Nouveau revirement dans la bataille rangée qui oppose la Maison Blanche à la firme de Shenzhen. Contre toute attente, l’administration Trump a indiqué qu’elle pourrait assouplir l’interdiction qui empêche les entreprises américaine de commercer avec Huawei. Selon les informations du “New York Times”, des licences commerciales pourraient ainsi être accordées à certaines entreprises américaines pour permettre à ces dernières de vendre des produits jugés “non sensibles” au constructeur chinois, pourtant impliqué dans la guerre d’usure à laquelle se livrent les Etats-Unis et la Chine depuis l’avènement de Donald Trump aux fonctions de président des Etats-Unis.
Le quotidien américain révèle ainsi que le pensionnaire de la Maison Blanche aurait annoncé, lors d’une réunion tenue la semaine passée, avoir donné son “feu vert” à la délivrance d’un nombre limité de licences commerciales à certaines entreprises, afin de leur permettre de contourner une interdiction de commerce avec Huawei et de fournir au fabricant chinois certains produits.
Au même moment, la Consumer Technology Association relevait que la mise en place de nouveaux droits de douane sur les produits chinois avait coûté environ 1,3 milliard de dollars à l’industrie technologique américaine au cours des derniers mois. Au total, trois séries de droits de douane supplémentaires imposés auraient un impact de 250 milliards de dollars sur les produits américains s’ils étaient appliqués, ce qui pourrait advenir si Pékin et Washington ne réussissent pas à sortir de l’impasse que constitue la guerre commerciale à laquelle se livrent ces derniers.
Huawei visée par une levée de bouclier en Europe
Pour rappel, Huawei, déjà dans le collimateur de l’administration américaine depuis plusieurs années pour des collusions supposées avec le pouvoir politique chinois, a été ajouté au printemps dernier à la “liste noire” du département du Commerce américain. Récemment, huit nouvelles entreprises technologiques chinoises ont été ajoutées à la liste pour leur participation présumée à la répression des musulmans ouïghours et d’autres minorités ethniques. En outre, 20 bureaux de la sécurité publique chinoise ont été ajoutés à la liste.
Dans le cas de Huawei, le géant de la technologie a bénéficié d’un sursis jusqu’en novembre pour poursuivre ses échanges commerciaux avec les États-Unis afin de donner aux partenaires commerciaux du géant chinois la possibilité de maintenir les réseaux et équipements existants fonctionnels jusqu’à ce que d’autres arrangements soient pris. L’information du “New York Times” fait surface au moment où les États-Unis et la Chine sont sur le point d’entamer le treizième cycle de négociations commerciales visant à convenir d’une résolution satisfaisante pour les deux parties afin de mettre fin à la guerre tarifaire qui les oppose actuellement.
Alors qu’elle est déjà dans le collimateur de Washington, Huawei suscite également certaines craintes du côté du Vieux Continent. La Commission européenne a ainsi publié ce mercredi un rapport sur la sécurisation des réseaux 5G. L’institution en a profité pour tacler, sans le nommer, le constructeur chinois Huawei, érigé au rang de danger numéro un pour les futurs réseaux 5G européens.
Pour Bruxelles, les pays membres de l’UE ne devraient pas juger les fournisseurs de réseaux 5G à leurs seules qualités techniques et les évaluer sur la base des “vulnérabilités non techniques liées aux réseaux 5G”, telles qu’un lien fort entre le fournisseur et le gouvernement, que le pays du fournisseur n’ait “aucun contrôle et équilibre législatif ou démocratique en place, ou en l’absence d’accords de sécurité ou de protection des données entre l’UE et le pays tiers donné”, la structure du propriétaire du fournisseur et la capacité pour son propre pays à “exercer toute pression, notamment par rapport à la fabrication du matériel”.
Si la mauvaise passe de Huawei, qui assure être “une entreprise 100% privée, détenue à 100% par ses employés”, pourrait trouver son point final aux Etats-Unis, ce n’est pas encore le cas en Europe, à quelques mois du déploiement commercial des réseaux 5G des pays membres de l’UE.
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