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“Il est possible qu’il y ait des cas en France, mais pas d’épidémie” : ce qu

Mode de transmission, dangerosité, prévention… Le point avec le professeur Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses à l’hôpital Bichat à Paris, directeur de l’Institut de l’infectiologie à l’Inserm et expert auprès de l’OMS.


Le système de santé est prêt si un cas de coronavirus chinois survenait en France, a annoncé mardi 21 janvier au soir Agnès Buzyn, la ministre de la Santé. 36 hôpitaux de référence peuvent accueillir des malades sur tout le territoire. De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé une enquête pour essayer de comprendre ce virus.

Un point sur ce que l’on sait avec le professeur Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses à l’hôpital Bichat à Paris, directeur de l’Institut de l’infectiologie à l’Inserm et expert auprès de l’OMS.

Qu’est-ce que ce coronavirus a de plus que les autres ?

Yazdan Yazdanpanah : Les coronavirus sont une grande famille de virus qui sont à l’origine des infections respiratoires. Ça peut aller d’un simple rhume jusqu’à une infection respiratoire sévère. Là, c’est un virus particulier de la famille. On n’en connaît pas exactement la gravité. On sait qu’il peut se transmettre de personne à personne, d’homme à homme. Mais on ne sait pas exactement l’ampleur. Donc, il y a des nouveautés, même s’il y a beaucoup de similitudes avec les autres, notamment avec le SRAS.

La transmission d’homme à homme se fait comment ? Par les voies respiratoires, c’est-à-dire les postillons, l’air qu’on respire ?

En général, les transmissions se font dans les contacts rapprochés, moins de 1 m, à travers les postillons et par voie respiratoire.

Pour le moment, on observe le décès de moins de 5% des malades. Est ce qu’on craint un taux de mortalité particulièrement élevé ?

C’est trop tôt pour le dire. Il y a 400 cas, il y a 9 décès. Ça donne une idée que la mortalité est moins élevée que le SRAS mais reste importante. Le SRAS, c’était en 2002-2003. Il y a eu 8 000 cas, près de 800 morts donc 10% de mortalité. Là, on a l’impression que c’est moins grave.

Les autorités chinoises ont dit qu’il fallait s’attendre à ce que ce virus mute. Ça signifie quoi?

Ça veut dire que le virus devient plus grave, plus transmissible, peut-être aussi plus dangereux. Mais je pense que ce n’est pas le risque actuel. Le risque actuel, c’est déjà de savoir ce qu’est ce virus, et c’est d’arrêter vraiment la transmission.

Est ce qu’on peut l’arrêter ? On n’arrive pas pour l’instant à stopper la propagation. Comment faudrait-il faire ?

Pour l’arrêter, il faut détecter les cas très rapidement et isoler. [Entre le moment où on attrape le virus et où on a de la fièvre, il s’écoule] probablement sept à quatorze jours. [On n’est] probablement pas [contagieux à cette période]. En général, avec le coronavirus, on est contagieux à partir du jour où on a des symptômes. La grippe, un jour avant les symptômes. Donc le coronavirus, si ça se confirme, est beaucoup plus facile à arrêter que par exemple, un virus de grippe.

La France est pour l’heure épargnée. Doit-on craindre ce coronavirus ?

Il est possible qu’il y ait des cas parce que la mondialisation, les voyages… Mais par contre, de dire qu’il y a une épidémie en France ? Non, je ne crois pas.

Les États-Unis ont mis en place depuis plusieurs jours des contrôles de température dans les aéroports pour voir si les passagers ont de la fièvre. Pourquoi on ne fait pas la même chose en France aujourd’hui?

En France, on a mis en place l’information dans les avions, des affiches : si vous avez de la température, signalez-vous ! Mais effectivement pas de détection de température. C’est assez controversé. Tout le monde n’est pas d’accord sur l’efficacité. On peut prendre aussi un Efferalgan pour ne pas avoir de la fièvre.

Ce virus se soigne ?

On a fait beaucoup de progrès depuis 2012- 2013, mais il n’y a toujours pas de traitement contre le coronavirus. Par contre, on peut mettre en place des traitements symptomatiques qui peuvent diminuer largement la mortalité.

[Des pays et laboratoires avaient lancé des recherches à l’occasion de l’épidémie de SRAS en Chine avec, à la clé plusieurs médicaments et vaccins qui sont encore en cours de test. Avec l’épidémie actuelle, le processus pourrait s’accélérer. L’OMS envisage d’autoriser les chercheurs à tester ces médicaments et vaccins dans les prochaines semaines sur des malades.]

Si le virus arrive en France, que doit-on faire ?

On peut continuer à se faire la bise. Mais il faut être vigilant. Je pense que c’est aussi l’occasion de faire passer des messages aux gens qui ont des signes respiratoires, qui toussent, qui crachent, etc. C’est bien de porter un masque.A lire aussi Sujets associés

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