Au-delà de connecter des zones géographiques à la Toile, les câbles sous-marins de fibre optiques peuvent avoir d’autres utilités insolites. Nouvel exemple avec un cas d’usage communiqué ce mardi par Orange, l’un des principaux acteurs français du câblage sous-marin via sa filiale Orange Marine.
L’opérateur historique et les membres du consortium à l’origine du câble FLY-LION3 – qui relie depuis le 10 octobre dernier Mayotte à l’Internet mondial – ont en effet annoncé ce mardi la signature d’une convention avec l’Institut de physique du globe de Paris. L’objet de cet accord ? Mettre à disposition ce câble, reliant sur 400 km Moroni (Grande Comore) à Mamoudzou (Mayotte) pour la détection des mouvements sismique dans cette zone à risque.
A cette fin, une paire de fibres optiques du câble sera mise à disposition du Réseau de surveillance volcanologique et sismologique de Mayotte (IPGP) afin d’expérimenter une nouvelle technique d’écoute des mouvements sismiques de la région. L’institut pourra ainsi s’appuyer sur des relevés provenant d’une portion de 50 km de ce câble depuis la localité de Kaweni en direction du sud-est de Mayotte. Pour ce faire, celui-ci aura notamment recours à la technologie du système DAS (pour Distributed Acoustic Sensor), développée dans le cadre d’un projet européen par le Groupe ESEO, le Laboratoire d’acoustique de l’université du Mans et l’IPGP. Celui-ci équipera la portion dédiée du câble FLY-LION3 de l’équivalent de milliers de sismomètres distribués tout au long de la fibre à des fins de mesure de vibrations.
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Des câbles utiles à plus d’un titre
« Cette expérimentation grandeur nature va permettre de tester de nouveaux types d’instruments de mesure. En effet, à l’instar des fibres terrestres, les câbles sous-marins permettent non seulement de transporter les communications, mais aussi de repérer les vibrations du sol sur lequel est posée la fibre. Les équipements placés à l’extrémité de la paire de fibres vont permettre d’utiliser celle-ci comme une antenne permettant de mieux localiser des signaux sismiques de la région », a détaillé la direction de l’opérateur, alors que les alentours de Mayotte font l’objet d’une grande vigilance de la part des autorités depuis la découverte d’un édifice volcanique sous-marin actif au large du département.
« Alors que l’utilisation de la fibre optique pour la surveillance d’ouvrages d’art s’est généralisée depuis une vingtaine d’années avec des capteurs localisés sur des portions de fibre, les scientifiques cherchent à exploiter les différentes rétrodiffusions intrinsèques des fibres comme capteurs pour en tirer des informations sur son environnement », a également précisé l’état-major de l’opérateur historique, rappelant que les fibres optiques sont utilisées en tant que capteur depuis plusieurs années déjà.
« Cette convention entre le consortium FLY-LION3 et l’IPGP permet d’envisager une diversification de l’usage des câbles sous-marins au-delà de l’accompagnement des besoins de connectivité », s’est réjoui Orange au terme de l’annonce de cet accord, alors que sa branche dédiée multiplie depuis plusieurs années les projets de connectivité et pourrait trouver avec cette nouvelle application un nouveau cas d’usage pour assurer l’avenir de ses infrastructures sous-marines.
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