Voilà qui ne devrait pas faire plaisir à Orange. Un peu plus d’un an après avoir mis le pied au Sénégal, dans le pré carré d’Afrique francophone de l’opérateur historique, Xavier Niel, le propriétaire de Free passe la vitesse supérieure.
Le deuxième opérateur du Sénégal, Tigo, que l’homme d’affaires avait racheté en avril 2018 dans le cadre d’un consortium avec d’autres entrepreneurs locaux, change en effet de nom pour devenir Free Sénégal, comme l’a annoncé hier le directeur général de l’opérateur Mamadou Mbengue lors d’une conférence célébrant le vingtième anniversaire de la marque révélée par le titre “Jeune Afrique”. Dans le détail, Free Sénégal, qui a également annoncé le lancement de la 4G+ au Sénégal, commercialisera différents types de forfaits dont les tarifs varieront de 1,5 euros à 15,2 euros par mois.
Free Sénégal, qui détient 25 % du marché local, loin derrière son concurrent Orange Sénégal, détenu par la filiale d’Orange Sonatel, et ses 53 % de parts de marché, déploiera, outre son offre mobile, une offre de transfert d’argent, rebaptisée Free Money. Un véritable camouflet pour Orange, présent dans 20 pays en Afrique et au Moyen-Orient où l’opérateur compte 120 millions de clients.
“Cette zone est une priorité stratégique pour le groupe”
“Cette zone est une priorité stratégique pour le groupe”, concédait d’ailleurs Orange en février, après avoir enregistré en 2018 un chiffre d’affaires de 5,2 milliards d’euros en Afrique et au Moyen-Orient, des revenus en hausse de 5,1% sur l’année.
Le lancement de Free Money dans le jardin sénégalais d’Orange s’avère donc une mauvaise nouvelle pour l’opérateur, qui a enregistré en 2018 un chiffre d’affaires tiré des services facturés aux clients de 4,3 milliards d’euros sur les 5,2 milliards d’euros de revenus enregistrés dans la zone Afrique-Moyen Orient, une activité en hausse de 7,5% sur l’année. En 2017, le service de paiement et de banque mobile de l’opérateur historique revendiquait 40 millions d’usagers répartis dans 17 pays africains, pour des opérations chiffrées sur l’année à 26 milliards d’euros, tirées par 13 millions d’utilisateurs mensuels.
Selon l’Observatoire des télécommunications sénégalais, le chiffre d’affaires du marché local des télécoms, qui enregistre un taux de croissance annuel moyen de 1,40% sur sept ans, était estimé en 2017 à 873 milliards de francs CFA, soit 1,3 milliard d’euros. Le marché est très largement dominé par le mobile, qui représente 63% du chiffre d’affaires du marché, à 450 milliards de francs CFA en 2017, soit 686 millions d’euros.
Pour l’alter ego sénégalais de l’Arcep, la part du trafic sortant vers les réseaux mobiles ne cesse d’augmenter, passant de 50,16% en 2010 contre 65,83% en 2017 et illustrant de fait le dynamisme d’un marché d’avenir pour les opérateurs.
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