Facebook jette l’éponge. Le réseau social a ainsi abandonné son appel après sa condamnation survenue en octobre 2018 à la suite du scandale Cambridge Analytica et accepté de payer une amende de 500 000 livres sterling (soit 580 000 euros) aux autorités britanniques.
Cette amende avait été infligée au réseau social par l’OIC, le Commissariat à l’information (l’équivalent britannique de la Cnil) à la suite d’une enquête sur l’utilisation abusive de données personnelles dans des campagnes politiques. L’organisme britannique de surveillance des données l’avait infligé l’année dernière à la suite d’une enquête révélant que Facebook n’avait pas respecté les lois britanniques sur la protection des données.
Son montant, de 500 000 livres sterling, constituait la sanction pécuniaire la plus élevée que Facebook pouvait se voir infliger, car l’enquête d’une durée d’un an a été ouverte avant l’entrée en vigueur de la réglementation générale sur la protection des données. Rappelons que, dans le cadre du règlement de protection des données (RGPD), cette amende aurait pu représenter jusqu’à 3 % du chiffre d’affaires annuel de Facebook.
Accéder à des informations sans consentement suffisamment clair et éclairé
Rappelons que l’enquête menée par l’OIC, celle qui avait conduit à l’amende prononcée contre le réseau social en octobre 2018, avait révélé qu’entre 2007 et 2014, Facebook a traité injustement les renseignements personnels des utilisateurs en permettant aux développeurs d’applications d’accéder à leurs informations sans consentement suffisamment clair et éclairé.
Le réseau social avait par exemple donné à ces développeurs l’accès aux données d’utilisateurs même si ces derniers n’avaient pas téléchargé l’application, mais étaient simplement “amis” avec ceux qui avaient obtenu leur consentement.
Facebook ne reconnaît pas sa culpabilité
A la suite de ce laissez-passer prononcé par Facebook, le développeur Aleksandr Kogan et sa société GSR ont recueilli les données Facebook de 87 millions de personnes dans le monde entier, à leur insu, ainsi qu’en avait conclu l’OIC. Un sous-ensemble de ces données a ensuite été partagé avec d’autres organisations, dont SCL Group, la maison-mère de Cambridge Analytica.
Si Facebook, qui avait fait appel de l’amende, a maintenant conclu un accord avec l’OIC pour régler son du, le réseau social n’a toutefois pas reconnu formellement sa responsabilité. Sa direction s’est contentée de déclarer qu’elle aurait souhaité “faire plus” pour enquêter sur les allégations concernant Cambridge Analytica lorsqu’elles ont été faites pour la première fois en 2015.
“L’OIC a déclaré qu’elle n’a pas découvert de preuve que les données des utilisateurs de Facebook dans l’UE avaient été transférées à Cambridge Analytica par M. Kogan. Toutefois, nous nous réjouissons à la perspective de continuer à coopérer avec l’OIC dans le cadre de son enquête plus large et continue sur l’utilisation de l’analyse des données à des fins politiques”, a ainsi fait savoir Harry Kinmonth, directeur et avocat général associé de Facebook.
Jusqu’à 87 millions d’utilisateurs de Facebook ont été touchés par l’incident de Cambridge Analytica
Et de rappeler les efforts de Facebook en matière de protection des données suite à ce scandale. “Nous avons apporté des changements majeurs à notre plate-forme à l’époque, limitant considérablement les informations auxquelles les développeurs d’applications pouvaient accéder. La protection des renseignements personnels et de la vie privée est une priorité absolue pour Facebook, et nous continuons de mettre en place de nouveaux contrôles pour aider les gens à protéger et à gérer leurs renseignements personnels”.
“L’OIC se félicite de l’accord conclu avec Facebook pour le retrait de leur appel contre notre avis de sanction pécuniaire et de l’accord de payer l’amende”, a de son côté indiqué James Dipple-Johnstone, le commissaire adjoint de l’OIC. “La principale préoccupation de l’OIC était que les données des citoyens britanniques soient exposées à un risque sérieux de préjudice.
La protection des renseignements personnels et de la vie privée est d’une importance fondamentale, non seulement pour les droits des individus, mais aussi, comme nous le savons maintenant, pour la préservation d’une démocratie forte”, a fait savoir ce dernier.
Jusqu’à 87 millions d’utilisateurs de Facebook ont été touchés par l’incident de Cambridge Analytica, qui a vu les données recueillies lors d’un test de personnalité partagées avec des entreprises dans le but de profiler les électeurs avant les échéances électorales britanniques.
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