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Coronavirus : Pourquoi le commerce d’animaux sauvages est-il pointé du doigt en Chine ? &#8211

Une civette dans une cage, espèce soupçonnée d’être à l’origine de l’épidémie de coronavirus en Chine en 2004. — AFP



  1. La Chine a interdit provisoirement le commerce d’animaux sauvages sur son sol, pour barrer la route au coronavirus.

  2. D’après les experts, l’épidémie que connaît le pays – et d’autres à travers le monde – proviendrait d’un animal sauvage vendu sur le marché de Wuhan, point de départ de la maladie.

  3. « La transmission d’une maladie de l’animal à l’être humain est très fréquente », selon Antoine Gessain, virologiste à l’Institut Pasteur.

L’épidémie de coronavirus ravive des souvenirs douloureux en Chine. Entre 2002 et 2003, le virus du Sras avait fait 800 morts. A l’époque, le contact avec des animaux sauvages avait été reconnu responsable de l’apparition de l’épidémie. Mais dix-sept ans plus tard, la leçon ne semble pas avoir été retenue : les animaux sauvages se vendent toujours sur les marchés chinois, et semblent être à l’origine de ce nouveau coronavirus, baptisé 2019-nCoV. Alors que la Chine vient d’interdire « temporairement » la vente de ces animaux par crainte d’aggraver l’épidémie, les questions abondent sur les risques liés à cette pratique très populaire dans le pays.

Serpents, rats, louveteaux, salamandres… On trouvait de tout sur les étals du marché de Wuhan, avant sa fermeture. « On a très vite su que c’était en relation avec ce marché de fruits de mer, qui vendait aussi d’autres animaux vivants. Les premières personnes concernées avaient toutes ce marché en commun », explique Jeanne Brugère-Picoux, professeure honoraire de l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort. Selon les premières études, le coronavirus viendrait justement, comme son prédécesseur, le Sras, d’un animal. Cette fois-ci, ce serait la faute de la chauve-souris. Le volatile l’aurait transmis à une espèce encore à déterminer, laquelle aurait par la suite contaminé l’homme. Selon un article du Journal of Medical Virology, cet animal pourrait être un serpent.

1,7 million de virus encore inconnus

Alors que la science essaie encore d’identifier l’origine de cette nouvelle maladie, les chercheurs pointent du doigt la trop grande proximité entre les animaux et les hommes sur ces marchés. « C’est lié à la densité de la population : la Chine est un pays très dense, dans lequel on achète des animaux sauvages parfois vivants pour les manger. Et ça, ce sont des facteurs de risques non négligeables », pointe Antoine Gessain, chef de laboratoire à l’Institut Pasteur.

A cette marchandisation s’ajoute la disparition de l’habitat naturel de ces animaux, continue Antoine Gessain : « Le fait de couper la forêt, d’aller chasser un peu partout favorise le contact entre l’animal réservoir (celui qui porte le virus, avec ou sans symptôme) et la population humaine, et cela va favoriser l’émergence de nouveaux virus ».

Car c’est là le nœud du problème : dans la nature comme en ville, partout où il y a un contact entre l’homme et l’animal sauvage, il peut y avoir contamination. Heureusement, ces « rencontres » entre espèces ne génèrent pas toutes des scénarios cauchemardesques. « Un animal qui transmet une maladie à un homme, ça s’appelle une zoonose », explique le professeur. « Et cette transmission est très fréquente », ajoute Antoine Gessain. « Plus de deux tiers des maladies infectieuses (bactéries, virus ou parasites) transmises à l’homme étaient à l’origine chez l’animal », complète Jeanne Brugère-Picoux. C’est le cas du Sras, qui avait été transmis par la civette (un petit carnivore). D’Ebola, transmis par la chauve-souris. Ou du Sida, par le singe. Même de la volaille et du bétail peuvent être à l’origine de maladies comme Creutzfeldt-Jakob ou la grippe aviaire.

Et le réservoir de maladies chez les animaux serait encore très important. Selon le projet Global Virome, qui a pour objectif d’améliorer la manière de faire face aux pandémies, il existe encore plus d’1,7 million de virus non découverts au sein de la faune sauvage. Dont près de la moitié pourraient être néfastes pour les humains.

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