« Joe Biden a promis à l’Ukraine un milliard de dollars si elle limogeait le procureur chargé d’enquêter sur la société de son fils. » La pub, postée le 27 septembre dernier par l’équipe de campagne de Donald Trump sur Facebook, est on ne peut plus claire. Alors qu’il était vice-président, Joe Biden se serait servi de sa position pour faire valoir les intérêts de son fils. Le problème est que cette affirmation est erronée et vise à ternir l’image du candidat démocrate. La même publicité a d’ailleurs été refusé par la chaîne CNN qui a affirmé qu’il s’agissait de fausses accusations.
Facebook a une « croyance totale en la liberté d’expression »
L’équipe de Joe Biden a donc décidé d’écrire à Mark Zuckerberg et à Sheryl Sandberg la directrice des opérations de Facebook pour leur demander de retirer cette publicité. Pour eux, cette vidéo « diffuse des théories du complot fausses et définitivement disqualifiés par les faits concernant le vice-président Joe Biden ». Les dégâts en termes d’image pourraient d’ailleurs être importants puisque la publicité a déjà été visionnée plus de cinq millions de fois.
Mais cette demande est restée lettre morte. Facebook refuse en effet catégoriquement de la retirer arguant qu’elle ne viole pas le règlement. Les hommes politiques ont en effet une quasi totale liberté dans le contenu qu’ils décident de publier. Et cela comprend également les fausses déclarations et le contenu trompeur qui font partie du jeu.
Katie Harbath, responsable des élections chez Facebook s’est justifié : « Notre approche est fondée sur la croyance totale de Facebook en la liberté d’expression, le respect du processus démocratique et la conviction que, dans les démocraties matures disposant d’une presse libre, le discours politique est déjà le plus analysé. »
Cette décision peut laisser songeur lorsqu’on reprend dans le détail les événements passés. La Russie s’est semble-t-il servi du réseau social pour orienter le choix des électeurs. Le scandale Cambridge Analytica a aussi démontré la mise en place de publicités ciblées basées sur le profil des électeurs dans le but de modifier leurs votes.
Les critiques sur cette décision n’ont d’ailleurs pas tardé. La candidate démocrate Elizabeth Warren a décoché ses flèches en ravivant le douloureux passé de la compagnie en période d’élections : « Facebook a déjà aidé une première fois Donald Trump à être élu et ils étaient aux abonnés absents lorsque la Russie a attaqué notre démocratie. Ils ont laissé agir ces faux comptes venus de l’étranger qui ont influé sur le résultat de l’élection. »
Ce choix de laisser une quasi totale liberté aux candidats sur le réseau social pourrait bien générer de nouvelles polémiques d’ici à l’élection présidentielle prévue en novembre 2020.
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