Les fabricants français se souviendront longtemps de ce troisième trimestre 2019. Une période noire pour le secteur, alors même que la demande de fibre optique en France est au plus haut, boostée par le déploiement du très haut débit et le début du déploiement des futurs réseaux 5G dans l’hexagone.
Comme l’a indiqué ce lundi le Syndicat professionnel des fabricants de fils et de câbles électriques et de communication (Sycabel), qui représente les professionnels du secteur, l’activité a chuté de 20 % au troisième trimestre 2019, du jamais-vu depuis 2011.
Alors que les autorités ont récemment pointé du doigt l’industrie des infrastructures numériques comme un secteur stratégique et qu’un contrat de filière devrait prochainement être signé pour accélérer son rayonnement, les professionnels de la fibre s’alertent.
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La concurrence asiatique montrée du doigt
Pour eux, “le brutal ralentissement des livraisons au troisième trimestre” a de quoi inquiéter, “tant au niveau de la gestion industrielle que de la pérennité des investissements réalisés en France par la filière”.
Source : Sycabel
Le Sycabel – qui représente des sociétés comme Nexans, 3M ou Draka – pointe du doigt la concurrence internationale, venue notamment de Chine et de Corée du Sud. Comme le fait savoir sa direction dans les colonnes de “La Tribune”, les importations de fibre produite en Chine ou en Corée du Sud représentent aujourd’hui 45 % de l’ensemble de la production des adhérents du syndicat, contre seulement 13 % en 2017.
Une évolution qui a de quoi inquiéter les professionnels du secteur, qui s’alertent sur la qualité des produits de leurs concurrents asiatiques et réclament l’adoption de règles de contrôle strictes applicables à tous les acteurs, français comme étrangers.
Le manque de main d’oeuvre pénalise (encore) le secteur
Reste que la concurrence asiatique n’est pas le seul fait saillant relevé par le Sycabel pour s’expliquer cette baisse de régime du secteur. Le syndicat pointe également du doigt le manque de main d’oeuvre, qui pénalise l’ensemble des acteurs des télécoms et ralentit d’autant le déploiement des réseaux sur le sol français. Alors que tous les voyants sont au vert, que la barre des 4 millions de prises installées a été dépassé au troisième trimestre, l’offre de main d’oeuvre ne suit plus la demande.
“Il existe une tension des ressources en France : malgré les efforts que nous avons fait en anticipant la formation il manque encore 10 à 15 % de techniciens et de ressources pour être à l’aise dans le déploiement de la fibre en France et je ne parle pas que pour Orange mais bien pour l’ensemble du secteur”, reconnaissait ainsi Fabienne Dulac, la patronne d’Orange France lors d’une rencontre avec la presse tenue début septembre.
“La réussite du Plan France THD repose sur la disponibilité, partout dans l’hexagone, d’un nombre suffisant d’installateurs formés et qualifiés aux métiers du déploiement de la Fibre Optique, maitrisant les règles de l’art et les impératifs de la normalisation. Le respect des calendriers mais aussi la garantie de disposer de réseaux déployés de qualité et pérennes en dépendent”, rebondit aujourd’hui le Sycabel, pour qui le problème est donc encore loin d’être réglé.
Rappelons que si la fibre devrait, selon Infranum, s’imposer comme l’un des plus gros pourvoyeurs de nouveaux emplois en France, avec un prévisionnel de 6 400 recrutements, il en faudra entre 12 000 et 16 000 de plus d’ici 2022 alertent en effet les professionnels du secteur. Une gageure alors que le plan France THD ne mobiliserait pour l’heure qu’environ 14 500 emploi équivalent temps plein, pour 40 % dans le déploiement du FttH et 30 % dans le raccordement du réseau, selon les dernières données livrées par l’Observatoire du très haut débit.
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