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Fibre : la pénurie de main d’oeuvre ralentit le déploiement du THD

Fibre : la pénurie de main d'oeuvre ralentit le déploiement du THD

“Le déploiement du très haut débit en France est peut-être le plus grand chantier industriel du moment”, relevait la présidente d’Orange France Fabienne Dulac il y a quelques semaines. Reste que comme tout chantier, l’équipement de la France en très haut débit est à la merci d’un ensemble de facteurs qui le dépassent parfois.

Si tous les voyants semblent pourtant être passés au vert en ce qui concerne le rythme de déploiement du réseau, qui atteindra – voire dépassera – probablement la barre des 4 millions de prises supplémentaires en fin d’année, les professionnels du secteur remontent désormais une préoccupation qui tourne au leitmotiv. Celle-ci concerne le front de l’emploi, alors que les candidats aux métiers de conception ou de déploiement du réseau fibre ne se bousculent pas particulièrement à la porte d’industriels de plus en plus inquiets à ce sujet.

“Il existe une tension des ressources en France : malgré les efforts que nous avons fait en anticipant la formation il manque encore 10 à 15 % de techniciens et de ressources pour être à l’aise dans le déploiement de la fibre en France et je ne parle pas que pour Orange mais bien pour l’ensemble du secteur”, reconnaissait ainsi la patronne d’Orange France lors d’une rencontre avec la presse tenue début septembre.

Entre 12 000 et 15 000 emplois supplémentaires d’ici 2022

“L’urgence est d’alimenter le vivier de candidats, donc de faire connaître ces nouveaux métiers”, expliquait en début d’année Etienne Dugas, le président de la fédération Infranum, qui regroupe les professionnels du secteur, en marge du lancement d’une campagne de communication destinée à renforcer l’attractivité du secteur en cette année qualifiée de “charnière” par ses acteurs.

Alors que le plan France THD, qui chapeaute le déploiement du très haut débit en France, doit déboucher en 2020 sur le bon débit pour tous, les besoins sont en effet criants. Si la fibre devrait, selon Infranum, s’imposer comme l’un des plus gros pourvoyeurs de nouveaux emplois en France, avec un prévisionnel de 6 400 recrutements, il en faudra entre 12 000 et 16 000 de plus d’ici 2022 alertent en effet les professionnels du secteur. Une gageure alors que le plan France THD ne mobiliserait pour l’heure qu’environ 14 500 emploi équivalent temps plein, pour 40 % dans le déploiement du FttH et 30 % dans le raccordement du réseau, selon les dernières données livrées par l’Observatoire du très haut débit.

D’autant que cette pénurie alimente nombre de mouvements au sein même de la filière, ce qui pénalise la vitesse de déploiement des acteurs de la filière. “Le premier problème qu’on rencontre c’est le manque de main d’œuvre. L’autre problème, c’est le mercato permanent sur cette filière, qui fait qu’on arrive pas à fidéliser”, estimait ainsi le directeur général délégué Eric Jammaron lors de la dernière Université d’été du THD, tenue fin septembre dans les Hauts-de-France.

La filière se tourne vers la maintenance des réseaux

Technicien, monteur-raccordeur, tireur de câble, chargé d’études, dessinateurs-projeteurs ou encore chef de projet déploiement, voilà autant de métiers participant au déploiement comme à la conception des réseaux de fibre optique sur le territoire français qui se trouvent aujourd’hui soumis à de fortes tension, comme le rapportait récemment Infranum.

Mais le seront-ils toujours en 2025, date à laquelle la France doit garantir le très haut débit pour tous comme s’y sont engagées les autorités dans le cadre du plan européen de la société du gibabit (qui prévoit de relier tous les pôles d’activité sociaux-économiques à une infrastructure permettant un débit d’un gigabit par seconde d’ici à 2025) ?

La question se pose en effet car l’une des grandes difficultés qui pourrait se poser pour les professionnels sera de prévoir l’avenir, alors que le secteur pourrait connaitre un pic de main d’oeuvre à 27 800 emplois équivalent temps plein en 2022. Une partie de la réponse à cette question pourrait passer par la maintenance des réseaux, qui occupe actuellement les journées de travail 13 % des emplois du secteur. “On est tous en train de se préparer sur la maintenance des réseaux, parce qu’on est désormais passé à la question du service client et de la maintenance des réseaux”, a ainsi constaté le ministre Julien Denormandie, plus particulièrement chargé de l’aménagement du territoire.

L’exportation, une autre solution pour garantir l’avenir

Reste que la seule maintenance des réseaux ne suffira certainement pas à maintenir le dynamisme de l’emploi dans la filière du très haut débit. D’où l’ambition de ses acteurs de pousser les murs pour s’imaginer un avenir à l’international, alors que 65 % des entreprises du secteur prévoient désormais d’exporter à l’international tandis que 35 % d’entre elles le font d’ores et déjà.

La signature, dans les prochaines semaines, d’un contrat stratégique de filière devrait permettre à ce titre aux professionnels du secteur de se doter des atouts à même de faire de l’industrie des infrastructures numériques un véritable levier de rayonnement à l’international. Notamment en Afrique et en Europe, des continents ciblés par respectivement 32 et 65 % des entreprises exportatrices du secteur.

“La signature d’un contrat stratégique de filière dans les prochains jours nous permettra d’exporter notre savoir-faire”, estimait ainsi Etienne Dugas en marge de la dernière conférence d’été du très haut débit. Nul doute que l’officialisation de ce contrat stratégique de filière, qui doit permettre le renforcement de l’intégration de la filière et l’accompagnement par les pouvoirs publics de son rayonnement à l’étranger, permettra d’en savoir plus sur les ambitions à l’international du secteur dans les prochaines années.

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