Quelques informations filtrent de la mission coordonnée par Michel Van Den Berghe, dirigeant d’Orange Cyberdefense, qui doit favoriser les partenariats publics/privés dans le secteur de la cybersécurité en France. Objectif : la création d’un campus national d’échange sur la cybersécurité qui regroupera des entreprises, startups et acteurs publics.
Le patron d’Orange Cyberdefense a pris son bâton de pèlerin ces derniers mois pour tâter le terrain auprès des acteurs de l’écosystème de la cybersécurité en France. Alors, qui viendra ?
“Nous avons ciblé les grandes entreprises, les startups, la recherche, les institutionnels, les acteurs de la formation” explique Michel Van Den Berghe. “Personne n’a posé la question du pourquoi”.
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Des allègements fiscaux pour inciter à venir ?
De ce que l’on en sait, l’Inria est pour, l’Anssi aussi. Pour l’Anssi c’est même l’occasion de refiler le bébé des attaques du quotidien sur de petites structures à d’autres. “Les entreprises qui sont sous attaque aujourd’hui se tournent vers l’Anssi, qui n’est là que pour les OIV (les opérateurs d’importance vitale) et ne peut les assister” explique le patron d’Orange Cyberdéfense.
Dans le cas du ransomware qui a frappé récemment Fleury Michon, l’entreprise s’est tournée vers l’Anssi. Difficile toutefois de savoir si l’Anssi l’a véritablement aidé. Avec ce cybercampus, nul doute que l’entreprise aurait pu trouver une oreille un peu plus attentive.
Les retours de “Microsoft et IBM sont positifs” assure t-on. Atos et Thales sont également de la partie. Pour Oracle, ça a l’air un peu plus compliqué. “Le président (Emmanuel Macron) a dit que si on fait sans les industriels ça marche pas” dit Michel Van Den Berghe. “pour Orange, si j’y met un CERT, il faut que le mètre carré que je paye soit le même que dans les locaux d’Orange”.
Et de plaider pour des allègements fiscaux pour attirer ces grands groupes internationaux, à l’image de ce qui fonctionne sur le cyber campus israélien de Beer-Sheva.
Ce sera Paris (ou pas loin)
Quel lieu ? Les recommandations que va formuler le patron d’Orange mi-décembre, à la remise de son rapport, sont assez structurantes. “La phase de décision politique sera pour le premier trimestre”.
“On nous a dit à l’étranger que quand un écosystème est créé il est difficile de le déplacer” explique Michel Van Den Berghe. “Les experts disent que les compétences sont à Paris, à Beer-Sheva, les entreprises y sont implantées parce qu’elles bénéficient de réduction de taxe, mais les experts restent travailler à Tel Aviv” note t-il.
L’idée est donc de trouver un site parisien qui puisse dans un premier temps héberger “700 à 800 personnes”, avec mise en œuvre dès l’année prochaine. “4 000 personnes pour 2025 je sais pas faire” dit Michel Van Den Berghe. Il dit regarder dans le foncier de l’état pour trouver une éventuelle opportunité.
“Ma recommandation sera de le mettre très près de l’écosystème, l’aménagement du territoire c’est pas ce que je sais faire. J’ai reçu de belles proposition, mais si le centre névralgique est au delà de la petite couronne, les gens viendront pas”. Comprenez que le cyber campus ne structurera pas un territoire. Oubliez la Corrèze.
Reste qu’il ne faut pas chatouiller les spécificités et susceptibilités régionales. “Tout ce qui touchera au monde de la défense sera sur Rennes, les Pays de Loire sont bon sur les objets connectés, l’industrie 4.0 est présente vers Lyon et Grenoble. Nous ne sommes pas dans le jacobinisme absolu”.
Formation, endroit de partage
Que va t-on y trouver ? Avoir un endroit identifié sur la cybersécurité, “c’est rassurant pour les entreprises” dit Michel Van Den Berghe. “Sur le campus, nous prévoyons de mettre en place des plateaux pour réaliser des projets communs, comme par exemple la sécurisation des communications de la voiture autonome, avec des labs communs”.
“Un opérateur comme Orange peut montrer ce qui se passe sur les box de ses clients, l’Anssi peu donner des information sur les marqueurs qu’elle met dans les systèmes d’information des OIV”. La mise en commun d’informations doit donc permettre d’aller plus loin sur la prévention des menaces et les retours d’expérience.
Autre volet capital, celui de la formation. Le cyber campus a vocation a servir de lieu de formation aux métiers de la sécurité informatique.
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