Le plan ambitieux et controversé de Facebook pour construire une nouvelle cryptomonnaie peut prendre des décennies à se réaliser, mais pourrait avoir un impact énorme – s’il se débarrasse efficacement des premiers revers.
Plus tôt cette année, Facebook a révélé travailler sur une nouvelle monnaie mondiale basée sur la technologie de la blockchain, appelée Libra. Il est également prévu d’installer un portefeuille de crypto monnaie sur le même système, appelé Calibra, qui permettrait aux utilisateurs de WhatsApp et de Facebook Messenger d’effectuer des paiements entre eux en utilisant la Libra. Le système devrait être mis en service l’année prochaine.
“La question est de savoir si nous pouvons faire pour l’argent ce qu’Internet a fait pour l’information. Parce que le système financier ressemble un peu à ce que le système de télécommunications était il y a 25 à 30 ans” explique Kevin Weil, vice-président de Calibra (Facebook).
1,7 milliard de personnes n’ont pas accès à un compte bancaire
“C’est un système relativement fermé, il y a des barrières à l’entrée élevées, peu de concurrence et c’est cher pour les gens – c’est très cher d’être pauvre” a déclaré M. Weil lors de la conférence technique du Web Summit à Lisbonne.
Selon M. Weil, 1,7 milliard de personnes n’ont pas accès à un compte bancaire et conservent toutes leurs économies en espèces à domicile. Calibra se concentrera sur les transferts de fonds, a-t-il dit – les paiements transfrontaliers familiaux et entre amis qui totalisent 700 milliards de dollars chaque année. Les moyens existants de transfert d’argent sont assortis d’une commission moyenne de 7 %, ce qui représente environ 50 milliards de dollars en frais, a-t-il dit, prélevés sur les personnes les moins à même de les payer.
“Pourquoi ne pouvons-nous pas rendre l’envoi d’argent aussi simple que l’envoi d’un message texte ? Il ne devrait pas coûter 7 %, il devrait être gratuit” a dit M. Weil. Cependant, il a reconnu que la mise en route de la Libra ne sera pas rapide. “Ce ne sera pas une chose qui se répandra comme un réseau social ; ce ne sera pas le travail d’années, mais de décennies.”
Une question de confiance
Cette attitude prudente est peut-être due aux débuts difficiles de la Libra. Les grandes entreprises technologiques initialement liées au projet, dont Mastercard, Visa, eBay, Stripe et PayPal, ont toutes abandonné et le projet fait l’objet d’un examen minutieux de la part des organismes de réglementation du monde entier.
Le groupe des pays du G7 a également averti que de tels projets de crypto monnaie mondiale ne devraient pas être lancés tant que l’impact potentiel n’aura pas été mieux compris.
Plus important encore, Facebook est peut-être confronté au défi de la confiance : peut-il persuader les individus de lui faire confiance avec leurs données financières après des problèmes comme le scandale Cambridge Analytica ?
Selon M. Weil, les données financières de Calibra resteront séparées des données sociales de Facebook, de sorte qu’elles ne seront jamais utilisées pour le ciblage publicitaire. Mais, a-t-il reconnu, “je parie que tout le monde ne me croit pas, et ce n’est pas grave”.
“La façon dont les services basés sur Libra fonctionneront ressemblera beaucoup à l’email : vous et moi n’avons pas besoin de collaborer sur quel fournisseur d’email nous allons utiliser avant d’envoyer un email. Ce sont des protocoles, et la Libra fonctionne de la même façon” dit M. Weil.
Si Facebook veut être l’une des nombreuses organisations impliquées dans le projet Libra, qui est open source, pour l’instant la majeure partie du code provient du géant des réseaux sociaux.
Article “Facebook: Libra cryptocurrency will take decades to spread” traduit et adapté par ZDNet.fr
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