Comme un signe des temps, la première épidémie mondiale du XXIe siècle ne s’était pas fait connaître par une appellation organique – peste ou choléra – mais par un acronyme menaçant : le SRAS. Un nom comme un sifflement ophidien qui s’était répandu via les canaux de l’Internet naissant au début des années 2000.
Depuis qu’un autre coronavirus, 2019-nCoV, a éclos en décembre dernier dans la ville chinoise de Wuhan, on ne cesse de rappeler ce syndrome qui enflamma l’année 2003, et mis à l’épreuve les capacités de réponse des autorités sanitaires mondiales.
Ce choc global, amplement étudié par la suite, a eu un impact durable sur la manière dont les autorités gèrent les épidémies aujourd’hui.
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Qu’est ce que le SRAS ?
Le Syndrome respiratoire sévère aigu, ou SRAS, est une maladie respiratoire causée par un coronavirus qui commença à se répandre à partir de 2002 dans le sud de la Chine. D’origine animale, ce virus avait trouvé sa source chez les chauves-souris rhinolophes qui pullulaient dans les grottes monumentales de la province du Yunnan. Il a infecté pour la première fois des humains la même année dans la province de Guangdong. Les contaminations d’humain à humain se faisaient ensuite par voies aériennes, par contact avec la salive ou les sécrétions nasales de personnes infectées. Au fait du problème, la Chine a tenté dans un premier temps de dissimuler l’épidémie.
Mais le SRAS a rapidement atteint Hongkong et Singapour en février 2003. C’est au départ de ces centres mondiaux des échanges commerciaux que le coronavirus s’est alors répandu hors d’Asie, puis à une trentaine pays. Cette nouvelle infection est rapidement identifiée par le médecin italien Carlo Urbani, alors en poste à Hanoï. Son avertissement lancé à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclenché de la part des autorités une réponse énergique à l’échelle mondiale, permettant le ralentissement puis l’endiguement de la maladie dès l’été 2003.
Infecté comme de nombreux personnels médicaux en Asie, le docteur Carlo Urbani mourra du SRAS le 29 mars 2003. Le bilan humain s’élèvera à 774 décès pour plus de 8000 personnes contaminées au cours de l’épidémie, finalement contrôlée en 2004. L’expérience a durablement marqué les pays asiatiques, lançant une intense réflexion sur les réponses à apporter aux épidémies. «Nous sommes bien préparés, parce que nous nous sommes équipés pour pareille situation depuis que nous avons affronté le SRAS en 2003», a ainsi déclaré au sujet du virus 2019-nCoV le premier ministre de Singapour Lee Hsien Loong.
Quelles différences entre le SRAS et 2019-nCoV ?
Le SRAS et le 2019-nCoV sont tous les deux des coronavirus pour lesquels il n’existe pas de vaccin. De même, il semblerait que des chauves-souris soient dans les deux cas à l’origine du virus, mais ce point n’est pas encore établi en ce qui concerne le 2019-nCoV, qui pourrait également provenir du serpent.
La vitesse de propagation diffère entre les deux virus. Alors qu’il a fallu près de quatre mois au SRAS pour atteindre un millier de personnes, le coronavirus de Wuhan a infecté plus de 1300 personnes en moins d’un mois. Il semblerait que le SRAS soit cependant plus mortel, avec un taux de décès de 9,6%, alors que celui du nouveau coronavirus, bien qu’il soit encore trop tôt pour l’affirmer avec certitude, s’établit entre 3% et 5%. En outre, il semblerait que le virus de Wuhan touche plus les personnes âgées que le SRAS : l’âge médian des victimes de ce nouveau coronavirus serait de 75 ans, alors que la moitié des victimes du SRAS avaient moins de 65 ans selon l’OMS.
La différence de réaction des autorités chinoises pourrait cependant être un facteur plus déterminant encore sur le devenir de l’épidémie. Contrairement au SRAS, la Chine n’a cette fois-ci pas tenté de dissimuler cette nouvelle crise sanitaire, et a mis en place des mesures de quarantaine et de limitation des voyages au bout de quelques semaines seulement. Le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré mercredi 22 janvier que cette réactivité devrait permettre de «minimiser les chances que cette épidémie ne prenne des proportions internationales».
De même, alors que la Chine avait mis quatre mois à publier le génome du SRAS, les informations génétiques du virus 2019-nCoV ont presque immédiatement été partagées avec les chercheurs du monde entier, permettant son identification rapide. «La vitesse d’identification du virus témoigne d’un vrai changement de politique de santé publique en Chine», a déclaré à Reuters Jeremy Farrar, un spécialiste britannique des maladies infectieuses qui a travaillé sur le SRAS.
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