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Crash en Iran : Comment l’enquête va-t-elle se dérouler ? – 20 Minutes

Comment mener une enquête lorsqu’un avion se crashe ? — Pavlo Gonchar / SOPA Images/Sipa/SIPA



  1. Mercredi, 176 personnes sont décédées dans le crash d’un avion de ligne ukrainien en Iran.

  2. La cause du crash est sujette à de vif débats entre les différentes nations impliquées : l’Iran soutient la thèse de l’incendie technologique, tandis que le Canada (dont des citoyens sont morts dans le crash) et les Etats-Unis accusent la République islamique d’avoir touché l’avion par erreur pendant une opération militaire visant des bases américaines en Irak.

  3. Comment va se dérouler l’enquête sur ce crash dans un contexte international aussi tendu ?

Il y a d’abord le chiffre et le deuil : 176 personnes, en majorité des Iraniens et des Canadiens, sont mortes mercredi dans le crash d’un avion de ligne ukrainien à proximité de Téhéran. Puis viennent les questions, surtout une, centrale : pourquoi l’avion s’est-il écrasé ? Côté Iran, on défend la thèse de l’accident, alors que le Royaume-Uni et surtout le Canada évoquent un missile iranien qui aurait atteint par erreur l’avion lors de l’opération qui a visé des bases américaines en Irak. Une version également soutenue par les Etats-Unis.

Comment trancher entre les deux versions et faire toute la lumière sur ce crash dans un contexte international aussi tendu ? 20 Minutes fait le point sur la situation.

Quel pays va diriger l’enquête ?

C’est le pays où se déroule l’accident qui est chargé de piloter l’enquête. Petit point technique, si le crash de l’avion se déroule dans les eaux internationales, comme ce fut le cas par exemple du vol Rio-Paris, c’est la compagnie aérienne qui va se charger de l’enquête.

Quoi qu’il en soit, en cas d’accident technique, le bureau d’enquête du pays va s’appuyer sur deux autres nations, le pays constructeur de l’avion et le pays de la compagnie aérienne, afin de récolter le maximum d’information. Les pays avec beaucoup de victimes, comme le Canada dans le cas présent, peuvent être consultés également, mais ce n’est pas forcément systématique. « Ils n’ont pas toujours des informations utiles à donner », précise Jean-Paul Troadec, ancien directeur du BEA (Bureau d’enquêtes et d’analyses chargé d’étudier les accidents d’avion). Au cours de l’enquête, d’autres bureaux d’études peuvent être consultés. Le BEA est notamment souvent sollicité en raison de son expertise.

Lors d’un attentat ou d’une attaque, c’est toujours au pays où a lieu le drame de mener l’enquête, mais les règles sont moins précises. Il n’est pas nécessaire de consulter forcément le pays du constructeur ou de la compagnie aérienne, car leurs données techniques peuvent être totalement inutiles. A l’inverse, des pays concernés par les morts peuvent se mêler d’eux-mêmes du dossier. Selon Jean-Paul Troadec, « il faut distinguer l’enquête technique de l’enquête judiciaire. L’enquête technique est à la charge du pays où a lieu le crash, mais des enquêtes judiciaires peuvent être ouvertes par tous les pays concernés. »

Comment distinguer un crash technologique d’une attaque ?

Deux moyens sont fréquemment utilisés. D’abord, les fameuses boîtes noires. Pour savoir s’il s’agit d’une attaque, c’est surtout leur silence qui s’avère parlant. D’après Robert Galan, pilote de chasse et d’essai, expert aéronautique ayant étudié les dossiers d’une trentaine d’accidents d’avion, « une boîte noire enregistre les bruits de l’appareil, et l’autre les mesures. Si on n’entend pas de discussion entre les pilotes avant, c’est souvent qu’il y a eu une explosion soudaine. » Idem pour la boîte contenant les mesures techniques : « Si tout va bien et que d’un coup, il n’y a plus aucun signal, on se penchera sur la thèse de l’attaque, que ce soit une bombe ou un missile. »

Autre indice parfois encore plus explicite, les débris de l’avion. « Lors d’une explosion soudaine, il y a des dégagements carbonés, des traces d’impacts », appuie Robert Galan. « Un missile explose rarement directement en contact avec l’avion mais souvent un peu avant. Du coup, il est possible de retrouver également des débris du missile », ajoute Jean-Paul Troadec.

Tout le monde peut-il avoir accès aux indices retrouvés ?

C’est bien ce point qui risque d’être compliqué dans cette affaire. Techniquement parlant, c’est le pays où s’est déroulé le crash qui commence l’enquête et qui saisit donc les preuves en premier. En l’occurrence, c’est donc l’Iran qui pourra le premier gérer les boîtes noires, et surtout les débris. Un cas qui peut poser problème pour Jean-Paul Troadec : « S’il ne faut pas forcément être suspicieux, rien ne dit que l’Iran n’enlève pas des traces qu’il ne veut pas que les autres voient ou ne conservent pas certains débris gênants. » Toutefois, le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Vadym Prystaïko, a indiqué ce vendredi que leur « équipe a maintenant obtenu l’accès aux boîtes noires », lors d’une conférence de presse.

Alors que les Etats-Unis et l’Iran ont connu une montée de tension après la mort du général iranien Qassem Soleimani, les deux pays semblent désormais entrés dans une désescalade. Jeudi, le chef de l’Agence de l’aviation civile iranienne indiquait que la France, le Canada et les Etats-Unis étaient invités à venir consulter les informations contenues par les boîtes noires.

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