En Europe, autorités et opérateurs s’organisent pour faire face à l’existence des zones blanches, ces zones souvent rurales où l’absence de réseau mobile persiste. Si la riposte a pris en France la forme d’un New Deal Mobile, une forme d’opération “fréquences contre couverture”, les opérateurs britanniques ont pour leur part fait le choix de la coopération afin de faire baisser le coût du déploiement de réseaux dans ces zones périphériques qui font aujourd’hui office de véritables déserts numériques.
Une solution qui semble également avoir eu les faveurs des trois principaux opérateurs allemands, Telekom Deutschland, Telefonica Deutschland et Vodafone Germany. Ces derniers ont annoncé ce lundi la mise en place d’un plan de coopération permettant l’expansion de leurs réseaux afin d’éliminer les lacunes dans la couverture des services mobiles à large bande.
Exploitation commune de 6 000 nouveaux sites cellulaires
Celui-ci passera par l’installation et l’exploitation commune de 6 000 nouveaux sites cellulaires dont l’objectif sera de doper les réseaux de télécommunication allemands en zone rurale et long des axes de transport. A noter que l’opérateur 1&1 Drillisch a également été invité à participer à cette opération, bien que sa présence n’ait toujours pas été confirmée et achopperait actuellement pour des raisons financières.
Le plan présenté par les trois opérateurs prévoit notamment que chacun d’entre eux mette en place un nombre égal de nouveaux sites qui pourront ensuite être utilisés par les autres opérateurs participant à l’opération. Cette “collaboration est une étape importante pour l’expansion du réseau en Allemagne”, s’est réjoui Dirk Wössner, le directeur général de Telekom Deutschland en marge de l’annonce de ce plan, qui devrait rapidement voir le jour.
“Un exemple exceptionnel de coopération intelligente”
“Notre objectif commun est d’éliminer le plus rapidement possible les lacunes dans la couverture du réseau mobile. Le partage de l’infrastructure n’est pas nouveau pour nous. Mais le partager à cette échelle est un grand pas dans la bonne direction.
Après tout, l’internet à haut débit et l’excellente qualité de la voix sur la route, le rail et l’eau sont vitaux pour un pays industriel comme l’Allemagne qui dépend des communications mobiles”, a fait savoir le dirigeant. Même son de cloche du côté de Markus Haas, le CEO de Telefónica Deutschland, pour qui “cette collaboration est un exemple exceptionnel de coopération intelligente pour passer à la prochaine étape logique”.
Rappelons que les opérateurs, qui ont dépensé pas moins de 6,5 milliards d’euros lors de l’appel d’offres pour l’octroi de fréquences 5G dans le pays, qui s’était tenu au printemps dernier, n’ont eu de cesse de pester contre les exigences des autorités en matière de couverture mobile sur le territoire.
“Les clauses de couverture imposées par l’Agence fédérale des réseaux lors de la vente aux enchères du spectre en 2019 exigent des investissements de plusieurs milliards d’euros. Les trois opérateurs de téléphonie mobile continuent d’estimer que les conditions qui leur sont imposées sont excessives”, ont-ils encore expliqué ce lundi, tout en critiquant la persistance “d’initiatives citoyennes et d’obstacles bureaucratiques ralentissent souvent l’expansion des réseaux là où, dans certains cas, elle est la plus nécessaire”.
Solution différente en France
Qu’à cela ne tienne, les opérateurs ont semble-t-il opté pour la solution britannique de coopération afin de faire baisser les coûts de déploiement de réseau dans les zones blanches. “Aujourd’hui, nous forgeons une alliance pour lutter contre les zones mortes et augmenter la couverture des communications mobiles, même dans les zones où elle n’est pas rentable”, a ainsi expliqué Hannes Ametsreiter, le patron de Vodafone Deutschland.
Et d’ajouter qu'”à l’avenir, des centaines de milliers de personnes en bénéficieront – des habitants des petites communautés rurales, des personnes sur les routes, des voyageurs en train. Ensemble, nous, les opérateurs, construirons et partagerons une infrastructure commune dans des zones mortes – et, bien sûr, nous continuerons d’être rivaux sur un marché des infrastructures concurrentiel dans le reste du pays. C’est bon pour le réseau, bon pour les clients et bon pour l’avenir numérique de l’Allemagne”.
En France, l’accord dit “New Deal Mobile” prévoit le déploiement par les opérateurs d’antennes 4G en zones rurales avant l’année 2020. Selon le site de l’Arcep consacré à cet accord, le régulateur indique que “s’agissant spécifiquement des sites du programme ‘zones blanches centres-bourgs’, ceux-ci devront être équipés en 4G à 75% d’ici fin 2020 et 100% d’ici fin 2022”.
France : “5000 nouveaux sites 4G”
Un objectif ambitieux, que l’Arcep évaluait dans ses communiqués au déploiement de “5000 nouveaux sites 4G” pour chaque opérateur, notamment via la transformation d’antennes 2G/3G en antennes 4G. En échange de ces engagements, le “New Deal Mobile” prévoit de son côté le renouvellement à titre gracieux de plusieurs fréquences accordées dix ans plus tôt par l’Arcep.
Reste que l’opération ne semble pas se dérouler comme espérée, malgré les efforts des opérateurs qui couvraient en 2018 de 80 à 90 % le territoire en 4G, selon des chiffres livrés par nPerf en avril dernier. En atteste la mise en demeure anticipée aux 4 opérateurs télécoms français, Orange, Free, Bouygues Telecom et SFR adressée par l’Arcep en juillet dernier et révélée alors par le quotidien “Les Echos”.
L’Autorité s’est en effet inquiété des retards pris dans le reploiement d’antennes 4G en zone rurale, un déploiement pourtant prévu dans le cadre d’un accord passé avec les opérateurs en début d’année 2018.
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