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Le sommet pour la Libye sous l’égide de l’ONU, dimanche 19 janvier à Berlin. MURAT CETINMUHURDAR / AFP
Poser les bases de la paix en Libye, tout en évitant les ingérences étrangères : c’est l’objectif ambitieux dont ont discuté les dirigeants des principaux pays impliqués dans le conflit qui déchire Tripoli, réunis dimanche 19 janvier à Berlin.
Ce sommet sous l’égide de l’ONU rassemblait onze dirigeants étrangers, dont Vladimir Poutine, Emmanuel Macron, Boris Johnson, Recep Tayyip Erdogan et Angela Merkel. Il s’est terminé dimanche soir par l’adoption d’une déclaration commune négociée depuis plusieurs semaines, dans un contexte de fragile trêve des combats sur le terrain.
Les dirigeants des principaux pays concernés par le conflit en Libye se sont engagés à respecter l’embargo sur les armes décidé en 2011 par les Nations unies et à renoncer à toute « interférence » étrangère dans le conflit. Les participants ont aussi appelé à un véritable cessez-le-feu permanent sur le terrain, qui se fait attendre malgré l’entrée en vigueur le 12 janvier d’une fragile trêve entre les deux camps rivaux – l’homme fort de l’Est du pays, Khalifa Haftar, soutenu tacitement par la Russie, et le gouvernement libyen d’union nationale de Tripoli reconnu par l’ONU, le GNA, appuyé par la Turquie.Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Libye, Khalifa Haftar, un maréchal en guerre
Une commission militaire
Pour s’assurer du respect effectif et durable de la fin des hostilités, des rencontres inter-libyennes entre représentants militaires des deux camps devraient être organisées prochainement. Une invitation sera lancée « dans les prochains jours », a assuré Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU. Pour la consolidation du cessez-le-feu, l’émissaire de l’ONU avait appelé les deux camps rivaux à former une « commission militaire » composée de dix officiers, cinq de chaque côté. Cette commission aura pour mission de définir sur le terrain les mécanismes de mise en œuvre du cessez-le-feu.
Autre point sensible du conflit : les interventions plus ou moins directes de pays étrangers dans ce conflit. « Tous les participants se sont également engagés à renoncer à des interférences dans le conflit armé ou les affaires intérieures de la Libye », a affirmé M. Guterres. La Turquie soutient en effet militairement le gouvernement de Fayez al-Sarraj à Tripoli et la Russie, malgré ses dénégations, est soupçonnée d’appuyer l’homme fort de l’est de la Libye, le maréchal Khalifa Haftar.
« Vive inquiétude »
Sans attendre la fin du sommet, le président français avait demandé également que « cesse » l’envoi à Tripoli de combattants syriens pro turcs, en soutien au gouvernement local soutenu par l’ONU. « Je dois vous dire la vive inquiétude que l’arrivée de combattants syriens et étrangers dans la ville de Tripoli », a déclaré Emmanuel Macron.Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Libye, « c’est le retour à la case départ »
Ankara est accusé d’avoir dépêché quelques centaines de combattants syriens sur place, en soutien à Fayez Al-Sarraj, chef du GNA et en grande difficulté face à l’offensive de son rival, le maréchal Khalifa Haftar, qui contrôle les trois-quarts du territoire libyen. « Ceux qui croient pouvoir en tirer bénéfice ne réalisent pas les risques qu’ils prennent pour eux-mêmes comme pour nous tous », a ajouté le président français. La communauté internationale craint de voir le conflit dégénérer en « nouvelle Syrie » en s’internationalisant davantage.
Une guerre par procuration
Le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, avait ainsi jugé à Berlin « nécessaire la fin de toutes les interventions étrangères », dans un message sur Twitter. « Vous avez affaire fondamentalement à une guerre par procuration pilotée par des forces extérieures, qu’il s’agisse de la Russie et de l’Egypte d’un côté et de la Turquie et d’autres de l’autre côté (…) la population libyenne a assez souffert, il est temps que ce pays aille de l’avant », lui a fait écho le chef du gouvernement britannique Boris Johnson, sur la chaîne Sky en arrivant dans la capitale allemande.
A la veille du sommet, les forces du maréchal Haftar ont paru vouloir envoyer un message à la conférence de Berlin en bloquant les principaux terminaux pétroliers de l’est du territoire libyen. Une manière pour elles de protester contre l’intervention turque.Lire aussi Libye : « Menacé de déclin, Khalifa Haftar va opter pour une escalade destructrice »
L’ONU espère surtout que cette conférence renforcera le cessez-le-feu entré en vigueur à l’initiative de la Russie et la Turquie. Jusqu’ici, la trêve a été plus ou moins respectée entre les deux camps rivaux aux portes de la capitale. Mais des escarmouches sont signalées presque quotidiennement, y compris le jour du sommet au sud de Tripoli. Depuis la reprise des combats entre camps rivaux en Libye en avril 2019, plus de 280 civils et 2 000 combattants ont été tués et, selon l’ONU, plus de 170 000 habitants ont été déplacés.
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