Il y a beaucoup d’incertitude dans le monde de l’informatique quantique. Et cela va du comportement bizarre des qubits jusqu’à la question de savoir quelles entreprises vont pouvoir en profiter. IBM a saisi l’occasion du CES pour pousser sa vision du quantique et pour détailler sa liste de clients.
Lors de la conférence de Las Vegas, le directeur de la recherche d’IBM, Dario Gil, a même comparé la période actuelle au lancement en 1944 de Colossus. Colossus ? Le premier ordinateur électronique à grande échelle, installé dans le quartier général de déchiffrement de la Grande-Bretagne en temps de guerre, à Bletchley Park.
IBM espère sans doute que son dispositif quantique Q System One, présenté il y a exactement un an, restera dans les mémoires dans des termes similaires à ceux de son illustre prédécesseur.
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15 appareils ont été déployés
Depuis le lancement en janvier dernier du Q System One d’IBM, 15 appareils ont été déployés. Il s’agit d’un ordinateur quantique de 20 qbits enfermé dans un boîtier en verre étanche où, selon l’entreprise, les qubits sont suffisamment stables pour effectuer des calculs quantiques fiables et continus.
Spoiler : avec seulement 20 qubits, l’ordinateur ne peut pas vraiment faire grand-chose. Bien que vous ayez entendu dire que la technologie quantique pourrait résoudre des problèmes allant du changement climatique aux maladies contagieuses, cela ne se produira que lorsque les ordinateurs quantiques deviendront plus puissants.
La raison pour laquelle les appareils d’IBM sont encore limités, a expliqué Winfried Hensinger, professeur de technologies quantiques à l’Université du Sussex, est que les appareils quantiques reposent sur des qubits supraconducteurs qui doivent être refroidis jusqu’à -273 degrés Celsius.
Les systèmes de réfrigération ne peuvent tolérer qu’un nombre limité de qubits à l’heure actuelle
Les systèmes de réfrigération ne peuvent tolérer qu’un nombre limité de qubits à l’heure actuelle, ce qui explique en partie pourquoi les ordinateurs d’IBM ne peuvent pas encore atteindre les “millions ou milliards de qubits qui seraient nécessaires pour certaines des applications vraiment intéressantes d’un ordinateur quantique” a déclaré M. Hensinger à ZDNet.
Cela ne veut pas dire pour autant que Q System One n’est pas une avancée. IBM présente l’appareil comme un prototype, pour que l’industrie et les entreprises puissent tester la technologie et déterminer comment elle pourrait être appliquée pour résoudre leurs problèmes.
En d’autres termes, l’entreprise sort le quantique du laboratoire et l’introduit dans le monde réel. “Ce qui est vraiment impressionnant dans l’effort d’IBM, c’est son engagement à fournir l’informatique quantique à des utilisateurs qui n’auraient pas entendu parler de la technologie quantique autrement” a déclaré M. Hensinger. “C’est utile pour tout le monde.”
“Exploiter le quantique pour en tirer un avantage scientifique et commercial”
Mais il ne s’agit pas seulement de Q System One. IBM gère également un réseau de développeurs et de professionnels de l’industrie du cloud, conçu pour faire progresser collectivement l’informatique quantique. Lancé en 2016, le “Q Network” donne accès aux experts de l’entreprise, aux outils de développement et aux systèmes quantiques dans le cloud que les entreprises peuvent tester.
Gil a annoncé que plus de 130 milliards d’exécutions ont été effectuées sur le Q Network, et que 100 partenaires commerciaux, dont Delta Airlines, Goldman Sachs et ExxonMobil, ont adhéré à ce réseau.
“Le but ultime, a dit M. Gil, est d’exploiter le quantique pour en tirer un avantage scientifique et commercial, et cela se produira certainement au cours de la présente décennie”.
Lutte au sommet entre IBM et Google
L’avantage de l’informatique quantique (Quantum advantage) se produira quand un ordinateur quantique pourra démontrer un avantage significatif de vitesse par rapport à un ordinateur classique. Et IBM a clairement fait savoir qu’il veut être le pionnier de cette réalisation. Mais il se heurte à de grands noms qui se battent pour le même objectif.
Au cours des derniers mois, Google, par exemple, a affiné ses capacités quantiques et a affirmé que son ordinateur de 53 qubits avait pris trois minutes et 20 secondes pour effectuer un calcul qui aurait pris 10 000 ans à un ordinateur classique. Les chercheurs d’IBM se sont empressés de rejeter les conclusions de Google, arguant que l’expérience du géant de la technologie avait sous-estimé les ressources des ordinateurs classiques.
Il semble que la prochaine décennie pourrait être celle de la compétition quantique entre ses acteurs. “Il est beaucoup trop tôt pour prédire qui sera en tête de la course à l’informatique quantique” a déclaré M. Hensinger.
“Les capacités techniques seront d’une importance cruciale pour décider de cela et ces capacités seront développées au cours des dix prochaines années” assure IBM.
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Source : “ZDNet.com”
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