Le très haut débit n’est pas indispensable pour véhiculer la voix sur IP. C’est vrai. Pour une capacité de 6 à 8 appels simultanés, un lien de 2 mégabits/s en ADSL peut suffire. Et s’il s’agit d’un lien SDSL (avec des débits entrants/sortants symétriques), on peut atteindre et dépasser 12 voire 15 conversations simultanées.
La qualité de la voix reste cependant tributaire de la qualité de la liaison. Ce qui explique que les liens pour la téléphonie sont dédiés. C’est la condition d’un vrai confort avec du ‘full duplex’ (les deux correspondants peuvent parler en même temps et s’entendre) sans phénomène d’écho, sans sonorités métalliques.
Ceci justifie que soit attribuée à la téléphonie sur IP une bande passante suffisante et garantie. L’ADSL peut dépasser les 2 mégabits/s mais le débit n’est pas constant. Le SDSL garantit un débit constant, mais à un prix raisonnable il plafonne à 4 ou 8 Mbps. Comme il est recommandé de doubler le lien par sécurité, il est alors possible d’utiliser la capacité non utilisée pour la data, en mode débordement en cas de transfert de gros fichiers, par exemple.
L’alternative fibre optique
La téléphonie sur IP incite à ajouter de nouveaux services : audio/ vidéoconférence, lien avec des applications métiers (CRM, suite collaborative) ou des fonctionnalités de centre d’appels. Tout ceci conduit à utiliser des liaisons à hauts débits (jusqu’à 30 mégabits/s) et à très hauts débits (jusqu’à 1 gigabits/s), débits accessibles avec les offres fibre optique.
C’est la question qu’il faut aborder si l’on veut éviter que le téléchargement de gros fichiers ne vienne perturber une conférence téléphonique… Ainsi, dans certains métiers, une partie du système d’information tend à aller sur le Cloud, par exemple dans le cas des applications CRM ou des suites logicielles collaboratives ou spécialisées, comme Adobe (pour le montage vidéo ou traitement d’images).
Dans le cas d’organisations multi-sites, on aura également intérêt à mutualiser les liens (à haut débits) dans un réseau virtuel d’interconnexion (VPN, virtual private network), « ce qui permet également de mutualiser les outils de sécurité, en supprimant beaucoup d’équipements, dont les firewalls (pare-feu) », observe Emmanuel Micol, directeur marketing B2B de Bouygues Telecom.
FTTH, FTTE, FTTO.. le choix s’élargit
Pour les petites structures, les « box » pro utilisent les accès fibre depuis plusieurs années déjà. En parallèle, la couverture fibre mutualisée dite FTTH pour les particuliers (et FTTE en version entreprise, fibre non dédiée, offrant au moins 8 à 10 mégabits/s) et FTTO (fibre dédiée pour les entreprises) s’est élargie en France.
Les prix ont continué de baisser. Des offres de fibre non dédiée, pour les professionnels, sont à moins de 50€ par mois et moins de 200€ pour une fibre dédiée. En revanche, les zones rurales sont encore mal desservies. Là où un double accès SDSL peut rester en dessous de 100€ par mois, la fibre dédiée sera autour de 500 €, minimum.
Des services « pro » à prendre en compte
Il existe des cas où le raccordement au local n’est pas sur fibre mais sur câble cuivre ou coaxial (FTTB et FTTLA). La dégradation n’est pas toujours critique, mais cela doit être précisé par le fournisseur du lien.
Les offres de fibre dédiée (les plus prisées par les entreprises) sont généralement accompagnées de services et d’engagements (GTR, garantie de temps de rétablissement, ou GTI, garantie de temps d’intervention). La redondance des liens, déjà mentionnée, fait également partie des offres « pro » de qualité.
En cas d’incident, la bascule s’opère automatiquement (‘double WAN et ‘fail over’) sur le line secours. La qualité de service inclut la priorisation de la voix. Lorsque la fibre n’est pas dédiée, la priorité des débits est donnée au flux entrant/descendant.
Selon l’Arcep, à fin juin 2019, le nombre d’accès à très haut débit (supérieurs à 30 mégabits/s) a franchi la barre des 10 millions de lignes. Plus de la moitié (5, 6 millions) sont sur fibre optique de bout en bout. Et 3,79 millions de locaux supplémentaires ont été rendus raccordables à la fibre FTTH, ce qui porte à 15,59 millions le nombre de locaux éligibles à la fibre. Orange et SFR sont engagés à raccorder 92% des locaux à fin 2020.
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