Une situation imprévisible et qui nécessite de l’adaptation : l’incident des Bouffes du Nord fait partie des scénarios redoutés par les spécialistes de la protection. Depuis plusieurs mois, le GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République) et les autres services spécialisés du ministère de l’Intérieur ont revu leurs pratiques.
« L’environnement a changé, ce qui nous force à nous réinventer, résume Abdelhalim, délégué du syndicat Alliance au service de la protection. Nous devons intégrer un paramètre nouveau : l’existence de mouvements disruptifs – hier, les Bonnets rouges, aujourd’hui les Gilets jaunes – très alertes sur les réseaux sociaux, d’où ces points de fixation spontanés. »
Une source policière indique que le nombre d’officiers de sécurité (OS) au contact, quatre en temps normal, n’a pas été augmenté. Le principe du « triangle » entourant la personnalité reste lui aussi d’actualité. Mais les « précurseurs », chargés de repérer le terrain, sont désormais envoyés le plus en amont possible.
VIDÉO. Manifestation anti-Macron devant un théâtre parisien
Le changement le plus notable porte en fait sur l’équipement. « Nous embarquons de puissants diffuseurs de gaz lacrymogène s’il faut se dégager », explique un membre d’une unité de protection spécialisée. Du matériel inspiré par le maintien de l’ordre, alors que les OS, par discrétion, voyageaient d’ordinaire légers. Une attention plus grande est portée aux bulletins d’information de la préfecture de police et des services de renseignement afin de prévoir au mieux les itinéraires, la crainte étant de se retrouver au beau milieu d’un rassemblement.
«Résurgence de l’extrême gauche violente»
D’où cette veille permanente sur les réseaux sociaux. « Nous avons été très vite alertés des messages émis depuis les Bouffes du Nord, ce qui explique la réactivité de l’intervention des CRS stationnés porte de la Chapelle », se félicite une autre source policière. Lors des déplacements officiels, le plus voyant reste cette « bulle » de protection qui a enflé au fil du temps : les badauds sont tenus à distance respectable, les premiers points de filtrage étant parfois positionnés à une dizaine de kilomètres…
« Les invectives fusent, mais je ne pense pas que le risque de coups portés contre une autorité soit le danger numéro un. Nous restons dans le cadre d’un mouvement social. Rien de comparable avec le terrorisme », relativise un homme de l’art.
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Le pire est-il à venir ? Les services du renseignement territorial notent un durcissement de certains grévistes contre la réforme des retraites. En Seine-Saint-Denis par exemple, ils observent que des cheminots se radicalisent à la manière de ceux que désormais on désigne sous l’appellation d’« ultra-jaunes ». La « résurgence de l’extrême gauche violente » est, selon eux, perceptible sur les piquets de grève des centres bus RATP.
« En l’espace d’un an et demi de présidence (NDLR : avant la crise des Gilets jaunes), les menaces contre Emmanuel Macron avaient déjà dépassé celles enregistrées pendant tout le quinquennat de François Hollande », confiait il y a quelques mois un cadre du renseignement.
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