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Comment Engie se transforme en entreprise “data driven”

Comment Engie se transforme en entreprise

Comment devenir une entreprise zéro carbone ? Pour accélérer sa transition énergique et celle de ses clients, Engie mise fortement sur le numérique. Dès sa nomination au poste de directrice générale en 2016, Isabelle Kocher en a fait une priorité en créant l’entité Engie Digital. Le volet data arrivera une plus tard avec le programme Data@Engie lancé début 2018.

Pour Gérard Guinamand, Chief data officer groupe, la valorisation de la donnée répond à un très grand nombre de cas d’usage. “Avec la décentralisation de l’énergie, sa production, son stockage, sa consommation voire sa revente, en cas de surplus, sont de plus en plus localisés. Pour opérer des services au plus près du terrain, Engie doit disposer de ces données locales mais aussi des données extérieures comme les prévisions météorologiques afin de prévoir la consommation.”


Cette exploitation de la donnée concerne également les clients du groupe à travers sa nouvelle entité, Engie Impact, qui conseille ses grands clients sur leur stratégie zéro carbone. “Etablir un diagnostic suppose de connaître leurs données de consommation de leurs bâtiments tertiaires ou de leurs usines.” Engie Impact a notamment réalisé un audit complet pour GE Renewable Energy, filiale énergies renouvelables de General Electric.

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Environ 200 cas d’usage identifiés

Au total, quelque 200 cas d’usage ont été identifiés dont une centaine sont en phase d’étude avancée et une trentaine déjà industrialisés. Ils portent notamment sur le développement de nouvelles offres de service et l’amélioration de processus existants comme la maintenance prédictive ou l’expérience client. Un site interne, baptisé Agora, recense tous ces cas d’usage. Il rassemble aussi des articles sur l’intelligence artificielle, des témoignages internes.” Cette visibilité est importante pour un groupe réparti sur 70 pays”, estime Gérard Guinamand.

Pour effectuer ce travail de recensement, le CDO groupe a travaillé avec chaque patron de business unit (BU) afin de définir la place de la donnée dans sa stratégie métier à court, moyen et long terme et de quelles données dont il avait besoin pour la mettre en œuvre.

Sur le plan organisationnel, un chief data officer a été nommé dans chaque entité. A charge pour lui d’animer un Data Office qui a pour vocation à aider la BU à se transformer autour de la donnée. Une autre structure a été créée, le Data Garage. Elle rassemble des data scientists et des data ingénieurs qui développent des modèles à partir des cas d’usage identifiés.

A date, Engie emploie 138 data scientists répartis sur les différentes entités.” Nous sommes dans une dynamique de communautés, précise Gérard Guinamand. Une BU peut faire appel aux data scientists d’une autre BU ainsi qu’à des prestataires extérieurs.” Pour attirer ces profils rares, le groupe a noué des partenariats avec de grandes écoles. A l’Institut Mines Télécom, Engie anime une chaire sur l’IA. Ce qui lui permet d’accueillir des stagiaires, des thésards, des post-doc. A l’Essec, il s’agit d’une chaire sur la data science au service du business, drainant d’autres profils.

“Parmi nos collaborateurs, on trouve aussi des personnes férues d’algorithmie qui participent aux data challenges que nous organisons tous les trimestres, se réjouit le CDO. Pendant deux mois des équipes concourent sur la base d’un jeu de données et d’un cas d’usage. Ces défis qui donnent lieu à un classement permettent de débusquer des compétences potentielles en data science.”

Une plateforme de partage de la donnée basée sur AWS

Pour favoriser en interne le partage de la donnée “un bien commun”, Engie a conçu une plateforme technique, baptisée Common Data Hub et basée sur Amazon Web Services (AWS). Elle permet d’ingérer toutes sortes de sources de données internes comme externes et de les héberger. Quand une BU stocke des données dans son environnement, leur description est automatiquement visible par les autres entités.

“Common Data Hub ne se limite pas à être un catalogue de données, la solution permet de partager physiquement la donnée d’une BU à l’autre, poursuit Gérard Guinamand. La dernière couche, c’est l’analyse. On peut faire de la simple datavisualisation avec Power BI ou Tableau Software ou de l’analyse complexe en machine learning avec notamment SageMaker d’AWS. La palette d’outils va progressivement s’étendre.”

Le succès est au rendez-vous. Alors qu’Engie s’était fixé un objectif de 40 To de données déposés au 31 décembre, le cap des 45 To a déjà été atteint. Soit 450 data sets, dont 80 sont partagés par au moins deux BU. En tout, 37 entités sont connectées à Common Data Hub.

Le CDO groupe étant une fonction transverse par excellence, Gérard Guinamand s’appuie sur trois communautés : les dirigeants pour le volet stratégique, les CDO des différentes unités pour la data science et les DSI pour l’adoption au Common Data Hub. L’IT entre aussi dans la boucle pour rendre le système d’information plus agile, par “APIsation”, et permettre l’accès à certaines sources de données extérieures, comme la météo.

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