Avant d’occuper son actuel fauteuil de Directeur général de la santé (DGS), le professeur Jérôme Salomon a exercé comme infectiologue à l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine). En connaisseur des épidémies, il assure qu’ il ne faut pas céder à la panique tout en maintenant une haute vigilance. Ce samedi soir, il n’y avait pas de quatrième cas confirmé en France.
Comment vont les trois patients atteints par le Coronavirus ?
JÉRÔME SALOMON. Très bien! Ces personnes ont suivi les bonnes procédures, c’est-à-dire qu’elles ont appelé le centre 15 puis ont été transportées dans de bonnes conditions vers des hôpitaux spécialisés, à Bordeaux et à Paris. Leur situation n’inquiète plus les cliniciens. Cela montre que notre système de santé est préparé et que le dispositif de prise en charge est performant.
Ces personnes avaient-elles des fragilités ?
Non, pas de fragilité particulière. Certes, les coronavirus touchent davantage les plus fragiles mais ils sont aussi à l’origine de pathologies tout à fait bénignes chez des personnes avec un état de santé très satisfaisant. Cela ressemble alors à des rhumes, à des états grippaux que l’on soigne par des traitements classiques d’hydratation, d’antidouleurs, de vitamines. Pour les formes sévères, des essais sont en cours, du fait du Mers-CoV moyen-oriental qui sévit toujours. On travaille sur des antiviraux qui existent pour d’autres pathologies virales, comme le VIH.
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Il n’y a donc, à ce jour, pas de quatrième cas en France ?
Non. Nous avons reçu beaucoup d’appels et de demandes d’information. Dans les prochains jours, nous aurons des cas possibles voire confirmés mais il n’y a pas, aujourd’hui, de cas supplémentaires en France. Les personnes exposées sont celles qui ont été en contact, dans les quatorze jours, avec des malades, en particulier en Chine.
Reste maintenant à retrouver l’entourage des trois patients. Comment vous y prenez-vous ?
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Principalement grâce aux questions que l’on pose au patient. On lui demande depuis quand il a des symptômes et avec qui il a été en contact étroit : même local, même voiture, même lit. C’est ce qu’on appelle « les cas-contacts ». Ils sont ensuite appelés un à un afin de les questionner et de leur donner des conseils : prendre deux fois par jour leur température, être attentifs à leurs symptômes, contacter le 15 au moindre doute et surtout de réduire eux-mêmes leurs contacts avec l’extérieur.
Craignez-vous une épidémie en France ?
Aujourd’hui, la situation est sous contrôle, avec des équipes spécialisées et des tests qui permettent de faire un diagnostic en quelques heures. L’important est de bien gérer les cas-contacts car une épidémie n’est ni plus ni moins qu’une transmission du virus d’une personne malade à une personne non malade. Rappelons encore aux personnes de ne pas se rendre aux urgences mais d’appeler le 15 en cas de suspicion.
Le 2019 – nCoV est-il moins dangereux que le fameux Sras de 2003 ?
Nous avons deux points de comparaison. Le Sras, très contagieux, qui tuait environ 10 % des malades. Et le Mers-CoV, beaucoup moins contagieux mais entraînant la mort de près d’un tiers des patients. Aujourd’hui, nous sommes à environ 3 % de mortalité et probablement beaucoup moins. Et pour cause, on calcule la létalité en divisant le nombre de morts par celui de personnes infectées. Or, pour le nCoV, nous n’avons pas ces dernières données ; seulement les cas confirmés. La mortalité est donc possiblement à diviser par deux, trois, voire dix ! Concrètement, elle est actuellement supérieure à la grippe (moins de 1 %) mais pourrait s’en rapprocher. Il semble que le virus est contagieux mais pas si agressif que cela.
N’est-ce pas un peu trop rassurant ?
Il faudra affiner dans les prochains jours. Nous sommes très attentifs, très prudents, très vigilants et dans l’adaptation permanente. Personne ne peut prédire l’évolution. Vous savez, ce n’est pas si fréquent d’avoir un nouveau virus chez l’homme ! C’est pour cela que le système est extrêmement mobilisé.
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