérateur neutre chargé de commercialiser de la connectivité en gros aux opérateur alternatifs, rejoint celle exprimée par le président de l’Arcep, Sébastien Soriano, fervent promoteur de ce modèle concurrentiel.
Interrogé la semaine passée dans les colonnes de “La Tribune”, ce dernier a donné sa préférence à un repreneur de type opérateur wholesale-only pour Kosc. Si l’avenir de l’opérateur est désormais entre les mains de la justice, ce dernier a indiqué que “l’important, c’est qu’une activité de gros volontariste soit structurellement garantie”.
Rappelons que le tribunal de Commerce de Paris a placé l’opérateur wholesale-only, en grandes difficultés financières depuis plusieurs mois, en redressement judiciaire à la fin du mois de novembre, une procédure assortie d’une période d’observation de six mois. L’opérateur de gros alternatif, qui s’était mis sur le marché en septembre dernier via un mandat de vente accordé à la banque d’affaires Rotschild, est toujours à la recherche de repreneurs. Alors qu’un appel d’offres devrait être publié par l’administrateur judiciaire et validé par le tribunal de Commerce de Paris dans les prochains jours, différents repreneurs potentiels ont été cités dans la presse ces derniers jours, à l’instar d’OVH (actionnaire historique de Kosc), Bouygues Telecom ou Free.
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