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Inde : autorisé au départ du déploiement de la 5G, Huawei le sera-t-il à l’arrivée ?

Inde : autorisé au départ du déploiement de la 5G, Huawei le sera-t-il à l'arrivée ?

Il y a quelques jours, un événement a bouleversé le monde des télécoms en Inde. Le ministre responsable du secteur des télécommunications dans le pays, Ravi Shankar Prasad, a indiqué que « des essais 5G seront faits avec tous les fournisseurs et opérateurs… Nous avons pris la décision de principe de donner le spectre 5G pour ces expérimentations ».

Si cette annonce pourrait apparaître totalement banale, la réalité est loin d’être aussi évidente. Alors que le gouvernement indien prévoit aujourd’hui de céder 8 644 MHz de spectre national au tarif de 70 millions de dollars par MHz à l’occasion du déploiement de la 5G, l’annonce du gouvernement contenait en effet une information implicite et non vérifiée qui pourrait se révéler totalement électrique pour l’ensemble de l’immense marché indien.

Celle-ci concerne bien évidemment Huawei, le fabricant chinois d’équipement de réseau et de smartphones, qui devrait finalement être autorisé à participer au déploiement des réseaux 5G du pays. Et ce, en dépit des pressions intenses exercées par les Etats-Unis pour que le gouvernement indien s’abstienne de remettre à l’entreprise chinoise ce précieux contrat, pour des raisons de protection de la sécurité nationale.

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L’Europe, le dernier refuge de Huawei

Si aucun contrat de déploiement de réseau 5G n’a encore été accordé à Huawei, dont la présence n’a été autorisée que pour les prochaines expérimentations 5G, la décision de permettre à l’entreprise chinoise de participer aux essais a d’importantes ramifications.

Cela signifierait que l’Inde a mis de côté les allégations des Etats-Unis selon lesquelles Huawei espionne différents pays par le biais de ses équipements réseau. Cette thèse, qui fait de Huawei le “Cheval de Troie” de Pékin au sein des réseaux de télécommunication étrangers, est ardemment soutenue par l’administration américaine, qui a su rallier à sa cause des pays comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon et Taïwan, amenant ces derniers à interdire purement et simplement la présence du constructeur chinois sur leurs sols.

A contrario, la présence de la firme de Shenzhen est encore “tolérée” dans des pays comme la France, les Pays-Bas, la Russie et la Corée du Sud. Il en va de même pour la Suisse, où l’entreprise suisse Sunrise s’est associée à Huawei pour construire un centre de recherche. En ce moment, l’Europe a une influence considérable sur les résultats de Huawei, surtout si l’on considère que la moitié de ses 65 contrats 5G proviennent de ce continent.

Faire fi des méfiances pour New Delhi

Pourtant, contrairement à ses homologues européens, l’Inde n’a jamais été totalement convaincue de l’innocence de Huawei, alors que les autorités indiennes avaient déjà accusé le constructeur chinois de pirater ses réseaux via l’exploitation de portes dérobées à des fins de surveillance. Les tensions entre l’Inde et son voisin chinois, avec qui New Delhi avait mené une guerre frontalière larvée en 1962, ne sont d’ailleurs pas pour rien dans cette méfiance avérée.

Cependant, si Huawei est sélectionnée par les compagnies de téléphone indiennes pour leurs constructions 5G comme elle l’a déjà été lors du déploiement de la 3G et de la 4G, cela signifierait de manière irréfutable que le commerce triomphe à la fois sur la sécurité nationale et sur le chauvinisme indien.

La Chine est le plus grand partenaire commercial de l’Inde. Des estimations récentes calculent que l’Inde pourrait augmenter son commerce avec la Chine d’au moins 20 milliards de dollars au cours des prochaines années. Il ne faut pas non plus oublier que 66 % des smartphones indiens sont fabriqués en Chine. La Chine a également averti l’Inde que l’exclusion de Huawei de la participation à la construction de la 5G du pays pourrait avoir de graves conséquences économiques.

Gagnant-gagnant

Les acteurs de l’industrie apprécient Huawei pour des raisons de qualité, et pour les prix pratiqués par le géant chinois. Rappelons que l’un des champions de l’économie indienne, Sunil Mittal, fondateur de l’un des ” Big Three” de l’Inde, a exhorté le gouvernement indien d’autoriser la société chinoise à participer aux essais à venir, déclarant que son matériel pour les phases 3G et 4G était supérieur à celui de fournisseurs européens tels qu’Ericsson et Nokia – les autres fournisseurs actifs en Inde – mais aussi de Samsung ou de ZTE.

Airtel a déjà choisi Nokia, Huawei et Ericsson pour ses essais en 5G, tandis que Jio a choisi Samsung et que Vodafone s’appuie pour sa part sur Ericsson et Huawei. Avec cette autorisation, le message est donc passé : la thèse du “Cheval de Troie” ne suffira pas aux autorités indiennes pour interdire la présence de Huawei au sein de ses réseaux de télécommunication. De son côté, le constructeur chinois, ébranlé par les sanctions américaines, peut voir cette décision comme une bulle d’oxygène alors que son PDG, Ren Zhengfei, a d’ores et déjà déclaré que l’exercice 2020 de la société serait beaucoup plus compliqué que les précédents.

Pour faire simple, il s’agit d’une opportunité, et personne ne peut se permettre de la perdre.

Source : ZDNet.com

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