La bataille s’annonce féroce, elle s’engagera mardi 21 janvier au Sénat. En fin de semaine dernière, les sénateurs ont juré de rendre la justice «de manière impartiale en accord avec la Constitution et les lois». Ils devront se prononcer sur les deux chefs d’accusation, abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès, retenus contre le président des États-Unis. Si le procès en destitution de Donald Trump emprunte les apparences d’un tribunal, son issue est avant tout une question de rapport de force politique.
Le Figaro fait le point avant le début des débats.
• Quelles sont les forces en présence?
Les débats seront dirigés par le président de la Cour suprême, John Roberts. Sept représentants démocrates représenteront l’accusation. À leur tête, Adam Schiff sera le procureur général au Sénat. Chef de la commission du Renseignement de la Chambre, l’élu de 59 ans a supervisé l’enquête. La défense sera, elle, dirigée par deux avocats, Pat Cipollone et Jay Sekulow. Le président a aussi recruté l’ex-procureur Kenneth Starr, acteur central de l’affaire Lewinsky, et le constitutionnaliste Alan Dershowitz, qui fut l’un des avocats d’O.J. Simpson. Les sénateurs sont appelés à jouer à la fois le rôle de juges et de jurés. Ils seront vraisemblablement tenus d’assister aux audiences, sans sortir de la salle et en respectant le plus grand silence. S’ils ont des questions, ils devront les poser par écrit à John Roberts, qui les lira à voix haute.
• Combien de temps pourrait durer le procès?
Les sénateurs doivent se prononcer mardi sur le temps alloué aux présentations de l’accusation et de la défense ainsi que sur la durée des questions des sénateurs-jurés. Selon Mitch McConnell, chef de file des sénateurs républicains, les 53 élus de son camp sont prêts à endosser un projet de résolution. Celui-ci prévoit un cadre «très similaire» à celui retenu pour juger Bill Clinton il y a plus de 20 ans. À l’époque, les sénateurs s’étaient entendus pour se réunir publiquement tous les après-midi ; consacrer les trois premiers jours aux arguments de l’accusation, les trois suivants à ceux de la défense. Les points les plus épineux avaient été réglés à huis clos. La Maison-Blanche espère que le procès sera terminé dans deux semaines, le procès de Bill Clinton avait duré cinq semaines. Cela permettrait au président de célébrer sa victoire lors de son discours sur l’état de l’Union.
• Quels sont les points de discorde?
L’opposition réclame l’audition de quatre proches conseillers du président, dont le chef de cabinet de la Maison Blanche, Mick Mulvaney, et l’ex-conseiller à la sécurité nationale John Bolton. «Si le Sénat adoptait une injonction pour obtenir mon témoignage, je serais prêt à témoigner», a fait savoir le second au début du mois. Il faudra néanmoins au démocrate convaincre quatre républicains de faire défection. Pour l’heure, deux d’entre eux, Susan Collins et Mitt Romney, se sont prononcés pour l’audition de nouveaux témoins. L’admission de documents additionnels nécessite elle aussi une majorité d’au moins 51 sénateurs. En théorie, John Roberts pourrait néanmoins autoriser l’audition de témoins ou l’admission de preuves, mais chacune de ses décisions pourra être annulée à la majorité simple. Ces demandes n’interviendront qu’une fois terminée la phase initiale du procès.
• Quelle devrait être l’issue du procès?
La semaine dernière, Donald Trump a caressé l’idée sur Twitter d’un vote des sénateurs qui viendrait refermer le dossier sans même entendre les arguments des parties. Les élus républicains ne souhaiteraient pas voter d’emblée cette motion de non-lieu, par peur de prêter le flanc aux critiques. «Il y a peu ou pas de soutien pour une résolution sur un non-lieu. Nous avons pour obligation d’entendre les arguments», a d’ailleurs prévenu le chef de la majorité, Mitch McConnell. L’issue du procès est donc quasiment acquise. Pour aboutir à une destitution, il faudrait une majorité des deux tiers au Sénat. Cela signifie pour les démocrates rallier au moins 20 sénateurs républicains. Cela paraît impossible à ce jour. Le locataire de la Maison-Blanche devrait donc être acquitté à l’issue de son procès.
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