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« Impeachment » de Trump : Les nouveaux documents qui mettent à mal la défense du président américai

Rudy Giuliani est l’un des avocats personnels de Donald Trump. — C.KASTER/SIPA


« Cher président-élu Zelensky. » C’est ainsi que commence la lettre adressée en mai 2019 par Rudy Giuliani à celui qui vient de remporter l’élection présidentielle ukrainienne. Cette missive écrite par l’avocat personnel de Donald Trump, plusieurs notes manuscrites et des SMS font partie d’une série de nouveaux documents publiés par les démocrates de la Chambre dans le cadre de l’impeachment du président américain.

Ces documents ont été fournis par Lev Parnas, l’un des deux associés de Giuliani récemment inculpés dans une autre affaire de financement illégal de campagne, qui a décidé de collaborer avec les démocrates. Mais alors que la procédure d’impeachment vient d’être transmise au Sénat, où doit s’ouvrir le procès de Donald Trump ce mardi, reste à voir si ces documents – et d’autres – pourront être exploités, et quel impact ils auront sur les élus républicains pressés d’acquitter le président américain. Donald Trump, lui, a pris ses distances avec Giuliani, assurant que son avocat n’était pas allé en Ukraine à sa demande, mais qu’il avait suivi cette piste de son propre chef.

Giuliani a demandé un tête-à-tête avec Zelensky

On savait déjà que l’ancien maire de New York s’était rendu en Ukraine à la recherche d’informations compromettantes sur une prétendue corruption de Joe Biden et de son fils Hunter, qui a travaillé pour la compagnie gazière ukrainienne Burisma quand son père était vice-président. Cette lettre révèle que Giuliani a demandé un tête-à-tête avec le président Zelensky au printemps dernier – qui n’a jamais eu lieu. Il a sollicité cette rencontre dans son rôle « d’avocat personnel du président Trump », qui « est au courant et a approuvé » cette requête.

BREAKING: Rudy Giuliani admits that this letter — sent directly to President Volodymyr Zelensky on May 10 — was in reference to Joe Biden and “collusion in Ukraine.” “I was seeking information as a private counsel seeking exculpatory evidence for his client,” Giuliani texts me. pic.twitter.com/xHLw0VJiPp — Chris Sommerfeldt (@C_Sommerfeldt) January 15, 2020

Ces détails mettent à mal la défense de Donald Trump. Le président américain répète que lorsqu’il a dit à Zelensky « J’aimerais que vous nous fassiez une faveur » dans sa conversation téléphonique de juillet 2019, le « nous » faisait référence aux « Etats-Unis ». Mais Giuliani précise qu’il représente Trump « le citoyen privé » et pas « le président américain ». L’avocat parle également « des problèmes du passé » de l’Ukraine, une référence, semble-t-il, à la corruption endémique du pays, mais il termine en évoquant « une requête plus précise ». Giuliani a confirmé à plusieurs médias américains qu’il s’agissait bien d’une référence à Joe Biden.

« Obtenir de Zelensky qu’il annonce l’ouverture d’une enquête sur les Biden »

Lev Parnas, un citoyen américain né en Ukraine, faisait office de « fixeur » pour Giuliani à Kiev. Il a pris une série de notes de ce qui serait, selon son avocat, des conversations téléphoniques qu’il a eues avec Rudy Giuliani. Il a notamment écrit sur un bloc-notes : « Obtenir de Zelensky qu’il annonce l’ouverture d’une enquête sur les Biden. »

Among the evidence just produced by the House Intelligence Committee – a note from Parnas saying “get Zalensky to Annonce that the Biden case will be investigated” pic.twitter.com/nswPgc1kmF — Nicholas Wu (@nicholaswu12) January 14, 2020

Ce point est au cœur de l’acte d’accusation voté par les démocrates sur un « abus de pouvoir » de Donald Trump. Ils accusent le président américain d’avoir fait pression sur son homologue en suspendant 400 millions d’aide militaire à l’Ukraine afin de le forcer à annoncer l’ouverture d’une enquête sur les Biden.

Selon les témoignages de plusieurs diplomates, Zelensky devait s’exécuter lors d’une interview prévue le 13 septembre sur CNN. Entre temps, un lanceur d’alerte s’est manifesté, et Washington a commencé à bruisser de rumeurs. Le 11 septembre, l’aide a finalement été débloquée sans explication. Et l’interview de Zelensky sur CNN annulée. Selon les démocrates, cette chronologie prouve que Donald Trump a mis en danger la sécurité nationale des Etats-Unis pour son gain politique personnel. Il leur manque toutefois une preuve irréfutable, un point auquel se raccrochent de nombreux élus républicains.

L’ambassadrice américaine sous surveillance

Nommée par Obama, Marie Yovanovitch était l’ambassadrice des Etats-Unis en Ukraine. Considérée comme une championne de la lutte anticorruption, elle a été rappelée par Donald Trump en mai 2019, après une campagne orchestrée par un ex-procureur ukrainien à laquelle semblent avoir participé Rudy Giuliani et Lev Parnas. Les nouveaux documents publiés incluent des SMS envoyés par l’ex-procureur Lutsenky à Parnas exigeant le limogeage de Yovanovich. « Si vous ne prenez pas une décision sur Madame, je pourrais revenir sur toutes mes déclarations. Y compris sur B. » Au vu de leur conversation, B serait pour « Biden ».

These texts from former congressional candidate Robert Hyde to Lev Parnas, about his surveillance of Ambassador Yovanovitch, are incredibly creepy. pic.twitter.com/qerUWh82Hc — Susan Simpson (@TheViewFromLL2) January 14, 2020

Enfin, des messages WhatsApp entre Lev Parnas et un nouveau protagoniste – Robert Hyde, un donateur du parti républicain candidat à une élection locale – semblent indiquer qu’ils surveillaient étroitement l’ambassadrice. « Elle a parlé à trois personnes. Son téléphone est éteint. Son ordinateur aussi », écrit Hyde. « Ils sont prêts à nous aider si nous/vous y mettons le prix. « Mes contacts demandent quelle est l’étape suivante. Si vous voulez qu’elle parte («if you want her out » peut signifier « qu’elle parte » ou quelque chose de plus sinistre), ils ont besoin de contacter les forces de sécurité ».

Robert Hyde était-il sérieux ou bluffait-il ? Rudy Giuliani était-il au courant ? A l’heure actuelle, ces SMS manquent de contexte. Mais Marie Yovanovitch, qui avait témoigné craindre pour sa sécurité, a demandé l’ouverture d’une enquête. Laissé en liberté en attendant son éventuel procès, Lev Parnas, lui, sera interviewé sur MSNBC mercredi soir.

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