Jacky Isabello est le fondateur de CorioLink, une agence de communication et de relations publiques.
Le Président français Emmanuel Macron a demandé avec insistance mercredi à des policiers israéliens de bien vouloir le laisser entrer dans l’église Sainte-Anne de Jérusalem, dans une scène rappelant un incident qui avait impliqué Jacques Chirac dans les années 90. «I don’t like what you did in front of me» a crié M. Macron à un policier israélien, lui demandant de quitter l’église française située dans la vieille ville de Jérusalem.
Usant habituellement d’un anglais de très bon niveau avec un accent légèrement américain, il vocifère cette fois-ci en adoptant un accent plus proche des borborygmes verbaux de son prédécesseur que de «l’Oxbridge» english niveau B2 au TOEIC dont il est coutumier lorsqu’il prend la parole au Forum de Davos ou qu’il décoche, sous la forme d’une provocation à son principal amour contrarié Donald Trump, «Make our planet great again».
N’est pas Chirac qui veut
On aimait le Président Chirac aussi parce qu’il parlait mal anglais. Mais nous nous sommes également délectés de l’authenticité, de l’autorité et de l’aplomb avec lesquels il avait su remettre à sa place les services de sécurité israéliens en son temps. Cette scène livra une image très rare de ce Président certes un peu pincé à la télé, mais peu coutumier des sautes d’humeur. Connu essentiellement pour son physique dégingandé et ses «bonjour» enjoués et uniformes. Cette séquence, parce qu’elle était surprenante, sidérante, fut importante dans l’affection que porta tardivement le peuple français à l’endroit de ce chef d’État encore mal cerné à l’époque par son peuple.
La scène contrefaite d’un Macron héritier putatif de Chirac ne transpirait nullement l’authenticité.
Emmanuel Macron a-t-il voulu rejouer cette scène de manière théâtrale? L’art de la mise en scène innerve ses comportements. On l’a vu disperser de multiples symboles sur sa photo officielle, ou encore se faire hélitreuiller sur un SNLE. Il a même été conteur de Pierre et le Loup à l’occasion d’un spectacle confidentiel donné à l’Élysée au cours duquel il récita des vers du conte de Prokofiev face au personnel du Palais et à de nombreux enfants.
Pourtant, devant l’entrée de l’église Sainte-Anne de Jérusalem, la scène contrefaite d’un Macron héritier putatif de Chirac ne transpirait nullement l’authenticité, et révélait davantage de l’autoritarisme que de l’autorité, voire flirtait tout simplement avec le ridicule – loin de l’aplomb sans doute recherché. De plus, autant le caractère exigu et étouffant de la rue dans laquelle se trouvait Chirac transférait au téléspectateur, par l’entremise des images filmées, un sentiment proche de la claustrophobie ; sentiment amplifié par une image elle-même écrasée puisqu’il est possible de ressentir les gens agglutinés. Autant la réplique macroniste transpirait l’opportunisme et l’immobilisme. Le décor n’est pas le même. Dans les gestes saillants du Président Macron ne transparaissent que le caprice et l’agacement. Or pour de nombreux Français, Macron a abattu plus que de raison sa carte de l’autorité et de l’arrogance. Pas sûr qu’il recueille à la suite de cette séquence beaucoup de louanges, que ce soit en provenance des commentateurs des plateaux de télévision ou directement sur les réseaux sociaux. Chirac avait su se donner une allure populaire, Macron ne parvient pas à se départir d’une arrogance chèrement acquise à coups de provocations langagières qu’il traîne désormais tel un boulet.
La séquence peine donc à convaincre.
Et qouvenons-nous d’Audiard: «quand le type de 80kg parle, le type de 60 écoute»! Macron n’a pas la carrure d’un Chirac…
La séquence peine donc à convaincre. Jusqu’ici resté silencieux, laissant son Premier ministre gérer avec tact une partition complexe et sensible de la réforme des retraites, Macron s’était réfugié dans la gestion de l’essentiel. Il en sort de la moins glorieuse des manières… N’est pas Chirac qui veut, et le plagier avec peu de talent, this is not a method, Monsieur le Président!
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